Vente de Rafale à la Serbie : Un nouveau chapitre pour Dassault Aviation et la défense européenne
La vente récente de 12 Rafale à la Serbie, officialisée lors de la visite d'Emmanuel Macron à Belgrade, marque une étape significative pour Dassault Aviation et soulève des questions importantes sur les implications géopolitiques de cette transaction. Ce contrat, d'une valeur estimée à 2,7 milliards d'euros, est le dernier succès en date pour l'avionneur français, qui voit son carnet de commandes continuer de croître. Mais au-delà des chiffres, cet accord illustre des dynamiques stratégiques complexes en Europe, en particulier dans les Balkans, une région où les influences russes et occidentales se chevauchent.
Un contrat stratégique pour la Serbie et la France
L'acquisition des avions de chasse par la Serbie s'inscrit dans un contexte de modernisation de ses forces armées, une nécessité face à une flotte aérienne vieillissante composée de MiG-29 d'origine soviétique.
La Serbie, tout en étant candidate à l'Union européenne, reste un allié historique de la Russie, ce qui rend ce contrat particulièrement symbolique. Selon le président serbe Aleksandar Vučić, "pour la première fois, nous allons avoir des avions fabriqués par l'Occident et je pense que c'est une bonne voie à suivre", un commentaire rapporté par Le Monde. Cette acquisition marque ainsi un tournant stratégique pour Belgrade, qui cherche à équilibrer ses relations entre l'Est et l'Ouest.
Pour la France, ce contrat est également significatif. Emmanuel Macron a salué un "changement stratégique" et une "vraie démonstration d'esprit européen" de la part de la Serbie, selon Le Figaro.
Le président français a également souligné l'importance de ce partenariat pour renforcer la présence européenne dans les Balkans, une région où les tensions historiques sont encore palpables. Cette transaction s'inscrit dans une stratégie plus large de Paris pour ancrer la Serbie dans le camp occidental, tout en renforçant la position de la France en tant que fournisseur clé de défense en Europe.
Les défis industriels de Dassault Aviation
Si la signature de ce contrat représente une nouvelle victoire commerciale pour Dassault Aviation, elle met également en lumière les défis industriels que l'entreprise doit relever. Avec ce nouveau contrat, le carnet de commandes du Rafale atteint désormais plus de 200 appareils, représentant une décennie de production à pleine capacité. Cependant, les difficultés rencontrées par les sous-traitants de l'aéronautique, qui affectent également Airbus, compliquent la situation.
En 2023, Dassault Aviation n'a livré que 13 Rafale, en dessous de l'objectif initial de 15. Cette situation a conduit l'entreprise à prioriser la production du Rafale au détriment des jets d'affaires Falcon, dans le but de maintenir un rythme de production conforme aux attentes, avec un objectif de 20 livraisons d'avions de combat en 2024.
Malgré les embauches massives, avec plus de 2.500 nouveaux CDI depuis 2020, et l'augmentation des heures supplémentaires, les perspectives de production restent sous pression. Le rythme prévu de trois Rafale par mois d'ici la fin de l'année 2024 est essentiel pour répondre à la demande croissante, mais les obstacles industriels ne sont pas à négliger.
Implications géopolitiques et stratégiques en Europe
Ce contrat pourrait contribuer à rééquilibrer les influences dans les Balkans, une région historiquement marquée par des tensions entre la Russie et l'Occident. En optant pour les Rafale, la Serbie envoie un signal fort de son désir de rapprochement avec l'Europe, même si ses liens avec Moscou restent solides.
Ce choix a également suscité des réactions au sein de la communauté internationale. Certains analystes soulignent que cette transaction pourrait renforcer les tensions dans la région, notamment avec la Croatie, principal rival régional de la Serbie, qui s'est également dotée de Rafale.