Aux Etats-Unis, des ménages qui souffrent et des bourses qui montent… jusqu'à quand ?
Les cassandres ont beau s'égosiller, rien n'y fait : les marchés US ne s'effondrent toujours pas, alors même que la locomotive Nvidia ralentit enfin. Pourtant, si l'on se penche sur la situation des ménages américains, les nuages s'amoncèlent discrètement. Le signe d'une tempête imminente ?
En tout cas le ciel s'assombrit du côté des cartes de crédit, dont les Américains raffolent. Le taux de défaut est à son plus haut depuis 10 ans, en route pour les sommets atteints dans la foulée de la crise des subprimes. Et la dette totale accumulée dépasse désormais les 1 300 milliards de dollars, un record absolu.
Difficile de bien se loger quand on peine à payer ses courses. Le rapport entre les prix immobiliers et le revenu moyen des foyers US bat lui aussi un record : jamais la pierre n'a été aussi inaccessible pour l'Américain moyen. Ce qui se ressent dans les intentions d'achat, au plus bas historique, et donc dans les demandes de prêt, tombées de 8% sur un an pour atterrir à un niveau pas vu depuis 1995.
Finances, logement, reste l'emploi pour éclaircir l'horizon. Las, le taux de chômage a atteint son plus haut depuis trois ans en juillet (à 4,3%, passé à 4,2% en août) et les créations d'emploi déçoivent (12% de moins qu'attendu en août). Pas étonnant quand on sait que les faillites d'entreprise sont à leur plus haut depuis 2012…
De quoi revigorer nos cassandres, qui s'amusent à comparer la dynamique actuelle du chômage avec celles qui ont prévalu avant les précédentes récessions. Difficile de leur en vouloir : les 10 dernières fois que le chômage US a atteint 4,3%, une hécatombe a suivi. Le résultat de l'exercice pique un peu :

Problème, les Américains peuvent d'autant moins se permettre un récession qui impacterait la bourse qu'ils n'ont jamais été aussi présents sur les marchés. Alors même que leur taux d'épargne est tombé à un famélique 2,9%, ce qu'ils sont arrivés à placer est à 42% investi en actions, du jamais-vu.
Or, sur les marchés aussi les ressemblances avec d'autres périodes d'avant-crise s'accumulent. Comme une image vaut 1 000 mots, voici… deux images qui comparent 2008 et 2024 :
D'autres indicateurs ont de quoi rendre pessimiste : la décorrélation entre les bénéfices réels et attendus des entreprise du S&P 500, l'effondrement du rendement entre les obligations du Trésor américain à 10 ans et à 3 mois, la bulle de l'IA générative bien sûr, avec un ROI qui se fait toujours attendre, la concentration extrême de la bourse américaine (10 actions pèsent près de 40% de l'indice)…
La liste est loin d'être exhaustive, mais l'auteur de cet article ne voudrait ni assommer le lecteur de chiffres, ni faire partie lui-même des cassandres. Il se contentera de signaler que Warren Buffett, champion toutes catégories de l'investissement, n'en finit plus de vendre ses actions pour accumuler du cash. Après s'être débarrassé de titres Apple et Bank of America, l'homme d'affaires se retrouve avec près de 300 milliards de liquidités. Objectif : faire ses emplettes une fois que les cours se seront effondrés…