Le Medef met en garde contre des milliers de suppressions de postes

Le Medef met en garde contre des milliers de suppressions de postes Alors que les discussions autour des allègements de charges s'intensifient, les entreprises tirent la sonnette d'alarme, anticipant des conséquences économiques lourdes, notamment en termes de perte d'emplois.

Le projet de loi de finances 2025, qui prévoit une réduction des allègements de charges patronales, suscite une forte opposition du Medef. Patrick Martin, président du syndicat des employeurs, alerte sur les conséquences désastreuses que cette mesure pourrait avoir sur l'emploi, en particulier dans des secteurs clés. Alors que le gouvernement met en avant des objectifs budgétaires, le Medef met en garde contre des suppressions massives de postes et une baisse de la compétitivité des entreprises françaises.

La compétitivité en danger

Le président du Medef a vivement réagi à l'annonce de la baisse des allègements de charges patronales sur les salaires proches du SMIC. Selon lui, cette mesure "va affecter notre compétitivité, et considérablement amputer les capacités des entreprises à revaloriser les salaires nets", a-t-il affirmé dans une interview accordée à Les Echos.

Patrick Martin alerte également sur le risque de suppression de "plusieurs centaines de milliers de postes" dans des secteurs clés comme la restauration collective, la propreté, ou encore l'aide à domicile.

La réforme intervient alors que les économistes Antoine Bozio et Étienne Wasmer ont remis un rapport au gouvernement suggérant des économies de 4 milliards d'euros grâce à la modification des allègements de charges.

Toutefois, pour Patrick Martin, "ces travaux ont été dénaturés" en les associant à la réduction des déficits publics, une orientation qui, selon lui, va à l'encontre de la priorité de préserver la compétitivité des entreprises.

Des secteurs clés menacés

La réduction des allègements pourrait toucher de plein fouet des secteurs pourvoyeurs d'emplois, en particulier ceux à forte intensité de main-d'œuvre. Les entreprises concernées, souvent des PME et des ETI, risquent de ne plus pouvoir maintenir leurs effectifs actuels. 

Le dirigeant d'entreprise français précise que les entreprises ne pourront pas augmenter les salaires nets tout en absorbant une hausse des charges patronales. Cette situation pourrait conduire à la suppression de milliers de postes, ou au recours accru à des formes de travail précaire.

"In fine, cela détruira plusieurs centaines de milliers de postes, dans des secteurs très pourvoyeurs d'emploi sur les territoires", a-t-il averti. Les répercussions de cette réforme seraient particulièrement sévères pour les entreprises dont les marges sont déjà faibles, et qui peinent à répercuter l'augmentation des coûts salariaux sur leurs prix.

Un contexte économique déjà fragile

Cette réforme s'inscrit dans un contexte économique tendu. La consommation des ménages ne redémarre pas, et l'investissement des entreprises continue de se détériorer.

Patrick Martin souligne que de nombreux secteurs, comme l'industrie et la construction, sont déjà confrontés à des suppressions d'emplois régulières. Le groupe Michelin a, par exemple, annoncé un recours au chômage partiel dans certaines de ses usines.

Les agences de notation internationales se prononceront prochainement sur la dette française. Une dégradation pourrait entraîner une hausse des taux d'emprunt, rendant encore plus coûteux les investissements pour les entreprises et aggravant les effets négatifs de la réforme sur l'emploi.

Des solutions alternatives ignorées

Malgré son opposition, le Medef a proposé des contrepropositions visant à limiter les effets de la réforme, notamment un recentrage des allègements de charges sur les secteurs créateurs de valeur ajoutée.

Patrick Martin a également suggéré une réduction des effectifs de la fonction publique et des économies plus ciblées dans les dépenses publiques. Toutefois, ces propositions n'ont pas été suffisamment prises en compte par le gouvernement.

"Les entreprises sont à ce stade les premières visées", a déploré le patron du Medef, qui regrette que les conditions nécessaires pour que les entreprises participent à l'effort budgétaire n'aient pas été remplies.