Budget 2025 : Les grandes entreprises en première ligne face à une nouvelle contribution
Alors que des mesures temporaires de surtaxation entrent en vigueur, d'autres dispositifs comme les aides à l'apprentissage ou la baisse de la CVAE sont revus à la baisse pour l'année prochaine.
Le gouvernement français, à travers son projet de loi de finances pour 2025, a mis en place une série de mesures qui touchent directement les entreprises, avec une contribution particulièrement forte demandée aux plus grandes. Cette contribution vise à rétablir les comptes publics dans un contexte économique tendu. Parmi les 20 milliards d'euros de recettes fiscales prévues, 13,6 milliards proviendront des entreprises, dont 8 milliards issus d'une surtaxe imposée aux grands groupes.
Contribution exceptionnelle et impact sur les grandes entreprises
L'une des mesures les plus emblématiques de ce budget est la contribution exceptionnelle sur les bénéfices des grandes entreprises. Les groupes dont le chiffre d'affaires dépasse 1 milliard d'euros seront soumis à une surtaxe, qui se traduira par une augmentation de leur impôt sur les sociétés.
Deux niveaux d'imposition ont été définis. Pour les entreprises ayant un chiffre d'affaires compris entre 1 et 3 milliards d'euros, la surtaxe sera de 20,6% sur leur impôt sur les sociétés. Pour celles dépassant 3 milliards d'euros, ce taux sera de 41,2%. Le gouvernement espère ainsi récolter 8 milliards d'euros en 2025 et 4 milliards supplémentaires en 2026.
Antoine Armand, ministre de l'Économie et des Finances, a justifié cet effort en déclarant : "C'est un effort important que nous demandons, nous en avons conscience, mais c'est un effort nécessaire et temporaire". Cette déclaration, citée par Libération, a été faite lors de la présentation du budget ce jeudi à Bercy, rappelant également que les entreprises avaient été soutenues par l'État durant les crises passées.
Cependant, cette contribution exceptionnelle ne concerne pas uniquement les grands groupes, mais s'étend également à d'autres secteurs spécifiques. Par exemple, une taxe exceptionnelle sera appliquée aux entreprises du transport maritime, dont le chiffre d'affaires dépasse également 1 milliard d'euros, avec un rendement fiscal de 500 millions d'euros prévu en 2025. Cette taxe s'appliquera à un taux de 9% sur les résultats d'exploitation liés au fret maritime, avant d'être réduite à 5,5% en 2026.
Suspension de la baisse de la CVAE et réformes des charges sociales
Dans un autre volet fiscal, le gouvernement a annoncé la suspension de la baisse de la Cotisation sur la Valeur Ajoutée des Entreprises (CVAE), initialement prévue pour 2025. Cette taxe, qui pénalise principalement les entreprises industrielles, ne sera pas réduite comme prévu, permettant à l'État de récupérer 1,1 milliard d'euros supplémentaires.
Selon Antoine Armand, relayée par Les Echos, cette suspension est une mesure temporaire : "Nous n'avons pas changé d'avis sur cet impôt qui pénalise notre industrie, mais la baisse reprendra dans trois ans".
En parallèle, le budget 2025 intègre une réforme des allègements de charges sociales sur les bas salaires, un dispositif souvent critiqué pour son inefficacité à faire augmenter les salaires au-dessus du SMIC.
Michel Barnier, Premier ministre, a souligné lors de son discours de politique général rapporté par Le Figaro, que ce système freine les augmentations salariales : "Notre dispositif d'allègements de charges freine la hausse des salaires au-dessus du Smic".
Le gouvernement a donc prévu de refondre ce système, afin de permettre une augmentation des salaires tout en réduisant les niches sociales à hauteur de 4 milliards d'euros en 2025.
Rachats d'actions et aides à l'apprentissage
Une autre mesure symbolique, mais à l'impact financier moindre, concerne la taxation des rachats d'actions par les grandes entreprises. Cette pratique, qui permet aux entreprises de distribuer leur excès de trésorerie à leurs actionnaires, sera désormais soumise à une taxe de 8% pour les groupes réalisant un chiffre d'affaires supérieur à 1 milliard d'euros.
Cette taxe devrait rapporter environ 200 millions d'euros par an. Lors de la présentation du projet, Laurent Saint-Martin, ministre du Budget, a précisé que cette mesure s'inscrit dans une logique de redistribution plus équitable des excédents financiers.
Enfin, le gouvernement a également annoncé des coupes budgétaires dans le domaine de l'apprentissage. Les aides à l'embauche d'apprentis seront réduites, une mesure qui devrait générer des économies de 1,2 milliard d'euros en 2025.
Laurent Saint-Martin a expliqué de son côté que, malgré le succès du dispositif d'apprentissage, une réduction des primes est désormais possible sans nuire à la dynamique actuelle.