Doliprane sous pavillon américain : Sanofi conclut un accord avec CD&R et l'État

Doliprane sous pavillon américain : Sanofi conclut un accord avec CD&R et l'État Avec cette transaction, l'État obtient un siège au conseil d'administration d'Opella et impose des conditions strictes pour préserver la souveraineté industrielle et la production de médicaments essentiels en France.

Sanofi a confirmé la cession de 50% du contrôle d'Opella, sa filiale dédiée aux médicaments grand public, au fonds américain Clayton, Dubilier & Rice (CD&R). Cette transaction, d'une valeur d'environ 16 milliards d'euros, s'inscrit dans une stratégie de recentrage de Sanofi sur les maladies graves. Le Doliprane, l'un des médicaments les plus vendus en France, passera ainsi sous pavillon américain. Cet accord, toutefois, est assorti de nombreuses garanties pour préserver l'emploi et l'industrie pharmaceutique en France, un enjeu crucial pour le gouvernement français.

Une opération stratégique pour Sanofi et des garanties de souveraineté pour l'État

Le conseil d'administration de Sanofi a validé un "accord tripartite" entre l'État, CD&R, et Sanofi, garantissant la continuité de la production et des emplois en France, particulièrement autour de la marque Doliprane, comme l'indique Le Monde.

Le ministre de l'Économie, Antoine Armand, a déclaré que cet accord représente "le plus haut niveau de garanties possible" pour maintenir la souveraineté sanitaire du pays, notamment avec la production des principes actifs en France. "Nous avons obtenu les garanties du maintien et du développement d'Opella en France. Nos exigences sur l'emploi, la production et l'investissement seront respectées", a affirmé Antoine Armand sur X.

Bpifrance, la banque publique d'investissement, jouera un rôle clé dans cette opération en entrant au capital d'Opella à hauteur d'environ 2%. Cette participation vise à garantir que les décisions stratégiques prises par le nouveau propriétaire seront conformes aux engagements pris vis-à-vis de l'État français.

La présence d'un représentant de l'État au conseil d'administration d'Opella est considérée comme un "point de contrôle supplémentaire" pour s'assurer du respect des promesses, accompagnées de sanctions financières en cas de manquement.

Les enjeux pour l'emploi et la production en France

Sanofi a rassuré sur le fait que cette cession n'aura pas d'impact sur les 1 700 emplois d'Opella en France. Cependant, les syndicats se montrent prudents. Selon Les Echos, les syndicats craignent des suppressions d'emplois à long terme, notamment dans les usines de Compiègne et Lisieux, qui produisent le Doliprane. Ces sites emploient respectivement 480 et 250 salariés. "Ce projet n'aura pas d'impact sur l'emploi en France", a toutefois réitéré Sanofi dans un communiqué.

L'usine Seqens, située à Péage-de-Roussillon (Isère), continuera à produire le principe actif du Doliprane, essentiel pour le marché français. Cet approvisionnement est l'une des exigences de l'accord, garantissant ainsi la continuité de la production sur le territoire national. Cet accord inclut également des garanties sur l'approvisionnement de quatre molécules essentielles, dont le paracétamol, produit en France.

Une ambition de croissance pour Opella

Du côté de CD&R, le fonds d'investissement voit cette acquisition comme une opportunité de croissance pour Opella. Le groupe ambitionne de développer cette filiale en injectant des capitaux, que ce soit par des investissements internes ou via des acquisitions.

Opella, qui détient plus de 115 marques de médicaments grand public dans 100 pays, est une pièce maîtresse dans la stratégie de CD&R pour renforcer sa présence dans le secteur de la santé. L'objectif est de faire d'Opella un champion mondial de la santé grand public, en s'appuyant sur des marques fortes comme le Doliprane.

L'accord a également déclenché la "procédure IEF" (Investissements étrangers en France), permettant à l'État de suivre de près cette opération. Cela permet au gouvernement de s'assurer que cette vente n'affectera pas l'indépendance pharmaceutique du pays. Le directeur général de Sanofi, Paul Hudson, a confirmé l'importance de cette cession pour permettre à Sanofi de se concentrer sur des solutions innovantes destinées aux patients souffrant de maladies graves comme la sclérose en plaques ou la bronchiolite.