Budget 2025 : quelles entreprises l'Etat pourrait-il vendre pour alléger la dette ?
Alors que l'Assemblée examine le projet de loi de finances, la question de la rentabilité des actifs détenus par l'Etat se pose.
Dans le cadre du projet de Budget 2025, des élus macronistes proposent de céder certaines participations de l'État dans des entreprises cotées. Une telle décision pourrait permettre de récupérer plusieurs milliards d'euros et ainsi alléger la dette publique. L'État détient un portefeuille important, valorisé à 180 milliards d'euros, qui inclut des entreprises stratégiques. Mais cette proposition, bien que séduisante pour certains, divise l'exécutif.
Le portefeuille de l'État : des participations stratégiques et cotées
L'État français, à travers l'Agence des participations de l'État (APE), détient des parts dans 85 entreprises, dont dix cotées en Bourse, représentant 50 milliards d'euros à la fin juin 2024. Parmi ces entreprises, figurent des géants comme Airbus, Safran, Orange, ou encore la Française des Jeux (FDJ). Ces participations sont jugées stratégiques dans des secteurs clés comme l'énergie, la défense ou les télécommunications.
Le ministre de l'Économie, Antoine Armand, a rappelé que "ce portefeuille évolue en permanence, nous réévaluons en permanence nos choix stratégiques", cité par BFM Bourse. En effet, ce portefeuille avait été valorisé à 179,5 milliards d'euros en juin 2024, en hausse par rapport aux 153 milliards d'euros de l'année précédente. Les actifs majeurs comprennent Airbus (11 milliards d'euros), Safran (9,6 milliards), Thales (8,2 milliards) et Engie (7,67 milliards). Cependant, certaines participations ont souffert de la chute des cours boursiers, affectant le portefeuille de l'État actionnaire.
Dividendes et recettes en jeu
L'une des conséquences d'une cession des participations de l'État serait la perte des flux de dividendes, qui apportent des revenus non négligeables chaque année. En 2023, l'État a perçu 2,3 milliards d'euros en dividendes, dont 1,6 milliard provenant des seules entreprises cotées. L'exemple d'Engie est souvent cité : l'État a touché 820 millions d'euros en dividendes grâce à cette participation.
Cependant, certains députés estiment que ces dividendes ne sont pas suffisamment importants par rapport aux besoins actuels du budget. Gérald Darmanin, ancien ministre de l'Intérieur, a déclaré que "vendre seulement 10% de ces participations rapporterait autant, voire plus, que la hausse contre-productive de l'impôt sur les sociétés ou l'augmentation des charges du travail prévues par le gouvernement" dans une tribune co-signée dans La Tribune Dimanche avec Olivia Grégoire et Mathieu Lefèvre, et relayée par Le Figaro. Ils suggèrent de vendre des participations dans des entreprises comme Orange, Renault ou encore la FDJ.
Des cessions pour combler la dette publique
La cession de 10% des participations cotées de l'État, évoquée par les députés macronistes, pourrait générer plusieurs milliards d'euros pour les caisses publiques. Selon eux, cette mesure permettrait de rapporter environ 8 milliards d'euros. Ces fonds pourraient être utilisés pour réduire la dette publique sans avoir recours à une augmentation d'impôts.
Toutefois, cette proposition divise. Laurent Saint-Martin, ministre du Budget et des Comptes publics, a exprimé des réserves comme le rappellent Les Echos, affirmant sur France Inter, qu'"il faut toujours soupeser entre la cession de parts qui permet le remboursement de la dette et le manque à gagner par les dividendes que cela crée si vous cédez vos parts".
L'État a déjà procédé à des cessions similaires par le passé, comme dans le cas de Safran ou d'Engie, mais ces décisions doivent être prises avec prudence, en tenant compte des enjeux de souveraineté et de la stabilité financière des entreprises concernées.