Budget 2025 : le gouvernement mise sur la légalisation des casinos en ligne

Budget 2025 : le gouvernement mise sur la légalisation des casinos en ligne Face à l'émergence massive des plateformes illégales, le gouvernement entend instaurer un cadre fiscal strict pour protéger les joueurs et récupérer des milliards en fuite.

Le projet de budget 2025 inclut une proposition de légalisation des casinos en ligne. Cette mesure vise à réguler un marché florissant et à récupérer des recettes fiscales importantes. Toutefois, elle suscite des inquiétudes, tant du côté des casinos terrestres que des experts en addiction.

Un objectif fiscal majeur

Dans le cadre du projet de loi de finances pour 2025, un amendement propose la légalisation des casinos en ligne, un secteur jusqu'ici illégal en France. L'enjeu pour le gouvernement est clair : générer de nouvelles recettes fiscales.

Les jeux en ligne seraient taxés à 55,6% de leur produit brut, soit le même taux que les jeux de loterie en ligne. Selon les estimations, ce marché pourrait rapporter jusqu'à 1 milliard d'euros par an. Une partie de ces revenus serait allouée à la Sécurité sociale, et l'autre à l'État pour combler le déficit public.

Aujourd'hui, seuls les paris sportifs, hippiques et le poker en ligne sont autorisés en France. Le marché des casinos en ligne, réputé plus risqué, a longtemps été interdit. Pourtant, selon une étude de l'Autorité nationale des jeux (ANJ), le marché illégal des casinos en ligne génère entre 748 millions et 1,5 milliard d'euros de chiffre d'affaires annuel, échappant ainsi à la fiscalité française.

Des opportunités pour les opérateurs en ligne

La légalisation des casinos en ligne est accueillie favorablement par les opérateurs du secteur. Nicolas Béraud, président de l'Association française des jeux en ligne (AFJEL), a déclaré sur France Info que ramener ce marché vers le légal "va dans le sens de l'intérêt général". Selon lui, "tout le monde est gagnant, l'État, les joueurs et la filière des jeux d'argent en ligne qui a du mal à se développer".

En effet, des entreprises comme Betclic, dont il est également le directeur général, et la Française des Jeux (FDJ), qui a récemment acquis Kindred, sont prêtes à investir dans ce marché légal.

Les craintes des casinotiers terrestres

Cependant, cette réforme est loin de faire l'unanimité. Les casinotiers terrestres craignent une concurrence déloyale. Selon Grégory Rabuel, président de Casinos de France et directeur général du groupe Barrière, l'ouverture des casinos en ligne pourrait entraîner une baisse de 20% à 30% du chiffre d'affaires des casinos physiques et provoquer la fermeture de 30% des établissements. "On estime que 15 000 emplois seront supprimés. Plus globalement, cela revient à signer l'arrêt de mort des casinos terrestres", a-t-il alerté, cité par Le Figaro.

Philippe Bon, délégué général de Casinos de France, a également critiqué le manque de concertation avec le gouvernement, déclarant que cette réforme est "une fausse bonne idée qui menace les casinos terrestres".

Les petits casinos, souvent situés en zones rurales, seraient les plus touchés par cette mesure. Ils dépendent largement de la clientèle locale, qui pourrait être tentée de se tourner vers des alternatives en ligne plus accessibles.

Des risques accrus pour les joueurs

Outre les préoccupations économiques, les experts en addiction soulignent les risques de la légalisation des casinos en ligne. La Fédération Addiction, qui regroupe les acteurs de la prévention et du traitement des addictions, a qualifié cette décision de "contraire aux priorités de santé publique" dans Sud Ouest. Selon Catherine Delorme, présidente de la fédération, "les casinos en ligne cumulent tous les facteurs de risque d'addiction", tels que la rapidité des mises et l'absence de contrôle direct.

En 2019, 1,4 million de Français étaient déjà à risque de jeu excessif, et 400 000 souffraient de troubles pathologiques. Isabelle Falque-Pierrotin, présidente de l'ANJ, a exprimé ses préoccupations quant à l'augmentation potentielle du nombre de joueurs excessifs avec l'extension de l'offre légale. Selon elle, cette mesure pourrait aggraver les comportements de jeu compulsif, notamment chez les jeunes.

Malgré ces mises en garde, le gouvernement insiste sur la nécessité de réguler un marché qui existe déjà de manière illégale et de protéger les joueurs en leur offrant un cadre légal plus sécurisé.