Emploi des seniors : un accord prometteur mais encore timide

Emploi des seniors : un accord prometteur mais encore timide Après de longues négociations, des avancées concrètes pour l'emploi des plus de 60 ans émergent, malgré des concessions notables.

Après des mois de négociations entre syndicats et patronat, un nouvel accord vient redéfinir les enjeux liés à l'emploi des seniors. Ce texte, attendu dans un contexte de profondes mutations sociales et économiques, tente de répondre aux défis du vieillissement de la population active.

Retraite progressive et contrat senior

L'accord signé ce jeudi prévoit un élargissement de la retraite progressive, désormais accessible dès 60 ans. Ce dispositif permet aux salariés de réduire leur temps de travail tout en touchant une partie de leur pension. Toutefois, il reste soumis à l'approbation de l'employeur.

"Les salariés auront donc le droit de se voir refuser une retraite progressive à 60 ans plutôt qu'à 62 ans", a réagi Sandrine Mourey, de la CGT, citée par Libération. En réponse à cette limite, le texte précise que les refus devront être justifiés "par l'incompatibilité de la durée de travail demandée avec l'activité économique de l'entreprise".

Le contrat de valorisation de l'expérience, anciennement appelé "CDI senior", est également introduit à titre expérimental pour cinq ans. Ce dispositif vise les chômeurs de plus de 60 ans (ou dès 57 ans selon un accord de branche) en permettant aux employeurs de rompre le contrat à l'atteinte de l'âge légal de la retraite avec un taux plein. Une mesure critiquée pour son manque de protection envers les salariés.

"Nous avons réussi à aboutir", s'est félicité Hubert Mongon, représentant du Medef, cité par Le Monde. Néanmoins, les exonérations de cotisations chômage réclamées par la CPME sont repoussées à 2027, limitant ainsi l'attractivité du dispositif.

Les rendez-vous de carrière et obligations pour les entreprises

L'accord met l'accent sur l'anticipation des fins de carrière avec plusieurs rendez-vous obligatoires. En plus de l'entretien professionnel déjà prévu à 45 ans, un entretien spécifique devra avoir lieu deux ans avant les 60 ans du salarié pour discuter de ses conditions de travail, d'éventuels aménagements ou d'une reconversion. Ces échanges sont destinés à prévenir l'usure professionnelle et à encourager le maintien dans l'emploi.

Par ailleurs, les entreprises de plus de 300 salariés devront engager une négociation obligatoire tous les trois ans sur l'emploi des seniors. Ces discussions incluront des sujets comme l'adaptation des postes ou la mobilité interne.

"L'objectif est bien de reprendre la main sur les règles de l'assurance-chômage", a déclaré Olivier Guivarch, secrétaire national de la CFDT. Cependant, certains syndicats, comme la CGT, jugent ces obligations insuffisantes pour répondre au défi de l'emploi des seniors.

Des points de tension et un dialogue social relancé

Si le texte contient des avancées, plusieurs mesures sont jugées trop limitées. Par exemple, la suppression de la contribution patronale exceptionnelle sur les salaires n'entrera en vigueur qu'à partir du 1er mai 2025, une date jugée trop lointaine par les employeurs.

Du côté des syndicats, certains expriment des critiques. La CGT a annoncé qu'elle ne signerait pas l'accord sur l'assurance-chômage, dénonçant une baisse des droits pour les demandeurs d'emploi. FO, quant à elle, réserve sa décision, conditionnant son approbation à une évaluation globale des équilibres trouvés dans les négociations.