Le Coq Sportif dans la tempête : entre pertes financières et espoir de redressement
Entre dettes croissantes et litiges juridiques, l'entreprise tente de préserver son usine historique et son rôle dans l'industrie sportive française.
Connu pour ses racines françaises et son rôle d'équipementier sportif depuis 1882, Le Coq Sportif fait face à une crise économique majeure. Placée en redressement judiciaire en novembre 2024 par le tribunal de commerce de Paris, l'entreprise cherche à se restructurer pour sauver ses emplois et son activité. Avec des pertes financières importantes et des litiges en cours, cette période d'observation de six mois sera cruciale pour l'avenir de cette icône de l'industrie textile française.
Une situation financière préoccupante
Malgré son rôle symbolique lors des Jeux olympiques de Paris 2024, où elle a équipé la délégation française, la marque n'a pas réussi à redresser la barre. Ses résultats financiers du premier semestre 2024 affichent une perte de 18,2 millions d'euros, contre 10,5 millions pour la même période en 2023. En 2023, l'entreprise avait clôturé l'année avec une perte totale de 28,2 millions d'euros, aggravant une situation déjà difficile.
"Malgré les Jeux olympiques, Le Coq Sportif n'a pas pu bénéficier d'un surcroît de demande qui aurait pu résoudre les difficultés", a déclaré Antoine Armand, ministre de l'Économie, cité dans Le Figaro.
La maison mère de la marque, Airesis, qui détient 75% des parts, a sollicité l'ouverture de cette procédure pour permettre à l'entreprise de poursuivre son activité. "Cette période de redressement est aussi une opportunité pour l'entreprise de pouvoir engager et finaliser les discussions avec de nouveaux investisseurs et partenaires stratégiques afin de pérenniser son activité et de renforcer son modèle économique", a indiqué Airesis dans un communiqué repris par Le Monde.
Un soutien public face aux pertes
L'État a déjà injecté des fonds pour soutenir Le Coq Sportif, notamment via un prêt garanti de 10 millions d'euros en 2023, suivi de 12,5 millions d'euros supplémentaires via le Fonds de développement économique et social. À cela s'ajoute une aide de 2,9 millions d'euros accordée par le Comité d'organisation des Jeux Olympiques de Paris 2024 en mai 2024, dont 150 000 euros restent à rembourser. Malgré ces soutiens, la situation financière reste critique.
En parallèle, l'entreprise est en conflit avec la Fédération française de rugby (FFR), qui réclame 5,3 millions d'euros d'impayés pour un partenariat passé. Ce litige complique davantage les efforts de restructuration.
Une marque et une région menacées
Le redressement judiciaire met directement en péril 410 emplois, dont 350 en France, principalement à Romilly-sur-Seine, dans l'Aube, où se situe l'usine historique de la marque. Pour cette région déjà frappée par la désindustrialisation, la disparition de l'entreprise aurait des conséquences dramatiques.
"La disparition du Coq Sportif entraînerait des pertes d'emplois massives, et affaiblirait gravement l'écosystème économique local", a averti Angélique Ranc, députée de l'Aube.
Les services de l'État se disent mobilisés pour éviter ce scénario. Les services de l'État partagent la "détresse" et "l'inquiétude" des 410 salariés et ont avancé "un certain nombre de solutions aux entités dans le cadre de la procédure collective", a précisé Antoine Armand, lors d'une intervention à l'Assemblée nationale.
Une stratégie de survie à définir
L'objectif affiché par Airesis est de trouver de nouveaux partenaires stratégiques tout en préservant l'identité française de la marque. Le Coq Sportif, malgré ses difficultés, conserve un fort potentiel symbolique, notamment grâce à son rôle dans des événements majeurs comme les Jeux olympiques.
Cependant, pour survivre, la marque devra non seulement réduire ses dettes, mais aussi se repositionner face à des concurrents mondiaux tels que Nike et Adidas. L'avenir du Coq Sportif reste suspendu à cette période de redressement judiciaire et aux négociations avec des investisseurs.