Worldline entre turbulences boursières et incertitudes stratégiques

Worldline entre turbulences boursières et incertitudes stratégiques Fragilisé par une gouvernance provisoire et des défaillances techniques, Worldline doit également composer avec des rumeurs de cession et des tensions sur son capital.

Depuis le départ de son directeur général en septembre dernier, Worldline, acteur majeur des paiements, fait face à des défis multiples. Gouvernance provisoire, incidents techniques répétés et spéculations sur son avenir économique mettent le groupe sous les projecteurs, suscitant l'attention des investisseurs et des autorités.

Une gouvernance en transition prolongée

Depuis l'annonce du départ de Gilles Grapinet le 13 septembre dernier, Worldline cherche toujours un nouveau directeur général. Effectif depuis le 30 septembre, ce départ a laissé la place à Marc-Henri Desportes, nommé PDG par intérim. Malgré sa volonté affichée de stabiliser le groupe, les actionnaires privilégient un profil externe pour redonner un nouvel élan à l'entreprise.

Des noms comme Pierre-Antoine Vacheron, à la tête des paiements chez BPCE, ou encore Gérald Karsenti, ancien dirigeant de SAP France et HP France, sont évoqués, mais aucune décision n'a encore été officialisée. Le groupe prévoit une annonce lors de ses résultats annuels le 26 février 2025, prolongeant l'incertitude.

Pendant ce temps, la Banque de France surveille de près la situation de l'entreprise selon Les Echos. En tant qu'acteur clé dans les moyens de paiement, Worldline doit garantir la résilience de ses systèmes, un enjeu critique souligné par des incidents récents.

Pannes répétées et impact opérationnel

Les pannes techniques continuent d'entacher l'image de Worldline. Dernière en date : un incident en Italie, lors du Black Friday, causé par des câbles sectionnés par erreur lors de travaux publics. Cet événement a paralysé les paiements par carte et les retraits d'espèces pendant environ 24 heures, affectant également Nexi, un concurrent local.

Ces interruptions rappellent les défaillances survenues fin 2023, qui avaient bloqué les paiements chez plusieurs grandes enseignes françaises comme Auchan et Carrefour. Ces incidents techniques suscitent des interrogations sur la robustesse des infrastructures de Worldline, un sujet particulièrement sensible dans le contexte des Jeux Olympiques de 2024.

Intérêts stratégiques et rumeurs de cession

Malgré ces défis, Worldline attire toujours l'attention des investisseurs. Des fonds d'investissement, tels que Bain Capital, ont été cités parmi les intéressés pour une potentielle prise de contrôle, bien que ce dernier ait démenti ces rumeurs. L'hypothèse d'un retrait de la cote boursière est également envisagée, une stratégie qui pourrait faciliter une restructuration sans la pression des marchés.

Cependant, cette option reste délicate. Certains actionnaires historiques, comme le groupe suisse SIX, ont acquis des parts à des niveaux bien supérieurs au cours actuel de l'action, tombé sous la barre des 8 euros contre plus de 50 euros à l'époque de leur entrée. Par ailleurs, l'État français, via BPI France, reste un acteur clé au capital, tout comme Crédit Agricole, qui détient près de 7%.