Arrêts maladie en France : une explosion des coûts depuis 2019

Arrêts maladie en France : une explosion des coûts depuis 2019 En 2023, les indemnités journalières pour arrêts maladie ont atteint un montant record, marqué par une forte augmentation des arrêts de longue durée.

Les arrêts maladie, qu'ils soient de courte ou de longue durée, pèsent toujours plus sur le système d'indemnisation français. Entre l'allongement des carrières, l'évolution des salaires et la hausse des sinistralités, le coût des arrêts maladie a explosé ces dernières années. Une situation qui, bien qu'influencée par la crise sanitaire, s'inscrit dans une tendance de long terme.

Une hausse marquée depuis 2019

Depuis 2019, le nombre de journées indemnisées pour arrêt maladie a augmenté de 3,9% par an, en moyenne, contre seulement 2,3% entre 2010 et 2019. Cette hausse s'explique par une augmentation générale des arrêts de travail, qu'ils soient courts ou longs, ainsi que par une revalorisation des indemnités journalières consécutive à l'inflation.

En 2023, les dépenses liées aux arrêts maladie ont atteint 10,2 milliards d'euros, contre 9,6 milliards en 2022, selon une étude de la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees), relayée par Le Figaro. Cette augmentation, de 6,3% par an en moyenne depuis 2019, a été fortement influencée par la progression des salaires, notamment les revalorisations du Smic, qui impactent directement le montant des indemnités.

Les arrêts de longue durée, représentant 7% des arrêts indemnisés, concentrent 45% des dépenses totales. À l'inverse, les arrêts courts, bien que très fréquents, ne représentent que 4% des coûts.

Les seniors et l'impact du vieillissement démographique

Le vieillissement de la population active constitue un facteur majeur dans cette hausse. Entre 2010 et 2023, le taux d'activité des 55-64 ans est passé de 43,6% à 61,7%, augmentant mécaniquement le nombre d'arrêts indemnisés chez les seniors.

En 2023, les plus de 50 ans représentaient 29% des arrêts indemnisés mais concentraient 42% des dépenses totales. Leur durée moyenne d'arrêt est significativement plus longue, atteignant jusqu'à 54 jours par an pour les 55-59 ans. Les plus de 60 ans, bien que représentant une faible proportion des salariés, ont vu leur nombre de journées indemnisées tripler entre 2010 et 2023, passant de 8,7 millions à 27,9 millions, d'après BFMTV.

Les réformes des retraites, en augmentant l'âge légal de départ et la durée de cotisation, ont également contribué à cette dynamique. L'allongement de la durée de vie active, associé à des conditions de santé souvent plus fragiles, accentue la prévalence des arrêts prolongés.

Les disparités sectorielles et sociales

Les secteurs les plus touchés par les arrêts maladie sont ceux où les conditions de travail sont les plus éprouvantes, tant physiquement que mentalement. L'industrie, la construction, la santé et l'action sociale enregistrent des durées d'arrêt supérieures à la moyenne.

Les femmes, en particulier, sont davantage concernées que les hommes. Cette tendance s'explique en partie par des différences dans les conditions de travail, les charges domestiques et les comportements préventifs. Entre 2010 et 2023, les arrêts maladie ont progressé plus rapidement chez les femmes que chez les hommes, une dynamique qui reflète également leur part croissante sur le marché du travail.