Augmentations de salaire : les entreprises resserrent leurs budgets pour 2025

Augmentations de salaire : les entreprises resserrent leurs budgets pour 2025 La fin de la spirale inflationniste et l'incertitude économique poussent les employeurs à limiter leurs marges de manœuvre. Certains secteurs s'en sortent mieux que d'autres.

Les augmentations salariales en France marquent un net ralentissement en 2025. Après plusieurs années de hausses conséquentes, les entreprises adoptent une posture prudente face à un contexte économique et politique incertain. Un tournant qui pourrait intensifier les tensions sociales.

Un ralentissement général des hausses salariales

Les prévisions pour 2025 confirment un net ralentissement des augmentations salariales en France. Selon une enquête menée par le cabinet Alixio auprès de 120 directeurs des ressources humaines (DRH), relayée par Les Echos, le budget moyen alloué aux hausses de salaires devrait s'élever à 2,47%, contre 3,5% en 2024 et 4,9% en 2023.

Ce recul s'observe dans la majorité des secteurs, à l'exception notable de la pharmacie, qui prévoit une hausse moyenne de 3,2%, la plus élevée, tandis que le commerce reste en bas de l'échelle avec seulement 2,1%.

Cette réduction s'inscrit dans un contexte de ralentissement de l'inflation amorcé depuis septembre dernier. Si les prévisions d'inflation pour 2025 sont estimées à 1,5% par la Banque de France, l'écart entre perception et réalité reste un point de tension. Près de 71% des employeurs interrogés indiquent que leurs salariés perçoivent toujours une inflation élevée, alors que les chiffres montrent une stabilisation.

Une prudence justifiée par un contexte économique et politique incertain

La prudence affichée par les entreprises reflète une conjoncture marquée par plusieurs facteurs. Parmi eux, la fin de la spirale inflationniste, l'instabilité politique liée au rejet du projet de budget de la Sécurité sociale, et une dégradation de l'emploi dans certains secteurs.

Près de 50% des entreprises interrogées déclarent avoir gelé leurs recrutements, et environ 30% envisagent des réductions d'effectifs, bien que seules 7% prévoient un plan social.

La réduction des budgets salariaux affecte particulièrement les cadres, avec des augmentations générales limitées à 0,2%, contre 1,6% en 2024. Les non-cadres, eux, se voient allouer une hausse de 1% en moyenne. Les budgets de promotion, déjà faibles, enregistrent une diminution drastique, passant à 0,3% pour les cadres (-57%) et 0,2% pour les non-cadres (-67%).

Des disparités selon les secteurs et les politiques salariales

L'enquête révèle également une France à deux vitesses en matière de rémunération. Certaines grandes entreprises, notamment dans la pharmacie et le luxe, maintiennent des hausses supérieures à la moyenne. En revanche, de nombreuses PME, notamment dans le secteur sanitaire et social, se tournent vers des solutions alternatives comme des primes ou des avantages en nature.

Environ 43% des entreprises n'accordent aucune augmentation collective ou individuelle, préférant des congés supplémentaires ou davantage de télétravail, selon Le Monde.

La répartition des augmentations montre également une évolution des priorités : les augmentations individuelles deviennent plus rares, et les augmentations générales sont en recul. Les salariés non-cadres restent les plus concernés par ces dernières, avec 77,4% d'entre eux bénéficiant d'une hausse collective, contre 66,5% pour les cadres.

Un climat social sous tension

Cette modération des hausses salariales pourrait alimenter des tensions sociales dans les entreprises. En 2024, seuls 15% des employeurs ont déclaré avoir été confrontés à des mouvements sociaux liés aux salaires.

Cependant, près de 50% des entreprises anticipent une dégradation du climat social en 2025, alors que 39% espèrent un statu quo. Le décalage entre les attentes des salariés et les politiques salariales prudentes des employeurs demeure une source d'inquiétude pour les DRH.