Dette publique française : une montagne de 3 303 milliards d'euros à gravir

Dette publique française : une montagne de 3 303 milliards d'euros à gravir Classée parmi les pays les plus endettés d'Europe, la France voit ses marges de manœuvre se réduire face à une dette dont le poids menace l'équilibre budgétaire à long terme.

Au troisième trimestre 2024, la dette publique française a atteint un sommet historique. À 3 303 milliards d'euros, elle représente 113,7% du produit intérieur brut (PIB), selon les chiffres publiés par l'Insee. Cette situation, qui reflète des décennies de déficits, suscite des interrogations sur la capacité de la France à maintenir sa stabilité financière.

Une dette publique qui ne cesse de grimper

La dette publique française a connu une progression spectaculaire au cours des dernières décennies. En 2004, elle s'élevait à 1 082 milliards d'euros. En seulement 20 ans, ce montant a triplé pour atteindre 3 303 milliards au troisième trimestre 2024.

Selon l'Insee, cette augmentation récente s'est accélérée au cours de l'année 2024. Entre le deuxième et le troisième trimestre, la dette a bondi de 71,7 milliards d'euros, après une hausse de 69 milliards au trimestre précédent. Cette dynamique inquiétante est en grande partie attribuée à la dette de l'État, qui a augmenté de près de 60 milliards d'euros sur cette période. Les administrations publiques locales et la sécurité sociale ont également contribué, bien que dans une moindre mesure.

La France se distingue en Europe par sa trajectoire d'endettement. Il s'agit du seul pays d'Europe qui n'a pas réduit sa dette depuis la crise du Covid, a rappelé François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, dans une interview au Figaro. Seules la Grèce et l'Italie affichent un ratio dette/PIB supérieur, selon les données d'Eurostat.

Les conséquences économiques d'un endettement record

L'ampleur de la dette française commence à peser lourdement sur les finances publiques. En 2025, l'Agence France Trésor prévoit de lever 300 milliards d'euros sur les marchés financiers. "Jamais notre pays n'avait autant emprunté ; aucun autre pays en Europe n'aura autant besoin des investisseurs l'an prochain", note Les Echos.

Cette situation s'accompagne d'une charge de la dette de plus en plus lourde, notamment en raison de la hausse des taux d'intérêt. "Si la France ne prend pas effectivement le chemin de l'assainissement de ses finances, la note de sa dette sera dégradée, passant de la catégorie AA- à A+", rapporte Le Figaro. Une telle dégradation aurait pour effet de rendre les emprunts encore plus coûteux et de limiter l'accès à certains investisseurs institutionnels, ce qui aggraverait la situation.

Le déficit public, autre facteur aggravant, a atteint 162,4 milliards d'euros en 2024, soit 6,2% du PIB. Ce niveau, nettement supérieur aux normes européennes, met le gouvernement sous pression pour contenir les dépenses. François Bayrou, nouveau Premier ministre, a annoncé vouloir mettre en place un plan de rééquilibrage budgétaire sur dix ans, tout en soulignant l'importance d'un équilibre soutenable.

Dépenses publiques, un déficit structurel préoccupant

L'origine de la dette française réside en grande partie dans des dépenses de fonctionnement plutôt que dans des investissements. Cette différence, souvent comparée aux États-Unis et leur politique d'investissements stratégiques comme le plan IRA de Joe Biden, est régulièrement critiquée par les économistes. Xavier Ragot, président de l'OFCE, a déclaré que "La trajectoire de la dette publique est inquiétante".

Par ailleurs, les signaux d'alerte se multiplient. Les agences de notation surveillent de près la situation française. Le spread de taux avec l'Allemagne reste élevé, et Moody's a récemment abaissé la note de plusieurs banques françaises, reflétant des doutes croissants sur la santé économique du pays.