Droits de douane : le spectre Trump inquiète les entreprises françaises

Droits de douane : le spectre Trump inquiète les entreprises françaises La politique protectionniste de Donald Trump pourrait bouleverser les flux commerciaux entre les deux rives de l'Atlantique, impactant fortement l'économie française.

Le retour de Donald Trump à la présidence des États-Unis ravive les craintes des entreprises françaises. Les potentielles surtaxes douanières annoncées, ciblant notamment les importations européennes, pourraient peser lourdement sur plusieurs secteurs clés de l'économie française, tels que l'aéronautique, les vins et spiritueux, ou encore le luxe.

Des secteurs stratégiques directement menacés

Les États-Unis, quatrième client de la France en 2023, représentent un marché crucial pour plusieurs industries françaises. Parmi elles, le secteur pharmaceutique, avec environ 4,1 milliards d'euros d'exportations annuelles, pourrait subir un impact majeur. Les surtaxes envisagées risquent de contraindre les entreprises à réduire leurs marges ou augmenter leurs prix, compromettant ainsi leur compétitivité sur ce marché clé.

Les vins et spiritueux, deuxième secteur d'exportation français vers les États-Unis avec 3,9 milliards d'euros, sont également dans la ligne de mire. Lors de son précédent mandat, Donald Trump avait déjà imposé une taxe de 25% sur le vin français, suspendue depuis par Joe Biden. Une réintroduction de ces taxes pourrait encore fragiliser un marché globalement en ralentissement. Nicolas Ozanam, délégué général de la Fédération des Exportateurs de Vins et Spiritueux, note toutefois que "le contexte est quand même très différent" aujourd'hui par rapport aux différends commerciaux passés, cité par La Tribune.

Le secteur du luxe, emblématique de l'économie française, pourrait aussi être durement touché. Avec les États-Unis comme premier marché mondial, des groupes comme LVMH ou Kering, déjà fragilisés en 2024, pourraient voir leurs ventes encore diminuer.

L'aéronautique et l'automobile entre résilience et incertitude

L'aéronautique, en revanche, semble relativement protégée pour le moment. Ce secteur, qui génère près de 8 milliards d'euros d'exportations vers les États-Unis, bénéficie encore d'un accord suspendant certaines taxes bilatérales. Safran, par exemple, se dit confiant quant à sa capacité à maintenir ses activités grâce à sa forte présence industrielle en Amérique du Nord.

Du côté de l'automobile, la situation est plus délicate. Les surtaxes douanières pourraient pénaliser des entreprises comme Stellantis, déjà en difficulté avec ses exportations depuis le Canada et le Mexique. Selon des experts relayés par BFM Bourse, une telle mesure pourrait également fragiliser l'industrie automobile américaine, qui dépend fortement des pièces importées.

Une Europe face à des défis commerciaux majeurs

Les annonces protectionnistes de Donald Trump suscitent également des inquiétudes à l'échelle européenne. L'Union européenne, premier partenaire commercial des États-Unis, pourrait faire face à une perturbation significative des flux commerciaux. Les nouvelles taxes envisagées, allant de 10 à 20% sur les importations générales, constituent une menace directe pour la stabilité économique des deux côtés de l'Atlantique.

Au-delà des impacts immédiats sur les exportations, l'Union européenne devra réagir avec cohérence pour amortir les effets de ces nouvelles politiques douanières. En 2021, un accord avait temporairement mis fin à certains différends commerciaux entre les États-Unis et l'Europe, mais ce fragile équilibre semble à nouveau menacé par la politique commerciale imprévisible de Donald Trump.