Politique monétaire : la BCE mise sur un assouplissement graduel en 2025

Politique monétaire : la BCE mise sur un assouplissement graduel en 2025 L'économie européenne navigue entre ralentissement de la croissance et pressions inflationnistes. Face à ces défis, la Banque centrale européenne ajuste ses décisions de manière mesurée pour préserver l'équilibre économique.

Alors que l'économie européenne peine à se redresser, la Banque centrale européenne (BCE) poursuit une politique d'assouplissement monétaire en 2025. Confrontée à des défis économiques multiples, l'institution opte pour une réduction progressive de ses taux d'intérêt afin de stabiliser la zone euro tout en répondant aux pressions inflationnistes.

La BCE maintient une approche prudente et graduelle

Lors de sa réunion des 11 et 12 décembre 2024, la BCE a décidé de réduire ses taux pour la troisième fois consécutive, confirmant sa volonté d'assouplir progressivement sa politique monétaire. Ce choix repose sur une évaluation prudente des pressions économiques et inflationnistes dans la zone euro. Selon les comptes rendus publiés par la BCE, cette approche prudente reste justifiée compte tenu des incertitudes actuelles, une décision unanime des membres du Conseil des gouverneurs.

Les prévisions des économistes interrogés par Reuters indiquent que le taux de dépôt, actuellement fixé à 3%, pourrait baisser à 2% d'ici la mi-2025. Selon Philip Lane, économiste en chef de la BCE cité par Fashion Network, "la BCE peut encore assouplir sa politique cette année, mais elle doit trouver un juste milieu qui n'induise pas de récession et ne retarde pas indûment la maîtrise de l'inflation".

Une inflation persistante au cœur des préoccupations

La récente baisse de l'euro face au dollar accentue les pressions inflationnistes, notamment sur les importations énergétiques. En décembre 2024, l'inflation a atteint 2,4%, un niveau légèrement supérieur à l'objectif de 2% fixé par la BCE. Cet environnement complexe renforce la nécessité d'un ajustement progressif des taux.

L'économiste Gilles Moëc, cité par Les Echos, a mis en garde contre une reprise de l'inflation dans ce contexte. Il souligne que la BCE pourrait devoir adopter une politique menant à passer en dessous du taux neutre, à un niveau "réellement accommodant", si les conditions économiques ne s'améliorent pas. Par ailleurs, la hausse des rendements obligataires en Europe, influencée par les mouvements des taux américains, efface en partie les effets des récentes baisses de taux, compliquant davantage la tâche de la BCE. 

Une reprise économique encore fragile

Malgré l'assouplissement en cours, la croissance économique dans la zone euro reste faible. L'économie allemande, selon les données officielles, s'est contractée de 0,2% en 2024, et celle de la France a ralenti à 0,8%. Les prévisions pour 2025 indiquent une reprise modérée, avec une croissance de 1% pour l'ensemble de la zone euro.

Les marchés financiers, eux, restent prudents quant aux perspectives de la BCE. Selon les projections de Reuters, 60% des économistes interrogés anticipent trois baisses de taux supplémentaires d'ici le milieu de l'année. Les estimations sur le taux neutre, c'est-à-dire un niveau ni restrictif ni stimulant pour l'économie, varient entre 1,75% et 2,5%. Toutefois, la BCE elle-même reconnaît l'incertitude entourant ces évaluations, soulignant que bien qu'il s'agit d'un "concept analytique utile, les estimations disponibles ne peuvent que donner une idée approximative du caractère restrictif de la politique monétaire".

Enjeux internationaux et défis structurels

Les perspectives économiques de la zone euro sont également influencées par les tensions commerciales internationales. L'imposition de nouveaux droits de douane américains par l'administration Trump, prévue en 2025, pourrait affecter négativement les exportations européennes. Chris Scicluna, responsable de la recherche chez Daiwa Capital Markets Europe, a déclaré : "La menace des droits de douane américains affecte déjà les décisions d'investissement dans la zone euro".

Ces incertitudes internationales s'ajoutent aux défis structurels internes, notamment une consommation stagnante et un investissement privé limité. Ces facteurs contribuent à ralentir la reprise économique, malgré les efforts de la BCE pour stimuler l'activité.