Salaires et coût du travail : les réalités derrière les chiffres de 2024
En 2024, les salaires horaires en France ont augmenté de 2,7%, dépassant l'inflation établie à 2%. Cependant, cette progression masque des disparités importantes entre secteurs et une érosion persistante du pouvoir d'achat liée aux pertes des années précédentes, selon les données de l'Insee.
Une hausse moyenne des salaires qui ne compense pas les pertes passées
D'après les chiffres publiés par l'Insee et relayés par Les Echos, les salaires horaires dans les secteurs marchands non agricoles – hors services aux ménages – ont progressé en moyenne de 2,7% en 2024. Cette augmentation dépasse légèrement la hausse annuelle des prix, qui s'est établie à 2% hors tabac. Toutefois, cette progression reste insuffisante pour compenser les pertes accumulées en 2022 et 2023.
En 2022, les salaires réels avaient chuté de 1,7 point, marquant une année particulièrement difficile pour le pouvoir d'achat. En 2023, malgré une hausse de 4,2%, l'inflation avait encore entraîné une perte de 0,7 point. Le gain de 0,7 point enregistré en 2024 représente donc un rattrapage partiel, mais pas un retour aux niveaux antérieurs à la crise inflationniste.
Le ralentissement progressif de l'inflation, tombée à 1,3% en décembre 2024, a contribué à cette amélioration modérée. Toutefois, cette dynamique s'accompagne d'une décélération des augmentations salariales, les entreprises adaptant leurs politiques face à un environnement économique incertain.
Des écarts significatifs entre secteurs d'activité
Si la hausse moyenne des salaires est de 2,7%, des disparités notables apparaissent en fonction des secteurs. Le secteur tertiaire, qui concentre une grande part des emplois, affiche une augmentation limitée à 1,8%. Ce chiffre s'explique notamment par la diminution des primes de partage de la valeur (PPV), un dispositif qui avait soutenu temporairement les revenus.
Les versements de ces primes ont fortement reculé en 2024. Au quatrième trimestre, les entreprises ont distribué 1,8 milliard d'euros de PPV, contre 2,6 milliards sur la même période en 2023. La fiscalisation de ces primes au 1er janvier 2024 a réduit leur attractivité, entraînant une baisse marquée, particulièrement dans les services.
En revanche, les secteurs industriels et la construction ont enregistré des hausses respectives de 2,8% et 2,7%. Ces augmentations s'expliquent par les tensions persistantes sur le marché de l'emploi dans ces domaines, obligeant les entreprises à revaloriser les salaires pour attirer et retenir les compétences nécessaires.
Une augmentation du coût du travail liée à la baisse des aides
Au-delà des salaires, le coût global du travail – incluant salaires, cotisations sociales et taxes, déduction faite des subventions – a progressé de 2,5% sur un an. Cette hausse dépasse celle des salaires en raison d'une diminution des dispositifs d'aide publique.
En 2024, les montants d'aides à l'alternance ont reculé, tout comme les exonérations de cotisations sociales, qui avaient fortement augmenté entre 2021 et 2023. Cette évolution représente une charge supplémentaire pour les entreprises, malgré la modération observée dans les politiques salariales.
Ainsi, les chiffres de 2024 révèlent une amélioration partielle du pouvoir d'achat et une dynamique salariale contrastée selon les secteurs.