Record de faillites pour les chefs d'entreprise français en 2024 : le seuil des 60 000 franchi

Record de faillites pour les chefs d'entreprise français en 2024 : le seuil des 60 000 franchi Trois secteurs clés affichent une vulnérabilité particulièrement marquée, révélant les faiblesses structurelles des petites entreprises françaises face aux incertitudes économiques actuelles.

En 2024, le nombre de chefs d'entreprise français ayant perdu leur emploi atteint 60 852, un niveau inédit depuis 2015. Ce chiffre traduit une hausse annuelle de 18%, selon l'étude de l'Observatoire de l'emploi des entrepreneurs, publiée par le cabinet Altares et l'association GSC.

Des secteurs particulièrement impactés

Le secteur immobilier affiche la hausse la plus importante, avec 34,7% d'augmentation des faillites. La construction suit de près (+23,7%), touchée par la hausse des coûts des matériaux et la baisse des marchés. Le secteur des transports-logistique connaît lui aussi une situation difficile (+29,3%).

La situation économique, notamment marquée par des tensions conjoncturelles liées à l'instabilité politique et géopolitique récente, explique en partie cette recrudescence des faillites. Le contexte post-Covid, avec la fin progressive des aides gouvernementales massives, contribue également à fragiliser ces secteurs déjà vulnérables.

Petites entreprises et structures anciennes, les plus touchées

Environ trois quarts des dirigeants concernés dirigent des très petites entreprises (TPE) comptant moins de trois salariés. La hausse des faillites est encore plus prononcée dans les TPE de 6 à 9 salariés (+30,2%). Les artisans-commerçants et professions libérales sont également touchés, avec respectivement 18,3% et 16,6% d'augmentation.

Les entreprises matures de plus de dix ans sont particulièrement affectées. Un tiers des dirigeants ayant perdu leur emploi dirigeaient des sociétés établies depuis une décennie ou plus, incapables de surmonter l'endettement accumulé notamment durant la crise sanitaire avec les prêts garantis par l'État (PGE).

Le facteur âge est également déterminant : les entrepreneurs âgés de plus de 60 ans connaissent une augmentation significative des pertes d'emploi, avec une hausse de 33,2% par rapport à 2023. Thierry Millon, directeur des études d'Altares, précise dans Le Parisien : "Quand vous arrivez en fin de carrière, vous n'allez plus forcément investir parce que vous savez que vous allez partir. Les clients se détournent alors de votre entreprise. Et puis, les banques ont plus de réticences à vous prêter de l'argent".

Conséquences économiques et humaines fortes

Cette situation a des conséquences lourdes pour les entrepreneurs concernés. Cyril, ancien dirigeant d'une entreprise de transport solidaire, témoigne au micro de RMC selon Valeurs Actuelles : "Personnellement, je me suis effondré après le passage au tribunal du commerce. Je ne pensais pas tomber si bas. Je suis resté quasiment un mois au fond de mon lit, sous cachet, en mode zombie. Financièrement, les conséquences sont toujours là. À ce jour, je me trimballe une dette personnelle de 140 000 euros à peu près". 

Les régions les plus affectées sont l'Île-de-France, la Normandie et les Pays de la Loire, avec des hausses supérieures à 25%. Hervé Kermarrec, président de la GSC, souligne dans Les Échos l'importance d'informer les dirigeants sur "les filets de sécurité financiers à leur disposition", car à peine 1% d'entre eux souscrivent à une assurance contre la perte d'emploi.