STMicroelectronics restructure ses sites industriels et amorce 2 800 départs volontaires

STMicroelectronics restructure ses sites industriels et amorce 2 800 départs volontaires L'entreprise prévoit de concentrer ses investissements sur ses lignes les plus récentes, à Crolles, Agrate et Catane, tout en modifiant les missions des autres sites.

Le fabricant franco-italien de semi-conducteurs a officialisé un plan de transformation industrielle impliquant jusqu'à 2 800 départs volontaires dans le monde. Cette annonce intervient dans un contexte de tensions entre ses actionnaires publics français et italiens, et de forte baisse des résultats.

Un redimensionnement industriel global pour faire face à la baisse d'activité

STMicroelectronics, qui compte 50 000 salariés dans le monde, a confirmé le 10 avril qu'un maximum de 2 800 postes seraient concernés par des départs volontaires sur une période de trois ans. Ces départs s'ajouteront à l'attrition naturelle et devraient survenir principalement en 2026 et 2027. Le groupe a indiqué vouloir remodeler "son empreinte industrielle" et "redimensionner sa base de coûts globale", selon son communiqué relayé par France 24.

En 2024, le chiffre d'affaires a reculé de 23,2%, à 12,5 milliards d'euros, tandis que le résultat d'exploitation s'est effondré de 63,4 %, passant de 4,6 milliards à 1,7 milliard de dollars. La baisse de la demande sur les marchés industriels et automobiles, représentant respectivement -49% et -14% sur un an, a fortement pesé sur l'activité du groupe, comme le souligne Le Figaro.

Le plan de transformation prévoit une réorientation des investissements vers les sites les plus récents et jugés plus rentables, notamment à Crolles (Isère) et Agrate (Lombardie), spécialisés dans la production de plaquettes en silicium de 300 mm. Les lignes de fabrication en 150 mm et 200 mm, comme celles de Tours ou Rousset, devront maximiser leur productivité. Aucun site ne sera fermé, mais leurs fonctions évolueront vers plus de contrôle de processus et d'automatisation.

Jean-Marc Chéry, président du directoire, a précisé que "les opérations de production de pointe entraîneront une évolution des rôles avec des tâches manuelles répétitives issues de processus anciens vers des rôles davantage axés sur le contrôle des processus, l'automatisation et la conception".

Des tensions entre actionnaires sur fond de gouvernance contestée

La mise en œuvre de ce plan se déroule dans un climat tendu entre les deux États actionnaires, qui détiennent chacun 13,75% du capital via le Trésor italien et Bpifrance. Le 10 avril, Giancarlo Giorgetti, ministre italien de l'Économie, a déclaré retirer son soutien à Jean-Marc Chéry, à la suite du rejet par le conseil de surveillance d'un candidat italien à un poste vacant. Rome a qualifié cette décision d'"incompréhensible, très grave et inacceptable".

Nicolas Dufourcq, directeur général de Bpifrance et président du conseil de surveillance de STMicroelectronics, a répondu que le rejet de la candidature de Marcello Sala n'est en rien le fait de la France, mais des membres indépendants du conseil. Le conseil de surveillance a également réaffirmé son soutien à Jean-Marc Chéry.

Cette crise de gouvernance intervient alors que des syndicats s'inquiètent du manque de visibilité sur la répartition géographique des départs. Yan Meroth, représentant de la CFDT, a alerté dans Les Échos : "Avec l'attrition naturelle, on arrive à un chiffre de 5.000 à 10.000 départs en trois ans, alerte Yan Meroth, représentant syndical CFDT. De tels niveaux posent la question de la continuité de l'activité dans les prochaines années".

La Fiom-Cgil, principal syndicat italien du secteur, redoute un impact "particulièrement violent" dans le nord de l'Italie, selon les propos de Barbara Tibaldi. À ce jour, l'entreprise n'a pas précisé les implantations concernées par les suppressions de postes.