L'économie française ralentit, plombée par la chute de la consommation des ménages
La croissance française est restée quasiment à l'arrêt au premier trimestre 2025. En mars, la consommation des ménages a atteint son plus bas niveau depuis plus de dix ans, confirmant une tendance généralisée au repli de l'activité.
Une croissance atone, soutenue par les seuls stocks
Entre janvier et mars 2025, le produit intérieur brut de la France a progressé de 0,1%, selon la première estimation de l'Insee publiée ce 30 avril, relayée par Les Echos. Ce léger rebond fait suite à un recul de 0,1% observé au dernier trimestre 2024. La France échappe ainsi de peu à une récession dite technique, définie par deux trimestres consécutifs de contraction.
Dans le détail, aucun des moteurs traditionnels de l'économie n'a contribué de manière significative à la croissance. La demande intérieure est restée globalement stable, les investissements ont reculé de 0,2%, et la consommation des ménages, qui représente plus de la moitié du PIB, s'est fortement contractée. Le commerce extérieur n'a pas non plus soutenu l'activité : les exportations ont chuté de 0,7%, tandis que les importations ont progressé de 0,4%, ce qui entraîne une contribution négative de 0,4 point à la croissance.
La seule composante ayant apporté un soutien positif est la variation des stocks, qui contribue à hauteur de 0,5 point au PIB. Selon Sylvain Bersinger, économiste chez Asterès cité par Le Monde, sans cet effet mécanique, la croissance aurait été clairement négative ce trimestre.
Un effondrement marqué des achats en mars
La consommation des ménages en biens a diminué de 1% en mars 2025, toujours d'après l'Insee. Il s'agit de son plus bas niveau depuis novembre 2014, en dehors de la période de la pandémie. Ce recul, le plus important depuis décembre 2022, fait suite à une stagnation de la consommation sur le reste du trimestre, qui s'achève sur un repli global de 0,6%.
Plusieurs catégories de dépenses sont concernées. Les achats de biens fabriqués ont diminué de 1% sur le mois. Cette baisse s'explique notamment par le recul des biens durables (-1,9%), et en particulier des matériels de transport, en diminution de 3% par rapport à février, selon BFM TV. Cette chute est liée à l'entrée en vigueur du nouveau malus écologique le 1er mars. Par comparaison avec mars 2024, la consommation de matériel de transport a reculé de 6,6%. Les achats d'habillement et textile ont également diminué de 0,3%, après une légère hausse en février.
Les biens d'équipement affichent un repli de 1%, inversant la tendance observée le mois précédent. Seule la catégorie des "autres biens fabriqués" connaît un léger rebond de 0,1%, après avoir baissé de 0,7% en février.
Alimentation et énergie poursuivent leur repli
La consommation d'énergie a également enregistré une baisse notable en mars, avec un recul de 1,8% après une légère hausse de 0,3% le mois précédent. Cette diminution concerne à la fois les produits raffinés (-2,2%) et les autres formes d'énergie, en particulier le gaz et l'électricité (-1,6%). Sur l'ensemble du trimestre, la consommation d'énergie affiche néanmoins une hausse de 0,9%, portée par la reprise des achats de produits raffinés.
La consommation alimentaire, en baisse continue depuis plusieurs mois, a reculé de 0,5% en mars, après un repli de 0,8% en février. Elle se situe 3,2% en dessous de son niveau de mars 2024. L'Insee explique cette tendance par une diminution des achats de produits agroalimentaires et de tabac. Sur le trimestre, les dépenses alimentaires se contractent de 0,8%. En excluant le tabac, la baisse reste marquée à -0,2%.
Du côté des perspectives, le gouvernement vise toujours une croissance annuelle de 0,7%, contre 0,9% dans les précédentes prévisions. Une cible jugée "atteignable" par le Haut Conseil des finances publiques, mais soumise à de nombreux risques baissiers, notamment liés au contexte international. François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, a confirmé que ces prévisions seront réévaluées en juin, en fonction de l'évolution des tensions commerciales.