La Banque populaire de Chine tente une relance par la baisse de ses taux
La Banque populaire de Chine a procédé à un nouvel ajustement de ses taux d'intérêt de référence, dans un contexte de ralentissement économique persistant, de crise immobilière et de faible consommation intérieure.
Un abaissement coordonné des deux principaux taux de prêt
Mardi 20 mai, la Banque populaire de Chine (PBoC) a abaissé deux de ses taux d'intérêt clés. Le Loan Prime Rate (LPR) à un an, qui sert de référence pour les prêts bancaires aux ménages et aux entreprises, est passé de 3,1% à 3%. Le LPR à cinq ans, utilisé pour les crédits immobiliers, a été réduit de 3,6% à 3,5%, atteignant dans les deux cas des niveaux historiquement bas.
Ces taux avaient déjà été diminués en octobre 2024. L'objectif de cette nouvelle baisse est de diminuer le montant des intérêts à rembourser sur les prêts existants et de réduire le coût de nouveaux emprunts. Dans une note relayée par Les Échos, l'économiste Zichun Huang (Capital Economics) estime que ces réductions "vont réduire le montant des paiements d'intérêts sur les prêts existants, ce qui allégera quelque peu la pression pesant sur les entreprises endettées" mais juge qu'elles pourraient ne pas suffire à relancer la demande de crédit à elles seules.
Cette intervention monétaire fait suite à une annonce plus tôt ce mois-ci : une réduction de 0,5 point du taux de réserves obligatoires des banques. Selon Le Figaro, cette décision vise à inciter les établissements bancaires à accorder davantage de crédits.
Une réponse à la faiblesse de la demande et à la crise immobilière
Le contexte économique reste marqué par plusieurs fragilités. D'après le Bureau national des statistiques, la production industrielle a augmenté de 6,1% en avril par rapport à l'année précédente, et les ventes de détail ont progressé de 5,1%, après une hausse de 4,6% au premier trimestre. Mais ces chiffres coexistent avec une baisse continue des prix de l'immobilier : les prix des logements neufs ont reculé dans 67 des 70 villes surveillées par les autorités.
Parallèlement, l'indice des prix à la consommation a reculé de 0,1% sur un an en avril. Il s'agit du troisième mois consécutif de baisse annuelle, après des reculs déjà observés en février et mars, ce qui entretient le risque déflationniste. Le niveau de la consommation intérieure reste faible, malgré les mesures prises depuis plusieurs mois.
En décembre 2024, les autorités chinoises avaient fixé plusieurs objectifs pour 2025, dont le soutien à la consommation, la stabilisation du commerce extérieur et la tentative de freiner la chute du secteur immobilier. Le président Xi Jinping avait alors évoqué des mesures d'ajustement "comme il se doit" en fonction de la situation intérieure et extérieure, notamment sur les taux d'intérêt et le taux de réserves obligatoires.
Des signaux contrastés dans un climat commercial apaisé
La décision d'abaisser à nouveau les taux intervient également dans un contexte de trêve commerciale. La semaine précédente, Pékin et Washington ont accepté de suspendre pendant 90 jours une partie des droits de douane qu'ils s'étaient mutuellement imposés. Cette pause offre une fenêtre de stabilité à l'environnement commercial, mais ne suffit pas à compenser les faiblesses structurelles actuelles.
Malgré les mesures de relance mises en place, le gouvernement chinois vise toujours une croissance économique autour de 5% pour l'année en cours, un objectif que les autorités doivent concilier avec la persistance de plusieurs déséquilibres internes.