Dette publique française : le cap des 3 345 milliards d'euros franchi dans l'indifférence générale
Au premier trimestre 2025, la dette publique de la France atteint 3 345,8 milliards d'euros, soit 114% du PIB. Cette progression marque une hausse de 40,5 milliards en trois mois, selon les données publiées par l'Insee.
Une hausse portée par l'État et des niveaux inédits en Europe
Entre janvier et mars, la dette de l'État a progressé de 36,7 milliards d'euros. Celle des administrations locales a augmenté de 600 millions, et celle des caisses de sécurité sociale de 3,3 milliards. Seuls les organismes divers d'administration centrale ont vu leur dette reculer légèrement, de 100 millions d'euros, précise l'Insee, relayé par Le Figaro.
Depuis 2017, l'endettement public a bondi de plus de 1 100 milliards d'euros. Il atteint désormais 48 800 euros par habitant. La France conserve la troisième dette publique la plus élevée de l'Union européenne, derrière la Grèce (153,6%) et l'Italie (135,3%), selon Eurostat.
L'endettement pèse de plus en plus sur le budget
Entre 2018 et 2024, la charge d'intérêts est passée de 35 à 58 milliards d'euros. Selon Maxime Darmet d'Allianz Trade, une hausse de 25 points de l'écart de taux avec l'Allemagne coûterait un milliard d'euros de plus. Cette tendance renforce la pression sur les finances publiques. En 2024, le déficit atteignait 5,8% du PIB. Le gouvernement prévoit 5,4% en 2025, puis 4,6% en 2026. La trajectoire fixée vise un retour sous les 3% en 2029, conformément aux critères européens. Mais une dégradation possible de la note souveraine par Fitch en septembre pourrait faire grimper les taux. De son côté, Standard & Poor's maintient sa note AA, mais avec une perspective négative.
Des économies annoncées, mais différées
Réuni le 26 juin, le comité d'alerte budgétaire a acté un effort immédiat de 5 milliards d'euros. Il comprend 3 milliards de crédits gelés et 1,7 milliard d'économies sur les dépenses de santé, selon le communiqué du gouvernement relayé par Ouest-France. Une réunion de suivi est prévue début juillet.
La feuille de route budgétaire sera détaillée à la mi-juillet, en amont de l'examen du projet de loi de finances. "Vu la situation budgétaire calamiteuse, le budget de 2026 implique des mesures d'austérité impopulaires", a commenté Bruno Cavalier, chef économiste chez Oddo BHF.
La croissance, initialement estimée à 1,1%, a été revue à 0,7%. Les Français continuent d'épargner massivement : 18,8% de leurs revenus ont été mis de côté au premier trimestre, un niveau inédit depuis 45 ans.