Face aux Gafam, les grands groupes français créent un outil pour évaluer leur souveraineté numérique

Face aux Gafam, les grands groupes français créent un outil pour évaluer leur souveraineté numérique Conçu comme un diagramme d'analyse, ce dispositif s'intéresse autant à la nature des prestataires utilisés qu'à la culture numérique des organisations.

Plusieurs grandes entreprises françaises ont décidé de développer un outil commun permettant de mesurer leur dépendance technologique. Ce projet s'inscrit dans un contexte de forte exposition aux services des géants américains du numérique.

Un baromètre pour quantifier la dépendance numérique

RTE, CMA CGM, Docaposte et Ouest-France, accompagnés d'autres structures comme la MAIF, la SNCF, Aéroports de Paris ou la Caisse des Dépôts, participent à l'élaboration d'un indice de résilience numérique (IRN). L'outil a été présenté lors des Rencontres économiques d'Aix-en-Provence, en présence d'Éric Lombard, ministre de l'Économie et des Finances, et de Clara Chappaz, ministre chargée de l'Intelligence artificielle.

L'objectif de l'IRN est de mesurer, dans les organisations, le niveau d'autonomie face aux technologies et prestataires numériques, notamment non européens. Il ne s'agira pas d'un classement, mais d'un diagramme destiné à visualiser plusieurs types de dépendance. L'indice est encore en phase de test dans les entreprises participantes, et devrait être finalisé d'ici la fin de l'année.

Les critères retenus sont à la fois quantitatifs – part des achats et services numériques réalisés auprès de fournisseurs nationaux, européens ou extra-européens ; localisation du stockage de données – et qualitatifs, comme le recours à des systèmes open source ou la diversification des fournisseurs. Il s'agit également d'évaluer l'organisation interne des structures et la sensibilisation des responsables aux enjeux de souveraineté numérique.

Selon Xavier Piechaczyk, président du directoire de RTE, "les sujets de souveraineté et d'autonomie numériques sont devenus une priorité dans les comités exécutifs et dans les boards des grandes entreprises. Au même titre que certains indicateurs financiers", comme il l'a affirmé dans Les Échos. Pour son entreprise, qui exploite plusieurs centaines d'applications critiques, ce sujet représente un enjeu opérationnel direct.

Un outil d'analyse, sans notation ni jugement

Les promoteurs de l'IRN insistent sur le fait que l'outil ne vise pas à délivrer une note ni à établir une hiérarchie entre entreprises. Il n'y aura ni score global ni classification. L'objectif est d'avoir un outil d'aide à l'analyse et à la décision, permettant d'identifier les failles et les marges de progression.

David Djaïz, associé et dirigeant du cabinet Ascend Partners, qui collabore au développement de l'indice, déclare : "Il n'existe pas à ce jour d'outil de mesure. C'est pourtant un premier pas indispensable vers une autonomie numérique durable".

L'indice pourrait également contribuer à repérer les zones d'investissement prioritaires. Comme l'indique Olivier Vallet, président de Docaposte, "nous serons capables de mieux cibler les failles de marché. Cela peut être très utile pour aider à flécher les investissements et renforcer la filière numérique européenne".