Quand l'Opep+ ouvre les vannes, les prix du pétrole vacillent
L'annonce d'une nouvelle augmentation des quotas de production de pétrole par l'Opep+ en juillet 2025 marque une inflexion notable par rapport aux mois précédents. Les huit pays principaux de l'alliance, dont l'Arabie saoudite et la Russie, s'engagent à extraire collectivement 548 000 barils supplémentaires par jour à partir du mois d'août, contre 411 000 lors des trois mois précédents.
Une production en hausse malgré les tensions géopolitiques
La décision a été rendue publique dans un communiqué de l'Opep+ le samedi 6 juillet. Elle intervient quelques semaines après les attaques israéliennes et américaines sur le territoire iranien, qui avaient brièvement fait grimper le prix du baril de Brent avant un retour à la baisse. À ce jour, aucune interruption des flux pétroliers par le détroit d'Ormuz — où transite environ 20% de la consommation mondiale — n'a été signalée.
Selon l'Opep+, cette augmentation est justifiée par "la faiblesse des stocks de pétrole" et "la stabilité des perspectives économiques mondiales et de la bonne santé actuelle des fondamentaux du marché", des éléments explicitement mentionnés dans leur déclaration du 6 juillet. L'Agence internationale de l'énergie (AIE), pour sa part, note que le marché du pétrole entre actuellement en ""terre inconnue", face à une demande mondiale estimée à 104 millions de barils par jour.
Malgré ce contexte instable, les membres de l'alliance ont poursuivi leurs relèvements progressifs, amorcés en avril (+130 000 barils), poursuivis en mai, juin et juillet (+411 000 barils à chaque fois). Cette nouvelle hausse porte l'ajustement cumulé depuis le printemps à près de 1,5 million de barils par jour.
Recomposition de l'offre mondiale et rééquilibrage des rapports de force
La progression de la production remet en cause les baisses décidées depuis 2022. Ces dernières visaient à limiter l'offre pour soutenir les prix. La coupe la plus importante, décidée par huit membres de l'alliance dont l'Arabie saoudite, la Russie et l'Irak, avait atteint 2,2 millions de barils par jour. D'après les analystes du cabinet Jefferies, "des augmentations plus importantes se poursuivront au cours des prochains mois, ce qui portera le dénouement total de la réduction [passée] de 2,5 millions de barils par jour à septembre [2025]", selon leurs prévisions citées dans Les Échos.
Jorge Leon, analyste chez Rystad Energy et ancien de l'Opep, observe que "le groupe s'oriente fermement vers une stratégie de parts de marché", propos rapportés par Le Figaro. Dans le même article, il est précisé que cette orientation vise aussi à concurrencer les producteurs de pétrole de schiste américains, dont les coûts d'extraction sont plus élevés. En 2025, la production américaine atteint jusqu'à 19 millions de barils par jour, devant l'Arabie saoudite (11,4 millions) et la Russie (11,1 millions). Le baril de référence WTI se négociait à 66 dollars début juillet, un seuil en dessous duquel de nombreuses exploitations américaines deviennent moins rentables.
Parallèlement, le Kazakhstan a fortement augmenté sa production en juin, atteignant 1,88 million de barils par jour, bien au-delà de son quota de 1,5 million fixé dans le cadre de l'Opep+. Cette situation a provoqué l'irritation d'Abdulaziz ben Salmane, ministre saoudien de l'Énergie.