Budget 2026 : un plan d'économies XXL qui divise la classe politique
François Bayrou a présenté, ce 15 juillet, les grandes orientations du budget 2026. Pour ramener le déficit public à 4,6% du PIB, le Premier ministre a détaillé un ensemble de mesures visant à dégager 43,8 milliards d'euros d'économies. Plusieurs décisions annoncées ont immédiatement suscité de vives réactions.
Gel des dépenses, suppression de postes et réduction des soutiens locaux
Le cœur du plan repose sur une "année blanche" : prestations sociales, pensions de retraite, barèmes fiscaux et salaires publics seront maintenus à leur niveau de 2025. Cette mesure vise à freiner la hausse mécanique des dépenses et représenterait une économie de 7 milliards d'euros. Le gouvernement a également confirmé que les crédits alloués aux ministères resteront inchangés, hors défense et charge de la dette.
Dans la fonction publique, 3 000 postes seront supprimés dès 2026. À compter de 2027, un départ à la retraite sur trois ne sera plus remplacé. Plusieurs agences administratives seront fermées. Parallèlement, les collectivités devront contribuer à hauteur de 5,3 milliards d'euros, soit 13% de l'effort total. Un fonds de 300 millions d'euros est prévu pour les départements les plus fragiles, a précisé François Rebsamen, cité dans Le Parisien.
Fiscalité, santé et réformes sociales dans le viseur
Le Premier ministre a annoncé une "contribution de solidarité" pour les foyers à hauts revenus, dont les modalités doivent être définies au Parlement. Il prévoit également la suppression de l'abattement fiscal de 10% pour frais professionnels des retraités, remplacé par un forfait annuel afin de mieux cibler les petites pensions. François Bayrou a déclaré vouloir agir sur les "niches fiscales et sociales inutiles ou inefficaces", selon des propos repris dans Libération.
Un volet santé prévoit un effort de 5 milliards d'euros. La franchise médicale annuelle sur les remboursements doublera, passant à 100 euros. Certains médicaments ne seront plus remboursés intégralement s'ils ne sont pas liés à l'affection déclarée. Le suivi des arrêts maladie prolongés pourra être confié aux médecins généralistes ou spécialistes pour désengorger la médecine du travail.
Travail, consommation, lutte contre la fraude : d'autres leviers mobilisés
Le plan prévoit la suppression de deux jours fériés, évoquant notamment le lundi de Pâques et le 8 mai. Cette mesure générerait, selon le gouvernement, plusieurs milliards d'euros. "Travailler plus pour produire plus", a déclaré François Bayrou lors de sa présentation, cité dans Le Monde.
Un projet de loi visant à créer une allocation sociale unifiée est attendu d'ici la fin de l'année. Le gouvernement souhaite par ailleurs ouvrir des discussions avec les partenaires sociaux sur l'assurance chômage et le droit du travail, en vue de faciliter l'emploi des jeunes et des seniors.
Une taxe sur les petits colis est également envisagée, pour limiter l'afflux de marchandises bon marché venues de l'étranger et favoriser les circuits courts. En parallèle, un projet de loi contre la fraude sociale et fiscale sera déposé à l'automne. François Bayrou a rappelé que "chaque seconde qui passe, la dette augmente de 5 000 euros", selon Les Échos. En 2024, 17 milliards d'euros de fraudes ont été détectés, mais seulement 11 milliards ont été recouvrés.
Une opposition transpartisane face à un exécutif isolé
Marine Le Pen a menacé de censure si le gouvernement maintenait son plan en l'état. "Si François Bayrou ne revoit pas sa copie, nous le censurerons", a-t-elle déclaré. À gauche, Boris Vallaud a dénoncé un budget "brutal et inacceptable". Plusieurs associations ont exprimé leur inquiétude, notamment la Fondation Abbé Pierre. "C'est le scénario catastrophe qu'on craignait", a réagi Manuel Domergue.
Philippe Juvin, député Les Républicains, a rappelé que "les priorités, c'est d'abord de dépenser mieux, et de travailler plus", s'interrogeant sur l'efficacité réelle de la suppression des jours fériés.
Avec une majorité parlementaire fragile et des oppositions déterminées, le gouvernement devra convaincre pour faire adopter le texte à l'automne. Le Premier ministre, donné à 14% de popularité par Les Echos, s'expose à un vote de censure s'il échoue à élargir ses soutiens.