Supercalculateur Asgard : l'arme silencieuse de l'armée française face aux puissances mondiales
La France vient de franchir un cap discret mais déterminant dans le domaine militaire : l'installation d'un supercalculateur entièrement dédié à l'intelligence artificielle. Conçu pour fonctionner hors réseau, Asgard a été mis en service dans un site hautement sécurisé, où il formera les futurs algorithmes de défense sur des données classifiées.
Une machine taillée pour la puissance
Installé dans un espace sécurisé à Suresnes, Asgard ne ressemble pas à un centre de données classique. De l'extérieur, ce sont des conteneurs gris ou verts alignés, posés sur une dalle spécialement aménagée. Mais à l'intérieur, l'architecture technique est dense : plus de 1 000 puces graphiques de dernière génération, fournies par Nvidia, organisées pour produire une puissance de calcul proche de l'exaflop. Un niveau rarement atteint dans le monde militaire.
Chaque processeur (probablement des modèles Blackwell B200) dispose de 180 à 192 Go de mémoire rapide, avec une bande passante pouvant atteindre 8 téraoctets par seconde. L'ensemble consomme jusqu'à 1,5 kilowatt par puce, mais permet d'entraîner des IA complexes à grande vitesse. À titre de comparaison, " il faudrait placer en théorie environ 22 000 ordinateurs grand public très récents et équipés des meilleurs processeurs IA de cette année ", indique Futura Sciences.
Le calculateur est totalement déconnecté d'Internet. Seul du personnel militaire français habilité peut y accéder. HP et Orange ont construit l'infrastructure. Atos, un temps évoqué, n'a pas été retenu. Même si les puces sont américaines, l'appareil reste contrôlé par les autorités françaises, via l'Agence ministérielle pour l'intelligence artificielle de défense (AMIAD).
Un outil pour former les IA du ministère
Asgard servira à tester et entraîner des algorithmes conçus pour des usages strictement militaires. Les premières applications concernent l'analyse des signaux électromagnétiques, un domaine devenu central sur les théâtres d'opération. Bertrand Rondepierre, directeur de l'AMIAD, précise : " Sur un théâtre d'opérations, il y a beaucoup d'émissions d'ondes : radar, conduite de tir, brouillage, communication ", cité par Le Figaro.
Ces IA devront repérer des signaux faibles, distinguer des activités ennemies, ou optimiser les communications en zone brouillée. À terme, elles pourraient être intégrées dans des drones, sous-marins, ou dans des centres de commandement. L'un des projets les plus avancés, baptisé Pendragon, vise à doter des unités robotiques d'une IA collective capable de fonctionner en autonomie.
Les industriels commencent aussi à s'y intéresser. Helsing, ComandAI ou d'autres ont réservé des créneaux pour utiliser le calculateur. Mais les premiers essais porteront sur des projets strictement internes au ministère. Les équipes visent des premiers résultats d'ici fin 2025.
L'enjeu est technique, mais aussi politique. Lors de l'inauguration, Sébastien Lecornu a affirmé : " L'IA révolutionne la guerre qui n'est plus seulement un affrontement des volontés mais une dialectique des algorithmes ", cité par Le Figaro. Il a également annoncé la création d'un Commissariat du numérique de défense pour coordonner ces avancées dans la durée.