La gauche va-t-elle voter l'abrogation de la réforme des retraites proposée par le RN ?
La proposition de loi qui sera débattue lors de la niche parlementaire du RN, le 31 octobre, donne du fil à retordre au Nouveau Front Populaire, habitué à ne pas soutenir les textes de l'extrême droite.
Pour les 193 députés du Nouveau Front Populaire, la perspective du 31 octobre représente un cas de conscience. A cette date, le Rassemblement national défendra dans l'hémicycle une proposition de loi visant à abroger la réforme des retraites, dans le cadre de la première niche parlementaire de la nouvelle législature. La gauche, qui mène un combat acharné contre cette réforme depuis janvier 2023, à l'Assemblée et dans les rues, soutiendra-t-elle le texte du RN ?
Jusqu'alors, la posture des membres du Nouveau Front Populaire a toujours été de ne pas voter les propositions de loi émanant de l'extrême droite. Mais concernant la réforme des retraites, l'enjeu est trop grand pour que la question ne soit pas posée : certains députés de gauche craignent en effet que leurs électeurs ne comprennent pas leur refus de soutenir une abrogation, alors que de nouvelles législatives pourraient avoir lieu dans moins d'un an.
"Nous avons été élus dans le cadre du front républicain"
Pour l'heure, seul le Parti socialiste a tranché : "Nous ne votons ni ne nous associons à aucune initiative du Rassemblement national. En juillet dernier, nous avons été élus dans le cadre du front républicain. Nous restons fidèles à notre ligne de conduite", ont indiqué les députés socialistes ce mardi 24 septembre, dans un communiqué. Ils pointent également le fait que le RN n'a pas d'élus au Sénat, ce qui compromettra la suite de l'examen de la proposition de loi et réduira ses chances de succès.
Le PS s'engage plutôt à proposer "une abrogation de cette réforme lors de l'examen du budget de la Sécurité sociale (PLFSS)", qui sera discuté en octobre, donc avant la niche parlementaire du RN. En cas d'échec à cette occasion, il privilégiera le vote d'une proposition de loi à l'occasion de la première niche parlementaire d'un groupe de gauche : celle de La France insoumise, programmée le 28 novembre.
Un "piège bien ficelé"
Les insoumis ont en effet indiqué qu'ils proposeraient leur propre texte, tout en refusant pour l'heure de préciser s'ils voteraient celui du Rassemblement national le 31 octobre. La position n'est pas non plus tranchée, du moins officiellement, chez les communistes et les écologistes : "On voit l'inconvénient : créditer le RN d'une victoire sociale", pointe le député du PCF Stéphane Peu auprès du Monde : "Mais je veux aussi pouvoir regarder mes électeurs en face. Et ce qui compte pour eux, avant tout, c'est l'abrogation de la réforme des retraites, le plus vite possible."
De son côté, la présidente du groupe écologiste y "réfléchit", tout en dénonçant le "piège bien ficelé" du RN : "La seule coalition qui peut obtenir l'abrogation de la réforme, c'est la gauche, qui compte des sénateurs, contrairement au RN. Le RN le sait. Son seul objectif n'est pas d'abroger la loi retraite, mais de nous mettre en difficulté."