Finances publiques : Moody's alerte une nouvelle fois le gouvernement
En plein examen du budget 2025, l'agence de notation envoie un ultime avertissement au gouvernement sur l'état des finances publiques.
Alors que l'examen du projet de loi de finances 2025 s'éternise à l'Assemblée nationale, l'agence de notation Moody's a publié un communiqué, exprimant une nouvelle fois son inquiétude envers les finances publiques françaises, sans pour autant sanctionner trop durement le pays. Vendredi soir, l'agence de notation a maintenu la note de la France à "Aa2", mais a changé sa perspective d'évolution de "stable" à "négative".
Mener des réformes d'ampleur
Dans son communiqué, Moody's explique que sa décision "reflète le risque croissant que le gouvernement français soit peu susceptible de mettre en œuvre des mesures qui empêcheraient des déficits budgétaires plus importants que prévu". De son côté, le nouveau ministre de l'Économie Antoine Armand a affirmé pouvoir "mener des réformes d'ampleur". "Oui, la France dispose de forces économiques réelles. Elle est aussi capable de mener des réformes d'ampleur. Certaines ont déjà produit des résultats probants en matière d'emploi ou d'attractivité économique pour notre pays. C'est avec cette même énergie que le gouvernement agira pour le redressement de nos finances publique", a-t-il développé.
Ramener le déficit à 2,8% du PIB
Moody's s'était déjà inquiété de l'état des finances publiques françaises en juin, après la dissolution. "Compte tenu de l'instabilité du paysage politique, il est tout à fait possible que les objectifs (de redressement des comptes) soient abandonnés, malgré la probables pression de la Commission européenne", avaient estimé les analystes de l'agence. Quelques mois plus tard, le déficit est désormais attendu à 6,1% du PIB et la dette à 113%. Bercy s'est engagé la semaine dernière auprès de Bruxelles, dans sa trajectoire à moyen-long terme, à ramener le déficit à 2,8% du PIB d'ici 2029. Cependant, la dette se maintiendrait à 115,8%, un niveau très élevé. À dix ans, la France se finance désormais plus cher que l'Espagne ou le Portugal et creuse l'écart avec l'Allemagne. Autour de l'horizon 2029, la charge de la dette est attendue autour de 100 milliards d'euros.
Cependant, cet avertissement tombe à point nommé pour le gouvernement de Michel Barnier. Alors que l'exécutif a vu son calendrier bousculé par de nombreux amendements au projet de loi de finances, l'examen de la première partie du texte reprenant début novembre, l'agence donne ainsi des arguments au gouvernement Barnier. En dégradant la perspective de la note française, cela pourrait aider l'exécutif à faire entendre l'urgence d'une reprise en main des comptes : la France n'a pas les moyens d'une telle crise.