Abrogation des réformes retraites : une victoire symbolique pour l'opposition
La proposition de loi pour réduire l'âge de départ en retraite à 62 ans, adoptée en commission, ouvre un long processus parlementaire.
Le débat sur la réforme des retraites revient sur le devant de la scène législative. Alors que les oppositions multiplient les initiatives pour annuler une réforme vivement contestée, un premier pas a été franchi cette semaine à l'Assemblée nationale, marquant une nouvelle étape dans ce dossier brûlant.
Une première étape décisive pour les opposants à la réforme
Ce mercredi, la commission des Affaires sociales de l'Assemblée nationale a validé la proposition de loi déposée par La France insoumise (LFI). Ce texte, adopté à 35 voix contre 16, prévoit notamment de ramener l'âge légal de départ à la retraite de 64 à 62 ans et de réduire la durée de cotisation à 42 annuités, contre 43 actuellement.
Ces mesures visent à annuler la réforme adoptée en 2023 sous le gouvernement d'Élisabeth Borne ainsi que celle introduite en 2013 par Marisol Touraine.
Les votes en faveur du texte sont venus des rangs de la gauche et du Rassemblement national (RN), qui s'opposent à une réforme jugée "injuste démocratiquement et socialement, et inefficace économiquement", selon Ugo Bernalicis, député LFI et rapporteur du texte, cité par France Info.
À l'inverse, les députés du centre et de la droite ont exprimé leur désaccord, qualifiant la proposition de "pas sérieuse" et "irresponsable", comme l'a affirmé la députée macroniste Stéphanie Rist.
Un chemin législatif semé d'embûches
Si cette adoption en commission marque une avancée, le texte doit encore être examiné le 28 novembre en séance publique à l'Assemblée nationale. En cas d'approbation, il sera ensuite soumis au Sénat le 23 janvier 2025 lors d'une niche parlementaire portée par les sénateurs communistes. Toutefois, une majorité de droite dans la chambre haute laisse présager un rejet probable, avant un éventuel retour à l'Assemblée nationale en février pour une seconde lecture.
La question des annuités a également suscité un débat parmi les socialistes. Certains, bien que favorables à l'abrogation de la réforme de 2023, souhaitent maintenir la réforme Touraine de 2013. L'objectif était de "garantir l'avenir et la justice du système des retraites", a rappelé Laurent Panifous, député du groupe Liot, selon Le Figaro. Cet amendement, visant à préserver les dispositions de 2013 tout en abrogeant celles de 2023, a toutefois été rejeté.
Une opposition unie face à un soutien populaire majoritaire
Les sondages montrent un rejet massif de la réforme des retraites par la population française. Selon une enquête Harris Interactive publiée cette semaine, 71% des Français souhaitent abroger le passage de l'âge légal à 64 ans. Cette opinion publique renforce la position des opposants à la réforme.
"Nous sommes représentant·es du peuple et le peuple rejette cette réforme des retraites. Par nos voix, c'est sa voix qui s'exprime", a déclaré Sandrine Rousseau, députée écologiste, citée par l'Humanité.
Cette union des forces de gauche et du RN ne masque cependant pas les désaccords stratégiques. Le RN avait tenté de faire adopter une initiative similaire lors de sa propre niche parlementaire fin octobre, mais n'avait pas reçu le soutien des députés de gauche. "C'est le même [texte] que le nôtre, et nous, nous ne sommes pas sectaires", a réagi Thomas Ménagé, député RN. Une remarque qui illustre les tensions persistantes entre les deux blocs.
Un revers symbolique pour la majorité présidentielle
L'adoption en commission représente également une défaite symbolique pour le camp présidentiel, qui défend depuis plusieurs mois une réforme jugée essentielle pour équilibrer les comptes publics.
"Il faut être honnête vis-à-vis des Français : si cette réforme est abrogée, certes ils pourront partir à 60 ans, mais avec une retraite beaucoup plus basse", a argumenté Stéphanie Rist.
Alors que le débat se poursuit, l'opposition entend capitaliser sur ce premier succès pour maintenir la pression sur le gouvernement. "Victoire ! Rendez-vous jeudi 28 novembre prochain en séance pour changer la vie", s'est réjoui le groupe LFI sur les réseaux sociaux. Reste à voir si cette dynamique se concrétisera lors des prochaines étapes législatives.