Budget 2025 : Michel Barnier alerte sur une tempête économique imminente

Budget 2025 : Michel Barnier alerte sur une tempête économique imminente Sous la menace d'une motion de censure, le gouvernement Barnier met en garde contre des conséquences financières graves et tente de rallier des soutiens au Parlement.

Alors que le budget 2025 s'apprête à retourner devant l'Assemblée nationale, la pression politique atteint son paroxysme. Michel Barnier, Premier ministre depuis seulement trois mois, est confronté à une menace de censure qui pourrait précipiter son gouvernement dans une crise inédite. Lors d'interventions récentes, il a multiplié les avertissements sur les conséquences économiques graves que provoquerait un rejet du budget.

Un budget sous haute tension

La menace d'une motion de censure plane sur le gouvernement Barnier depuis l'annonce de son intention de recourir à l'article 49.3 pour faire adopter le budget sans vote. Selon Le Monde, ce recours devrait avoir lieu dès lundi 2 décembre, ouvrant la voie à une première motion de censure déposée par la gauche. Si Marine Le Pen, cheffe du Rassemblement National (RN), décidait de soutenir cette motion, l'avenir du gouvernement pourrait basculer.

"Nous empruntons déjà très haut nos taux d'intérêt" a averti Michel Barnier lors de son intervention au journal télévisé de TF1, "presque au niveau de la Grèce". Le Premier ministre met en garde contre une "tempête probablement assez grave" qui pourrait toucher les marchés financiers, si son gouvernement venait à être renversé.

Le ministre du Budget, Laurent Saint-Martin, a lui aussi alerté sur les répercussions économiques : "Ce serait une tempête pour le pays. Le financement de notre endettement serait confronté à des taux d'intérêt en hausse et ça a un coût direct pour le quotidien de nos concitoyens", a-t-il déclaré sur France Inter, cité par Le Figaro.

Des turbulences économiques redoutées

La perspective d'un rejet du budget inquiète également les analystes financiers. Selon Christopher Dembik, conseiller en stratégie d'investissement chez Pictet AM, prévoit que "la réaction des marchés financiers risque d'être assez marquée" en cas d'adoption de la motion de censure.

Les oppositions, de leur côté, relativisent ces craintes. Marine Le Pen a déclaré qu'elle refusait de croire à un scénario catastrophique en cas d'un rejet du budget, déclarant refuser l'idée selon laquelle "s'il y a une censure, ça va être dramatique, ça va être le chaos…". Un avis partagé par Éric Coquerel, député de La France Insoumise (LFI), qui affirme que les conséquences d'un rejet ne seraient pas aussi graves que le gouvernement le prétend.

Une instabilité politique persistante

En coulisses, les tractations politiques se poursuivent. Michel Barnier a récemment rencontré des figures clés de l'opposition, notamment Marine Le Pen et Mathilde Panot, cheffe des députés LFI. Il a également consulté les responsables socialistes Boris Vallaud et Patrick Kanner, mais ces discussions n'ont pas permis de désamorcer la situation.

Le Parti Socialiste, par la voix de son député Arthur Delaporte, a confirmé son intention de voter la censure. "C'est le seul moyen d'empêcher que ce budget aux conséquences néfastes passe", a-t-il déclaré.

Alors que la date fatidique approche, Michel Barnier continue de dramatiser l'enjeu, affirmant que "la responsabilité de garder ou de faire tomber le gouvernement reposerait sur les épaules du Parti socialiste".

Outre les tensions politiques, les conséquences économiques d'une éventuelle chute du gouvernement alimentent les débats. Selon Philippe Waechter, chef économiste chez Ostrum Asset Management, une hausse durable des taux d'intérêt pourrait alourdir "le fardeau de la dette publique", déjà évaluée à 112% du PIB français au deuxième trimestre 2024, selon l'Insee.

Dans ce climat d'incertitude, l'agence de notation S&P doit se prononcer cette semaine sur la dette française. Bien que l'issue reste incertaine, un abaissement de la notation en cas de crise politique prolongée pourrait devenir inévitable à l'horizon 2025.