À l'Assemblée, l'abrogation de la réforme des retraites face à l'obstruction du socle commun

À l'Assemblée, l'abrogation de la réforme des retraites face à l'obstruction du socle commun Les députés insoumis défendent leur proposition d'abrogation à l'occasion de leur niche parlementaire. Mais la droite et les macronistes ont déposé près de 1000 amendements pour tenter d'empêcher le vote.

Le niche parlementaire de La France insoumise était attendue de pied ferme par le Nouveau Front Populaire depuis la rentrée : la gauche y voyait enfin l'occasion d'abroger la réforme des retraites de 2023. La proposition d'abrogation examinée ce jeudi 28 novembre bénéficie a priori d'une majorité favorable, puisque le Rassemblement national a indiqué qu'il la voterait. Mais c'est sans compter sur l'obstruction organisée par les macronistes et la droite.

Les députés du "socle commun" de soutien à Michel Barnier ont en effet déposé près de 1000 amendements, dont un peu plus de 700 ont été jugés recevables. Parmi eux, un grand nombre d'amendements de réécriture, qui ne portent pas sur le fond de la proposition : l'un deux suggère par exemple de renommer le texte "proposition de loi visant à mettre en péril la soutenabilité de notre système social". Un autre propose d'ajouter le mot "irresponsable" après le mot "abrogation". L'objectif, à peine dissimulé, étant de faire durer le débat jusqu'à minuit, afin d'empêcher qu'un vote ait lieu avant la fin de la niche parlementaire.

Plusieurs suspensions de séances

"12:35. L'obstruction des macronistes bat son plein. Nous n'avons toujours pas commencé le débat… sur le titre du projet portant abrogation de la réforme de la retraite à 64 ans", s'étranglait le patron des socialistes, Olivier Faure, à la mi-journée sur X. Plus tard, la présidente du groupe LFI, Mathilde Panot, a dénoncé devant la presse une "obstruction du socle commun" faite de suspensions de séances et de rappels à l'ordre, "mais aussi une obstruction du gouvernement", pointant notamment les multiples interventions de la ministre du Travail.

L'obstruction parlementaire n'est pas un fait nouveau à l'Assemblée : ironiquement, La France insoumise y avait eu largement recours début 2023, au cours de l'examen du projet de réforme des retraites. Mais les niches parlementaires en étaient traditionnellement épargnées, en raison de leur rareté et de leur brièveté. La donne a changé depuis 2022 et l'absence de majorité absolue au palais Bourbon : en novembre 2022, une niche parlementaire LFI avait déjà été l'objet d'une manœuvre similaire du camp macroniste, dans le but d'empêcher le vote d'un texte sur la réintégration des soignants non vaccinés.