En 2024, le marché des fusions acquisitions reste poussif

En 2024, le marché des fusions acquisitions reste poussif Après un coup d'arrêt en 2023, 2024 a marqué le retour de quelques opérations menées par les entreprises.

En 2024, le marché des fusions et acquisitions est resté en demi-teinte, ralenti notamment au deuxième trimestre par les incertitudes politiques et fiscales. Les signaux étaient pourtant au vert, avec l'assouplissement des politiques monétaires des banques centrales, la bonne santé des marchés boursiers et la perspective d'un atterrissage économique en douceur aux États-Unis. Mais le tableau reste mitigé en France. 

Retour sur quelques opérations 

"On reste sur un marché du M&A [fusion et acquisitions en anglais, ndlr] qui est convalescent, il y a eu quelques grosses opérations mais on n'est pas du tout dans les volumes qu'on a pu voir au pic en 2020 et en 2021", explique Céline Méchain, coresponsable du bureau parisien de Goldman Sachs au Figaro. 2021 avait pulvérisé tous les records après le rebond économique qui avait eu lieu à l'été 2020, liés aux confinements et à l'épidémie de coronavirus. 

L'année 2023 avait cependant marqué un "coup d'arrêt sur tous les fronts", mais 2024 a vu le retour de quelques opérations menées par les entreprises. "Par contre, sur les fonds, c'était encore calme [mais] on sent que ça repart. De toutes façons, ils n'ont pas la possibilité d'attendre […] car il y a un nombre record en Europe d'actifs détenus par des fonds [depuis] 5 ans, 6 ans, 7 ans, 8 ans, etc", explique Jérôme Morisseau, codirecteur en France de Bank of America. 

Des incertitudes liées au climat politique 

"L'incertitude sur l'environnement fiscal est un problème pour les entreprises étrangères qui souhaitent investir en France […] Beaucoup attendent de voir si ça se calme, mais pour celles qui ont un plan B dans un autre pays, ils vont choisir le plan B", explique un membre d'un grand cabinet d'avocat d'affaires au Figaro. Car si les Français continuent de se projeter à l'étranger, la période d'instabilité initiée par Emmanuel Macron avec la dissolution le 9 juin dernier a jeté un coup de froid pour l'intérêt des étrangers pour la France. "Les fusions et acquisitions des grandes capitalisations françaises sont portées par l'expansion internationale. La tendance devrait se poursuivre dans un environnement local français plus difficile", selon une étude de Bank of America. 

Les achats d'entreprises françaises par des sociétés étrangères ont baissé de 22% en valeur sur un an en 2024, à 39 milliards de dollars, et de 15% en volume, selon les chiffres de Bain & Company, arrêtés en novembre. De plus, la valeur des transactions réalisées par des entreprises françaises à l'étranger a diminué de 12%. Selon cette même étude, ce sont les transactions intérieures qui ont "stimulé l'activité de fusions et acquisitions, représentant la moitié des 20 principales transactions", comme l'achat par BNP Paribas de la branche de gestion d'actifs d'Axa pour 5,4 milliards d'euros en août dernier. À l'inverse de la santé, le secteur des services financiers a eu le vent en poupe cette année. 

Cependant, certains experts restent optimistes pour 2025. "Nous nous attendons à ce qu'il y ait énormément d'activité sur 2025, notamment au deuxième semestre", le temps que "la poussière retombe un petit peu" aux États-Unis après "l'instabilité, les incertitudes, etc." détaille Jérôme Morisseau.