Le gouvernement Bayrou entame la bataille du budget
Ce lundi débute l'urgente et délicate bataille sur le budget, alors que la France débute l'année sans projet de loi de finances, qui a vu chuter le gouvernement de Michel Barnier suite à la motion de censure votée après le 49.3 sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS). À partir d'aujourd'hui, le ministre de l'Économie, Éric Lombard, et la ministre chargée des Comptes publics, Amélie de Montchalin, doivent s'entretenir à Bercy avec les différentes forces politiques du Parlement. Selon Bercy, il s'agit de "partager les paramètres financiers, légaux ou encore constitutionnels" et de trouver des "compromis". Les ministres devront ensuite faire des propositions d'ouverture à François Bayrou, avant sa déclaration de politique générale le 14 janvier.
Un "moment politique inédit"
C'est le Modem qui sera reçu en premier ce lundi matin, avec Marc Fresneau, patron des députés, suivi des socialistes, avec qui le Premier ministre n'a pour l'instant pas d'accord de non-censure. Le patron du PS, Olivier Faure, ami d'Eric Lombard, sera accompagné de Boris Vallaud, patron des députés, et Patrick Kanner, son homologue au Sénat. Dès fin décembre, le contact a été pris, le Premier ministre échangeant également avec François Hollande. Ce vendredi, à l'issue du premier Conseil des ministres, Sophie Primas, porte-parole du gouvernement, a parlé d'un "moment politique inédit". "Ce gouvernement est né dans la tourmente d'une crise politique majeure […] c'est précisément dans ces tempêtes que chacun doit […] sortir des positions inflexibles, des lignes rouges. […] C'est exactement ce que nous demandons à l'ensemble des groupes politiques, ceux qui sont à l'intérieur du gouvernement, ceux qui sont à l'extérieur".
Des mesures de justice fiscale à un niveau plus élevé
L'objectif du gouvernement avec le PS sera donc de sceller ou non un accord avec eux, afin de ne pas dépendre du RN. Ce dimanche dans un entretien à Ouest France, l'ancien président et député PS François Hollande a avancé que le gouvernement Bayrou "s'il concède des gestes significatifs à l'égard des oppositions de gauche et en faveur des Français […] pourra même tenir jusqu'en 2027". L'ancien président a notamment cité les retraites, affirmant qu'il fallait "corriger" la réforme, ainsi que des "mesures de justice fiscale, à un niveau plus élevé que ce qu'avait prévu Michel Barnier", le soutien à l'hôpital et le renoncement aux 4000 suppressions de postes prévues dans l'Éducation nationale. Il a également demandé de "se mettre clairement à distance du RN". Selon Les Échos, Bercy pourrait maintenir la taxation sur les rachats d'action, prévue au budget Barnier, et trouver un mécanisme pour faire contribuer les plus riches. Il serait possible de maintenir la contribution différentielle sur les hauts revenus (CDHR) malgré l'obstacle des règles de rétroactivité, selon Matignon. Un acompte sur les revenus 2025 pourrait être demandé, avec une correction possible en 2026. Ce samedi sur BFMTV, l'ex-ministre de la Santé Frédéric Valletoux (Horizons), a redit tout le mal qu'il pensait pour le PLFSS d'une hausse du ticket modérateur.
Réexaminer toutes les options
Laurent Marcangeli, ministre (Horizons) de la Fonction publique a affirmé dans La Tribune Dimanche que ce gouvernement est "favorable aux compromis". Il doit recevoir ce lundi les syndicats ainsi que les groupes politiques, glissant que "toutes les options sont à remettre sur la table et à réexaminer". François Bayrou a affirmé à ses ministres qu'il "existe un chemin" pour sortir "de cette période d'instabilité [...] même mieux défini qu'on ne le croit".