Budget : le gouvernement dans l'attente d'un accord avec les socialistes

Budget : le gouvernement dans l'attente d'un accord avec les socialistes Alors que se tiendra ce jeudi une commission mixte paritaire décisive, le gouvernement cherche toujours un accord avec les socialistes, ou une motion de censure pourrait être votée la première semaine de février.

Alors que le projet de loi de finances pour 2025 vient d'être adopté par le Sénat, les négociations se portent désormais sur la commission mixte paritaire (CMP) qui se tiendra ce jeudi, réunissant sept sénateurs et sept députés. Si un accord est trouvé à l'issue de la CMP, le PLF sera ensuite soumis au Sénat et à l'Assemblée, cette dernière pouvant faire appel au 49.3. Si ce scénario se produit, le gouvernement de François Bayrou pourrait faire l'objet d'une motion de censure, trois semaines après l'échec de la première — les socialistes et le RN ne l'ayant pas votée. Pour éviter cette situation, le gouvernement doit trouver un moyen de satisfaire les revendications socialistes sans perdre le soutien de la droite et du bloc central — la copie du Sénat n'ayant pas convaincu pour l'instant. 

Aucun accord en vue 

Jeudi 16 janvier, 8 députés PS ont voté la censure. Pour qu'une motion de censure soit adoptée, il faudrait à peine une quinzaine de députés PS de plus, soutenus par le reste de la gauche ainsi que le RN et ses alliés ciottistes. Et de son côté, La France Insoumise ne lâche pas ses ex-alliés socialistes afin qu'ils votent cette motion. Les "discussions sont encore très difficiles à ce stade" et il n'y a pas d'accord en vue pour l'instant, a déclaré Philippe Brun, député de l'Eure, ce dimanche sur France Info. Brun sera l'un des trois représentants socialistes dans la CMP, déclarant que les concessions du gouvernement restent "très insuffisantes", celui-ci étant surtout "soucieux de satisfaire sa propre base". Car les compromis trouvés avec les socialistes, qui les avaient convaincus de ne pas voter la motion de censure il y a trois semaines, font partie du passé. "Une partie des engagements […] n'ont pas été respectés au moment où nous parlons", regrette Philippe Brun, qui pointe la décision du Sénat d'envisager à nouveau la suppression de 4000 postes d'enseignants ou l'abandon des trois jours de carence, remplacé par "90% seulement de prise en charge des arrêts maladie", alors que ceux-ci avaient été enterrés par l'exécutif sous la pression de la gauche. 

Le budget du compromis 

Ce dimanche, la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin a affirmé que la version du budget adoptée jeudi par le Sénat doit être adoucie pour devenir "le budget du compromis". Selon elle, "le compromis n'empêchera pas, évidemment, le PS d'être dans l'opposition [mais] on peut être dans l'opposition sans censurer, sans tout bloquer". Mais les socialistes ont besoin de garanties et veulent plus que les promesses — non tenues — de la lettre de François Bayrou. "On a des propositions soit pour l'augmentation du SMIC, soit pour l'augmentation de la prime d'activité", a détaillé Philippe Brun. Le PS dénonce également les prises de position de Bruno Retailleau, ministre de l'Intérieur, qui a récemment apporté son soutien au collectif féministe d'extrême-droite Némésis (avant de rétropédaler) et qui a signé une nouvelle circulaire durcissant les règles de régularisation des sans-papiers. "Je suis inquiète de cette censure qui coûte 100 millions d'euros chaque jour" a déclaré Amélie de Montchalin, bien que cela ne soit probablement pas suffisant pour convaincre le PS.