Profits des autoroutes : l'Etat veut récupérer la mise pour relancer les transports
Alors que les concessions autoroutières arrivent à échéance à partir de 2031, le gouvernement prévoit de rediriger les recettes issues des péages vers l'entretien des infrastructures de transport, notamment le ferroviaire et les routes secondaires. Les conclusions de la conférence Ambition France Transports ont été présentées le 9 juillet.
Des recettes ciblées pour des infrastructures vieillissantes
L'État prévoit de flécher jusqu'à 2,5 milliards d'euros par an issus des futures concessions autoroutières vers les investissements dans les transports, sans hausse significative pour les usagers, selon le rapport de synthèse de la conférence. Cette enveloppe représente une part des revenus générés par les sociétés concessionnaires, dont les bénéfices ont atteint 4 milliards d'euros pour un chiffre d'affaires de 39,3 milliards en 2023, d'après Libération.
Les contrats en vigueur depuis 2006 prendront fin entre 2031 et 2036. Le gouvernement a exclu la gratuité des autoroutes, la reprise en gestion publique ou la régionalisation. Le ministre délégué aux Transports, Philippe Tabarot, a confirmé que les nouvelles concessions seraient "mieux contrôlées, dans un cadre plus exigeant" et que "100% de ces recettes" seraient affectées au financement des infrastructures, comme cité dans Le Monde. Ces sommes ne seront pas reversées au budget général, mais attribuées directement aux transports.
Les futurs contrats devraient être plus courts et géographiquement ciblés. Un mécanisme de plafonnement des rendements est également évoqué dans le rapport pour encadrer la rentabilité des sociétés concessionnaires. L'État envisage aussi d'entrer au capital des opérateurs privés, sans en préciser l'ampleur.
Le réseau ferroviaire au centre du dispositif
Les ressources dégagées par les nouvelles concessions autoroutières serviront en priorité à la régénération du réseau ferroviaire. Dès 2028, 1,5 milliard d'euros supplémentaires par an seront nécessaires pour son entretien, selon Jean-Pierre Farandou, président de la SNCF, cité par BFMTV. Celui-ci a averti : "On est à un moment critique. Si on le fait pas, c'est la spirale négative avec 4 000 kilomètres de lignes abîmées dès 2028, 10.000 en 2032".
Aujourd'hui, environ 3 milliards d'euros sont alloués annuellement à la régénération du réseau ferré, dont 500 millions issus des bénéfices de la SNCF. Pour compléter ce financement, le gouvernement envisage de mobiliser les certificats d'économie d'énergie (CEE), ainsi que des partenariats public-privé. Ces ressources permettraient d'amorcer la transition dès 2028, avant que les nouvelles concessions ne produisent pleinement leurs effets à partir de 2031.
Une trajectoire budgétaire à inscrire dans la loi
Les premières orientations issues de la conférence seront intégrées à une loi-cadre en deux volets. Le premier, attendu d'ici fin 2025, doit établir les grands principes. Le second, prévu pour 2026, visera à évaluer les projets en fonction de leur coût, de leur maturité et de leur pertinence. Ces textes devraient préciser la répartition des fonds entre le rail, les routes non concédées, les transports fluviaux et les services express métropolitains.
Le ministre des Transports a rappelé que l'État financerait les études préliminaires pour les RER métropolitains. Il a également mentionné que ces mesures permettraient d'"investir dans la performance et la résilience des infrastructures actuelles", en donnant la priorité à leur remise à niveau plutôt qu'à de nouvelles réalisations.
Le financement des routes secondaires figure aussi à l'agenda du projet de loi de finances 2026, qui doit être présenté à l'automne. Philippe Tabarot a déclaré : "Je souhaite qu'il y ait un financement supplémentaire de prévu dans le PLF 2026 pour nos routes", sans en préciser le montant.