Le gouvernement écarte la taxation des entrepôts des géants du numérique

Le gouvernement écarte la taxation des entrepôts des géants du numérique Face à la vacance croissante dans les centres-villes, le gouvernement a retenu neuf mesures issues d'un rapport sur le commerce de proximité. Mais la proposition visant à taxer les entrepôts des grandes plateformes a été abandonnée.

Alors que 14 % des vitrines sont aujourd'hui fermées dans les centres-villes français, le gouvernement tente de juguler l'érosion du commerce de proximité. Plusieurs mesures issues d'un rapport remis début novembre ont été retenues. En revanche, la taxation des entrepôts des géants du numérique, qui figurait parmi les propositions phares, a été jugée inopportune et écartée.

Des mesures ciblées pour revitaliser les centres-villes

Le gouvernement a annoncé vouloir reprendre neuf mesures du rapport sur le commerce de proximité remis le 5 novembre à Bercy. Trois d'entre elles devraient être appliquées rapidement, selon le cabinet de Serge Papin, ministre des PME et du Commerce.

La première concerne l'ajustement de la taxe sur les friches commerciales, afin de permettre aux élus locaux de mieux cibler les zones concernées. Un amendement sera présenté dans le cadre du projet de loi de finances. Cette taxe vise à inciter les bailleurs à remettre leurs locaux vacants en location.

Deux autres mesures concernent le financement public. Le renforcement des foncières commerciales, qui permettent de réhabiliter les locaux vacants et de réguler les loyers, bénéficiera du soutien de la Banque des territoires à hauteur de 100 millions d'euros. "L'ambition est de diffuser cet outil au plus grand nombre de territoires", a déclaré Serge Papin dans un entretien à Ouest-France.

Le gouvernement souhaite aussi développer le métier de manager de centre-ville, déjà présent dans 500 communes. Ces professionnels assurent l'animation commerciale locale. Ils seront cofinancés par les municipalités et la Banque des territoires. "C'est vraiment un appui fort pour le maire qui ne peut pas tout faire", a souligné Serge Papin.

La taxation des entrepôts jugée contreproductive

Le rapport préconisait une taxation des entrepôts logistiques dès 400 m², notamment ceux des grandes plateformes de e-commerce. Cette recommandation n'a pas été retenue. Le cabinet du ministre a justifié ce choix dans La Gazette en indiquant que "les commerces de centre-ville ont des entrepôts à quelques kilomètres et on ne peut pas cautionner cette taxe, qui ne va pas dans le sens que l'on souhaite".

Serge Papin a précisé que cette piste "mérite d'être creusée avec les rapporteurs", mais ne constitue pas une priorité pour le gouvernement. Selon lui, une telle mesure risquerait aussi d'épargner les acteurs les plus agressifs du commerce en ligne, qui ne disposent pas d'entrepôts en France.

Le gouvernement mise plutôt sur d'autres leviers. Une taxe de 2 euros sur les petits colis, applicable au 1ᵉʳ janvier 2026, vise à freiner l'importation massive de produits bon marché. "Ce modèle est systémique et vient inonder la France, l'Europe.  Nous devons protéger le consommateur", a estimé Serge Papin dans Ouest-France, à l'issue d'une opération de contrôle sur des colis Shein menée à Roissy.

En parallèle, une mission sur la transmission des commerces, lancée en juillet, devrait rendre ses conclusions avant la fin de l'année. En 2024, 57 % des cessions d'entreprises concernaient le secteur du commerce et de la restauration.