SFR Business peaufine son dispositif face à Orange Business Services
Deuxième opérateur B2B derrière Orange, SFR Business achève l'intégration de Completel, Telindus France et Numergy. Ce qui passe par une nouvelle organisation commerciale.
On l'avait un peu oublié au terme d'une année 2015 particulièrement mouvementée avec sa prise de contrôle par Altice, le conglomérat de Patrick Drahi, mais SFR comporte aussi un pôle significatif dédié aux Entreprises. "Nous avons un million de clients B2B dans le monde", proclamait Pascal Rialland, ancien patron de cette même activité chez SFR, en novembre dernier. Fraîchement nommé patron du pôle B2B d'Altice, ce dernier n'en dira guère davantage quant aux synergies potentielles avec ses diverses activités B2B aux quatre coins du monde (Portugal Telecom, Orange Dominicana, Hot en Israël, ainsi que Suddenlink et Cablevision - deux câblo-opérateurs américains récemment rachetés par Altice).
SFR pèse 20% du marché BtoB français des communications
Il n'empêche, avec 2,2 milliards d'euros de chiffre d'affaires dans le B2B, SFR pèse environ 20% du marché tricolore des communications d'entreprise (marché évalué par l'Arcep à 10,1 milliards d'euros en 2014). Fort de 3 970 collaborateurs et de 250 "Espaces SFR Business", sa division B2B revendique 190 000 entreprises clientes, de la TPE aux sociétés du CAC 40. Rebaptisé SFR Business en septembre, l'ex-SFR Business Team aura consacré une bonne partie de 2015 à se mettre en ordre de bataille afin d'intégrer Completel (ex-division B2B de Numéricable) et Telindus France, un intégrateur hérité de Vivendi.
Avec environ 350 millions d'euros de chiffre d'affaires, l'ex-Completel constitue un apport non négligeable pour SFR Business même si le nouvel ensemble a dû se délester de l'ancienne activité DSL de Completel, revendue à Kosc Telecom, un consortium, dans lequel on retrouve notamment OVH, créé pour satisfaire aux exigences de l'Autorité de la concurrence. Autre apport, celui de Telindus France (environ 250 millions d'euros de chiffre d'affaires), un spécialiste de l'exploitation d'infrastructures IT issu de Vivendi, qui a logiquement rejoint le pôle B2B du nouvel ensemble.
Fort d'une nouvelle organisation commerciale basée sur le principe d'un interlocuteur unique pour l'ensemble de son offre (fixe, mobile, services réseaux, sécurité, CRM, cloud, M2M, Internet des objets, datacenters), Guillaume de Lavallade, nouveau directeur exécutif de SFR Business depuis septembre 2015 et ancien directeur de la relation-client B2B de SFR, s'estime bien armé pour consolider sa position de numéro deux français auprès des entreprises, notamment dans le fixe - qui pèse les deux tiers de l'activité. "Nous sommes devant Orange en nombre de communes pour lesquelles les entreprises sont éligibles à la fibre optique", revendique le directeur exécutif de SFR Business (1). "Nous sommes présents [toujours dans la fibre] dans 95% des villes de plus de 50 000 habitants, et 50% des sites d'entreprises de plus de vingt salariés sont éligibles - avec un objectif de 70% fin 2017", poursuit-il. Une manière pour SFR Business de réaffirmer l'engagement du groupe, parfois controversé en ce qui concerne les particuliers, en faveur de la fibre optique (2).
Une valeur ajoutée mise en avant dans les plans de reprise d'activité
Autre facteur de différenciation : les plans de reprise d'activité (PRA) des opérateurs d'importance vitale (OIV) dans des domaines comme l'énergie, les transports, l'assainissement, les hôpitaux ou encore la sécurité civile, où les télécoms jouent un rôle crucial. Même analyse en ce qui concerne la cyber-sécurité. "Nous avons de moins en moins d'équipements sur site et privilégions systématiquement nos points de présence et nos datacenters", assure Guillaume de Lavallade.
L'intégration de l'offre de Numergy est en cours
Dans le cloud, l'intégration de Numergy, suite à sa reprise à 100% par SFR, est en cours sous la houlette de Guy Roussel, l'ancien patron du conseil de surveillance de cloud souverain. Une reprise logique dans la mesure où Numergy s'appuyait exclusivement sur des serveurs de SFR avant que son principal actionnaire (47%) n'en prenne le contrôle. "Nous sommes en train d'intégrer les deux portefeuilles", confirme Guillaume de Lavallade, en précisant que SFR conservera une offre OpenStack.
Côté distribution, l'opérateur agit soit en direct, à travers ses 1 800 commerciaux et ses Espaces Entreprises, soit à travers LTI Telecom et Futur, deux opérateurs spécialisés issus de l'acquisition de Completel, désormais chargés d'animer un réseau de 650 partenaires indépendants à destination des TPE/PME.
SFR Business n'en reste pas moins loin derrière Orange Business Services (OBS) crédité de plus de 60% de parts de marché (voire davantage selon les offres). Une dimension qui n'a d'ailleurs pas échappé à l'Autorité de la concurrence qui, suite à une longue instruction initiée par Bouygues et SFR, vient de condamner Orange à 350 millions d'euros d'amende pour "abus de position dominante" sur le marché entreprises.
Reprise de Bouygues Telecom Entreprises : SFR Business vigilant
Une situation quelque peu anachronique puisque l'Autorité elle-même reconnaît que cette situation perdure encore aujourd'hui ! Ce qui pose incidemment la question de l'avenir de Bouygues Telecom Entreprises (qui enregistre environ 600 millions d'euros de chiffre d'affaires) en cas de rapprochement de Bouygues Telecom avec Orange. Interrogé par le JDN, SFR Business ne fait pas de commentaire particulier, si ce n'est de rappeler les obstacles réglementaires que cela pourrait poser et la nécessité d'être extrêmement vigilant quant au poids, déjà conséquent, d'OBS sur ce marché. Une analyse à rapprocher des conditions imposées par l'Autorité de la concurrence lors du rachat de SFR par Numéricable, Completel étant alors obligé de se séparer de son réseau DSL en raison d'un "risque de duopole avec Orange" dans certaines zones géographiques. Ce qui ne manque pas de surprendre tant les autres acteurs du B2B, essentiellement Bouygues Telecom Entreprises et Colt, sont loin derrière avec respectivement de l'ordre de 6% et 3% de parts de marché...
(1) 710 communes selon SFR ; 480 communes pour Orange selon Ariase, un site spécialisé dans la comparaison de l'offre des opérateurs télécoms, cité par SFR.
(2) De l'ordre de 2,5 millions de foyers raccordés en FTTH, contre 5,2 en FTTB, soit un total de 7,7 millions de foyers éligibles à la fibre, toutes technologies confondues, en novembre 2015, selon SFR.