Comment atteindre l'objectif de la souveraineté numérique en Europe

L'Union européenne prévoit que d'ici la fin de l'année, la contribution du cloud computing à l'économie européenne atteindra près de 560 milliards d'euros.

Les avancements vers le cloud resteront en suspens sans la mise en place de mesures concrètes. L'impulsion de l’UE pour réduire sa dépendance envers les grands acteurs du cloud donne une signification particulière à l'actuelle effervescence en matière de nouvelles réglementations, et elles sont déjà nombreuses.

L’impact des Législations sur les décisions d'achat et les investissements dans le cloud

Le Règlement pour une Europe interopérable renforce la coopération pour l’interopérabilité entre administrations publiques ; le Règlement sur la gouvernance des données oblige les intermédiaires à prendre toutes les mesures nécessaires pour éviter l’accès par des entités gouvernementales à des données non personnelles, ou leur transfert à l’international ; enfin, le Règlement européen sur la résilience opérationnelle numérique (DORA) créée un cadre en vertu duquel les entreprises doivent veiller à pouvoir résister à tous les types de perturbations et de cybermenaces, y répondre et s’en remettre. D’autres législations sont également confirmées ou en phase de planification.

Les complexités, logiques et objectifs de chacune d’entre elles ont fait l’objet d’une large couverture médiatique. À l’heure actuelle, ces législations en pleine évolution ont un impact sur les stratégies et décisions d’achat relatives au cloud, qui exercent à leur tour une influence sur les dépenses et investissements des entreprises. L’Europe a donc un besoin de clarté et de certitudes quant à son avenir, et doit s’en donner les moyens pour s’y préparer.

Pour favoriser le développement de ses entreprises, augmenter ses recettes fiscales et soutenir sa prospérité grâce à une démocratie et un État de droit fonctionnels, l’UE devra également s’appuyer sur des technologies numériques. C’est la raison pour laquelle l’informatique quantique, la blockchain, l’intelligence artificielle ou encore les services Cloud sécurisés ont bénéficié, en tant que futurs piliers de la souveraineté de l’Europe numérique, de financements ciblés et d’un soutien en faveur de leur développement..

Pour aller encore plus loin et plus vite, l’adoption de l’edge et de l’open source doit s’accélérer. À l’échelle globale, ces deux modèles peuvent offrir à l’Europe une chance de créer et d’entretenir sa propre approche indépendante du numérique.  Les concepts d’open source et de souveraineté numérique sont tous deux basés sur des principes de liberté, de choix et de flexibilité. Quant à l’Edge, il aide à comprendre où résident les données et qui les gouverne. Une fois les bénéfices potentiels de ces deux modèles maîtrisés, l’Europe sera alors propulsée dans une nouvelle réalité.

L’importance du cloud smart

Si l’on tient compte de la diversité des influences et facteurs affectant les régulateurs, législateurs, dirigeants d’entreprises et citoyens, la route menant vers le cloud souverain s’annonce longue et sinueuse. Néanmoins, il est nécessaire de mettre en place dès maintenant les mécanismes de gouvernance nécessaires au contrôle des données pour que nous ne soyons pas rapidement dépassés. Selon Statista, le volume de données devrait plus que doubler au cours des cinq prochaines années. En outre, les problématiques liées à l’origine, à la collecte, au traitement, à la gestion et à la monétisation des données sont amenées à se multiplier.

Les organisations doivent être en mesure de contrôler au plus vite le lieu de résidence de leurs données, sans faire de compromis en matière de souveraineté ou de conformité, et en choisissant les entités chargées de leur gestion. Il est plus important que jamais pour ces entreprises d’adopter une approche "cloud smart" et de faire dès que possible appel à plusieurs fournisseurs de services cloud, afin d’éviter l’enfermement propriétaire ou les offres risquant de poser des problèmes plus tard – lors de l’entrée en vigueur de nouvelles réglementations ou à l’issue d’un simple rapatriement.

Mobiliser l’écosystème européen

La création d’un cadre pour un cloud souverain n’est pas une fin en soi ; il s’agit plutôt du point de départ vers un nouvel avenir européen tourné vers le numérique, et afin d’offrir une infinité de possibilités aux entreprises, citoyens, gouvernements et nations. Cependant, ce cadre doit également tenir compte de l’économie numérique contemporaine.

Pour bâtir une infrastructure suffisamment sécurisée, fiable, et résiliente pour préserver nos données, protéger nos citoyens et stimuler notre économie, il nous faut prendre en considération les impératifs stratégiques de l’Union européenne et de chacun de ses États. Avec l’ombre de l’US Cloud Act qui plane toujours, la commission Européenne et les Etats membres renforcent la pression exercée sur leurs organisations publiques et les entreprises à utiliser un vrai cloud souverain. Cette mission ne saurait être accomplie par une entreprise ou un gouvernement isolé(e). De nombreux acteurs au sein de l’écosystème de l’Union européenne devront donc travailler ensemble – et il y a beaucoup à accomplir pour atteindre la souveraineté numérique en Europe.