Comparatif des plateformes d'observabilité : Dynatrace se détache

Comparatif des plateformes d'observabilité : Dynatrace se détache Datadog, New Relic, Grafana... Le point sur les principales solutions du marché, avec un focus sur leurs points forts et marqueurs de différenciation.

Si l'application performance management (APM) se penche sur les applications en monitorant les transactions, l'observabilité, quant à elle, couvre aussi bien les performances applicatives que celles de l'infrastructure et du middleware. Le tout en temps réel. Dans cette optique, elle passe par la collecte et l'analyse de trois types de données : les logs, les traces et les métriques. Les logs sont des enregistrements textuels des événements survenus dans une solution, fournissant des informations précieuses pour le débogage de celle-ci et la résolution de problèmes. Les traces, quant à elles, offrent une vision détaillée des flux d'exécution, ce qui facilite l'identification des goulots d'étranglement et des causes d'un déficit de performance. Les métriques, elles, sont des mesures quantitatives qui décrivent l'état et les performances d'un système à un instant T. Elles peuvent inclure des indicateurs tels que le temps de réponse, l'utilisation de la mémoire ou le nombre de requêtes par seconde.

Au sein des plateformes d'observabilité, plusieurs acteurs se détachent. Parmi eux figurent Datadog, Dynatrace, Grafana et New Relic. Tous les quatre arrivent en tête des leaders identifiés par le Gartner dans son dernier Magic Quadrant ciblant ce secteur. Parmi ces applications, l'une ressort largement du lot : Dynatrace.

Comparatif des plateformes d’observabilité
Points forts Datadog Dynatrace Grafana New Relic
Version cloud X X X X
Version sur site   X X  
Richesse des agents X X    
Templates de dashboarding avancés       X
Cloud cost management avancé X      
Tarification Basée sur le nombre d'hôtes Basée sur le nombre de sessions, de requêtes ou le temps d'exécution Basée sur un modèle open source Basée sur le volume de log

"Dynatrace est de loin l'éditeur le plus dynamique en termes de recherche et développement", affirme Ossama Benaziz, expert APM & observability au sein de l'ESN française Linkway. Autre point fort de cet acteur : une richesse particulière en termes d'extensions permettant notamment de s'interfacer avec des outils d'IT service management et des applications tierces d'analyse de la performance. "L'intégration entre Dynatrace et ServiceNow par exemple est très simple à mettre en œuvre", commente Thierry Luc, CTO infrastructure & security services chez Sopra Steria. Dans son Magic Quadrant, le Gartner insiste de son côté sur la palette d'applications supportées : "Dynatrace recouvre l'observabilité des architectures modernes comme Kubernetes, les containers et les fonctions cloud, aussi bien que les solutions historiques parmi lesquelles les mainframes ou les systèmes SAP."

Datadog, premier de la classe côté cloud

Mais sur le plan du cloud au sens strict, c'est bien Datadog qui tire son épingle du jeu. Né avec la vague du nuage, l'éditeur de New York est historiquement plus avancé dans ce domaine. "C'est un champ dans lequel Dynatrace a mis beaucoup plus de temps à se positionner", constate Thierry Luc. Et Guillaume Estassy, senior engineering manager SRE et observability chez Octo Technology (groupe Accenture) d'enfoncer le clou : "Parmi les facteurs différenciant de Datadog comparé à Dynatrace (et aux autres acteurs de ce comparatif, ndlr) figure une solution de cloud cost monitoring qui permet de centraliser le reporting de coût des cloud providers."

Un autre point fort de Dynatrace réside dans la simplicité de ses agents de supervision. Des composants qui se chargent de capter la performance en fournissant une vue full stack, du back end au front end des systèmes. "Vous n'avez pas à vous préoccuper de la technologie sous-jacente pour identifier l'agent à déployer. Dynatrace fonctionne en mode auto-discovery. Vous déployez l'agent et celui-ci se charge ensuite de tout, quel que soit le type d'applicatif, depuis la détection des logs jusqu'à la mise en place du tracing et des métriques", souligne Ossama Benaziz. Thierry Luc abonde dans le même sens en nuançant légèrement. "Sur le plan de l'agentless, Datadog n'est pas très loin derrière, mais Dynatrace reste sur ce plan devant en termes d'automatisation."

"Au-delà des solutions propriétaires, Grafana Labs est une solution à prendre en compte"

Toujours chez Dynatrace, on retrouve Smartscape. Un composant dont les autres plateformes d'observabilité disposent également, mais pas de manière aussi qualitative. Il permettra de visualiser de manière dynamique l'ensemble des microservices d'une infrastructure.

Qu'en est-il de Dynatrace sur le plan de la sécurité ? C'est un domaine dans lequel le fournisseur se détache suite à son partenariat avec Snyk. Une solution qui permet à la plateforme de fournir une visibilité unifiée des failles de sécurité sur l'ensemble du cycle de vie d'un déploiement.

"Datadog est aussi très riche en matière de sécurité", complète Guillaume Estassy. "Dans ce domaine, il coche toutes les cases depuis le cloud security posture management jusqu'au security information & event management." Pour finir, Datadog se démarque également dans le management d'incident, notamment par sa capacité à améliorer le délai moyen de réparation d'un système. "Au-delà de la détection d'anomalie, il permet d'accompagner l'ingénieur qui gère les incidents sur les phases de communication en proposant y compris de générer automatiquement les post-mortem", indique Guillaume Estassy.

Dynatrace reste onéreux

Côté ergonomie, Dynatrace n'est pas en reste. Né en 2005, le fournisseur du Massachusetts a su moderniser son interface. Elle est désormais très proche de celle de Datadog, un acteur qui est, lui, apparu en 2010 à l'heure du HTML5.

Parmi les points faibles de Dynatrace : la solution reste onéreuse comparé aux autres solutions du comparatif. "Datadog présente un modèle de licensing qui est plus facile d'accès", pointe Thierry Luc. Un positionnement qui est loin d'être étonnant : Alors que Datadog est très présent sur le marché du middle market, Dynatrace cible beaucoup plus les grands comptes, en particulier dans la banque, l'assurance et le retail. De son côté, Guillaume Estassy note l'extrême richesse fonctionnelle de Datadog au détriment d'une politique de pricing qui demeure complexe.

Côté New Relic, la solution livre beaucoup de templates prédéfinies dans le reporting de logs. "Pour Kubernetes par exemple, un modèle plug-and-play fournira immédiatement une vue sur les clusters, les Pods, les nœuds, les workloads, et autres différents services", détaille Ossama Benaziz. Des modèles qui faciliteront la constitution des rapports et tableaux de bord de suivi de performance, avec à la clé une ergonomie de qualité. "Sur ce point, New Relic passe devant Dynatrace", assure Ossama Benaziz.

"Les solutions d'observabilité open source, parmi lesquelles on retrouve aussi ELK et Centreon impliquent de déployer d'importantes équipes"

Dernier point : l'intelligence artificielle. C'est un aspect sur lequel Dynatrace est, là-encore, bien positionné. L'éditeur a développé un moteur d'IA baptisé Davis, que relève également le Gartner. "Il est capable de faire des corrélations avancées", constate Ossama Benaziz. "Suite à la détection d'un temps de réponse dégradé, il remontera à l'origine du problème en faisant le lien par exemple avec la dégradation de la performance d'une API requêtant une base de données." Et Guillaume Estassy d'enchainer : "J'ai de très bons retours de clients qui ont optimisé leur délai moyen de réparation grâce à l'IA de Dynatrace." Un point qui est, ici aussi, corroboré par le Gartner.

Au-delà des solutions d'observabilité propriétaires, Grafana Labs est une solution à prendre en compte. Cette plateforme propose une stack complète en open source. Une offre qui dispose en parallèle de sa déclinaison cloud. "Globalement, Grafana Labs est plus orientée tech, ciblant les profils de DevOps et de site reliability engineering", indique Guillaume Estassy. Et Thierry Luc chez Sopra Steria de compléter : "Les solutions d'observabilité open source, parmi lesquelles on retrouve par ailleurs ELK (pour ElasticSearch, Logstash, Kibana, ndlr) et Centreon impliquent de déployer d'importantes équipes en charge de leur personnalisation et de leur maintenance. Elles n'ont pas autant de bibliothèques pré-packagées que les solutions propriétaires."

Pourquoi Grafana se détache-t-elle au sein des applications d'observabilité open source ? "Parce qu'elle est équipée d'outils d'intégration, et propose une combinaison fine entre les traces, les logs et les métriques", justifie Guillaume Estassy. Et le Gartner d'ajouter : "Quant à Grafana Cloud, il est hébergé dans 19 régions d'AWS, de Microsoft Azure et de Google Cloud Platform. Cette empreinte impressionnante permet aux clients de choisir un emplacement, à la volée, en fonction de leur besoin en termes de latence et de souveraineté."