Transformation cloud : comment mettre tous les atouts de son côté ?
La transformation numérique via le cloud offre agilité et innovation, mais trop d'entreprises échouent à maximiser ces avantages, faute d'une véritable réinvention de leurs processus IT.
La transformation numérique est devenue une nécessité pour rester compétitif, de nombreuses grandes entreprises se tournent vers le cloud, attirées par les promesses d’agilité, de réduction des coûts et d’innovation. Alors pourquoi tant d'entreprises peinent-elles à concrétiser ces avantages ?
Selon le groupe Gartner, 85% des entreprises adopteront une stratégie "cloud-first" d'ici 2025(1) et d’après une étude de McKinsey(2) le passage au cloud pourrait augmenter les bénéfices des entreprises de 20% sur une période de cinq ans. Une promesse de valeur qui a très souvent dans les faits des difficultés à se concrétiser.
Le cloud est souvent perçu comme la solution miracle pour résoudre tous les problèmes technologiques. Cependant, cette perception est trompeuse. Ce n’est pas parce qu’une entreprise se dote d’infrastructures cloud qu’elle va soudainement voir ses performances s’envoler, tout comme posséder une Formule 1 ne garantit pas de remporter un Grand Prix. La valeur, et donc le succès, dépendent de la manière dont ses ressources sont intégrées au SI, tant d’un point de vue technologique qu’opérationnel. Il s’agit d’intégrer le cloud dans un projet de transformation dépassant l’angle de la technique pour repenser les processus autour de la construction, de l’exploitation et de la maintenance de systèmes IT en s’appuyant sur les caractéristiques essentielles et exclusives du cloud. Trop d’entreprises se contentent de migrer leurs applications existantes vers le cloud sans impacter, ou bien seulement à la marge, les processus et modèles opérationnels IT, les architectures applicatives de référence. Elles reproduisent simplement ce qu’elles faisaient auparavant, mais dans un nouvel environnement. Environnement qui dispose de la souplesse nécessaire pour rendre cette approche techniquement possible et fonctionnelle, donnant l’illusion du succès tandis qu’au final peu (voir pas du tout) de valeur n’est dégagée.
Le piège de la transposition sans transformation
Cette approche conservatrice, consistant à "faire comme avant mais dans le cloud", ne permet pas de libérer le plein potentiel de la technologie. Pire, elle peut même entraîner des surcoûts et une complexité accrue. Le cloud n’est pas qu’une simple question d’hébergement. C’est un modèle fondamentalement différent, basé sur la disponibilité immédiate de ressources mutualisées. Cette immédiateté à un coût, non négligeable, avec un surcout ramené à un mois d’utilisation de l’ordre de 300% pour une ressource cloud par rapport à une ressource dédiée équivalente traditionnelle. Ne pas s’appuyer sur cette spécificité du cloud pour produire de la valeur ou de l’optimisation, c’est mécaniquement faire de la transformation un échec comptable.
Un modèle cloud ne peut proposer de valeur vis-à-vis des solutions plus traditionnelles qu'au travers de la mise en œuvre du paradigme cloud, défini par le National Institute of Standards and Technology (NIST)(3), qui repose sur cinq caractéristiques fondamentales(4), dont trois clés : le service à la demande, l’élasticité et la mutualisation. Le service à la demande offre un accès direct aux ressources, l’élasticité ajuste les capacités en temps réel, et la mutualisation réduit les coûts en partageant les infrastructures. Ces caractéristiques, pour être mises en œuvre, nécessitent toutefois des changements profonds dans les structures et l’organisation des entreprises.
Bien sûr, personne ne s’attend à ce qu’une grande organisation se bouleverse du jour au lendemain, l’inertie d’un contexte technique, méthodologique et opérationnel hérité de nombreuses années de pratique du SI rend l’évolution longue : pour les outils, pour les process, pour les humains. Mais il n’y a pas de changement de route sans notion de la direction à prendre ni sans volonté de bifurquer, par itérations successives et avec une progressivité adaptée au contexte le paquebot bouge et chaque degré supplémentaire est porteur de valeur.
En somme, le cloud ne doit pas être considéré comme une fin en soi, mais comme un outil de transformation. Ceux qui sauront l’exploiter pour réinventer leurs opérations seront les grands gagnants de la révolution numérique. Les autres risquent de rester à la traîne, malgré leur Formule 1 flambant neuve.
(2) McKinsey - Cloud migration opportunity
(3) Etude complète
(4) Le self-service, la mutualisation, le réseau omniprésent, l'élasticité et la mesure permanente