Xavier Perret (Microsoft Azure) "France Centre est souvent la première région cloud en Europe où sont déployés les derniers modèles d'OpenAI"
Le directeur Azure de Microsoft France détaille les principales tendances des clients locaux du cloud de l'éditeur américain en termes de projets de déploiement, notamment dans l'IA générative.
JDN. Quelles sont les principales tendances en matière de cloud en France en ce début d'année ?

Xavier Perret. Le marché français continue de progresser. Les entreprises hexagonales ne sont pas encore toutes passées au cloud. Le mouvement se poursuit. Sur ce plan, on constate en particulier une forte tendance en faveur de l'hybridation. Ce qui se traduit chez nous par la mise en œuvre du service Azure Arc (qui permet de déployer des services Azure sur site, ndlr). De nombreuses entreprises souhaitent en effet migrer vers le cloud mais sans pour autant y basculer l'intégralité de leur système d'information. Elle hybride par conséquent cloud public et cloud privé.
L'adoption du cloud reste aussi poussée par la modernisation applicative qui passe notamment par l'IA générative. Les entreprises profitent en effet de leur migration vers le cloud pour réécrire leurs applications en vue de tirer pleinement parti de ce nouveau modèle. Ce n'est pas nouveau. Mais cette tendance se poursuit et s'intensifie avec l'IA. En parallèle, on note une démocratisation de GitHub Copilot. Elle s'accompagne d'une montée en puissance du platform engineering autour notamment de la notion de CI/ CD (ou continuous integration and continuous delivery ou intégration et déploiement continus, ndlr).
Quels sont les services Azure à plus forte croissance sur la région France Centre d'Azure ?
En cohérence avec les tendances déjà décrites, il s'agit d'Azure Container Instance et Azure Kubernetes Service pour la modernisation d'applications. Mais aussi du service Azure OpenAI et des modèles de Mistral pour l'IA générative. Sans surprise, nous retrouvons également Github Copilot et nos services de CI/CD pour le platform engineering.
Enfin, Microsoft Fabric est l'un de nos best-seller du moment car il correspond à un besoin de fond de nombreuses entreprises qui souhaitent désiloter leurs informations sans pour autant avoir à les migrer d'un système à l'autre. Par le biais du format standard Delta-Parquet, cette solution ouvre un accès aux données quel que soit leurs emplacements. Partant souvent de l'outil de business intelligence PowerBI, nos clients ont la possibilité via Fabric d'ouvrir leurs silos à l'ensemble de la chaîne data, du data engineer au data analyst en passant par le data scientist, et ainsi de bénéficier d'un data lake multicloud.
Quelles sont les spécificités du marché français du cloud en 2025 ?
C'est un marché qui est très technologique dans son approche. Il se pose les bonnes questions sur la manière de sécuriser l'infrastructure cloud, de déployer les applications, mais aussi de migrer progressivement vers le cloud en évitant le mode big bang.
Quid des premiers retours d'expérience que vous pouvez mettre en avant sur Azure en matière d'IA générative ?
Nous sommes désormais passés en mode déploiement chez de nombreux clients sur des cas d'usage qui sont assez évidents. Ces projets recouvrent l'assistance aux agents de support et aux conseillers, la gestion des connaissances, le RAG… Mais pas seulement. Doctolib s'adosse par exemple à nos technologies pour proposer un assistant qui génère des comptes-rendus de réunion. Autres références, Carrefour et Club Med déploient Azure OpenAI pour supporter un chatbot de gestion de la relation client.
"France Centre propose GPT-4o depuis plusieurs mois déjà, mais sans la partie audio qui demeure en préversion"
En parallèle, les entreprises continuent à se poser des questions sur la capacité d'innovation de l'IA générative. Elles planchent sur des preuves de concept pour étudier des cas d'usage moins évidents. Ces projets sont beaucoup plus orientés métier et processus. Siemens s'est par exemple appuyé sur Azure pour développer un copilot industriel orienté client. Baptisée Siemens Industrial Copilot, cette application automatise l'ingénierie produit. Partant de ce besoin, nous avons décidé de lancer sur Azure une série de modèles spécifiques au secteur industriel. Ils permettent notamment d'interroger un assistant pour dénicher l'origine d'une panne ou d'automatiser des fonctions de gestion de la chaîne logistique.
Supportez-vous les derniers modèles d'OpenAI sur la région France Centre d'Azure ?
Azure France Centre fait partie des 60 régions d'Azure à travers le monde. C'est souvent la première région cloud en Europe où sont déployés les derniers modèles d'OpenAI aux côtés de la région d'Azure basée en Suède. Dans cette logique, France Centre propose GPT-4o depuis plusieurs mois déjà, mais sans la partie audio qui demeure en préversion. Nous proposons aussi localement d'autres modèles de langue tels que ceux de Mistral.
Le tout est intégré à Azure AI Foundry qui était baptisé auparavant Azure AI Studio. Cette solution est taillée pour industrialiser et sécuriser la mise en œuvre des modèles via un environnement de LLMOps.
Comment Microsoft Azure gère-t-il la contrainte du Cloud Act américain tout en répondant aux exigences de confidentialité des données des clients français et européen ?
Via Azure, nous proposons un certain nombre de garanties. A partir du moment où le client utilise une région cloud située à l'intérieur de l'Union Européenne, on s'engage notamment à ce que les données et les services Azure invoqués restent localisés au sein de l'UE. Cet élément est sollicité par une majorité de clients européens. Ensuite, nous fournissons la possibilité de chiffrer les données, que ce soit en transit, lors de leur stockage ou de leur traitement. Le tout via des clés de cryptage privées dont le client conserve la pleine maîtrise (ce qui évite tout accès aux informations, y compris dans le cadre d'une procédure de Cloud Act intentée depuis les Etats-Unis, ndlr). Dans le cadre d'Azure OpenAI, nous proposons d'ailleurs en préversion la possibilité de chiffrer les traitements de bout en bout, du fine tuning à l'inférence.
Enfin si l'environnement doit répondre aux normes d'un cloud de confiance et être labellisé SecNumCloud, le client pourra se tourner vers notre partenaire Bleu qui propose Azure depuis une structure juridique franco-française (et donc entièrement isolée des réglementations extraterritoriales type Cloud Act, ndlr).
Diplômé du Corps des Mines, ainsi que d'un MBA Exécutif ESSEC-Mannheim, Xavier Perret travaille dans le domaine de l'IT et de l'Internet depuis plus de vingt ans. Avec un parcours hybride d'ingénieur, marketing, sales, il a cofondé et accompagné plusieurs startups, occupé plusieurs fonctions au sein de grands groupes de télécoms et d'informatique et écrit deux livres sur la transformation digitale. Il est aujourd'hui directeur de l'entité Azure de Microsoft France en charge, notamment, des solutions d'IA, des infrastructures, du cloud et des développeurs.