Réseaux sociaux, vie privée et cybersécurité : savoir se protéger

Si les opportunités sont nombreuses avec le numérique, en cela qu'il permet notamment de lutter contre la solitude, il est essentiel de ne pas perdre de vue que des risques existent. Et il est de notre devoir à tous d'informer à ce sujet.

Avec le confinement que le monde entier a vécu au printemps 2020, les nouvelles technologies ont continué de s’inviter dans les foyers, toutes générations confondues. Il s’agissait de trouver de nouveaux moyens de communication pour entretenir le lien social, s’informer, se divertir. Mais malgré une médiatisation accrue des sujets liés à la cybersécurité, ou aux malwares ciblant les particuliers comme les entreprises, la culture du numérique n’est pas encore ancrée. Face à l’opportunisme grandissant des cybercriminels, comment protéger les individus afin qu’ils profitent des nouvelles technologies sans risque ?

Pandémie : à l’heure de la transformation numérique universelle…

Garder le contact avec ses proches, créer de nouveaux liens via les réseaux sociaux… avant, pendant et après la crise, tout le monde ou presque a utilisé le numérique, et notamment les réseaux sociaux, pour garder un ancrage dans la réalité. Certains gestes du quotidien se sont également "virtualisés" : faire ses courses, lire un journal, suivre un cours de gym, prendre un verre avec des amis, souffler ses bougies d’anniversaire, etc.  Cette mutation vers le "tout-numérique" se poursuit encore aujourd’hui, car nombreux sont ceux à conserver ces pratiques au quotidien, par souci d’économie, par peur du virus ou simplement pour gagner du temps. Vient le temps de s’interroger : le monde n’aurait-il pas effectué sa transformation digitale ? Ce terme bien souvent associé au développement des entreprises a une forte résonance avec la période que nous vivons. Toutefois, si cette évolution a de nombreux points positifs, en aidant chacun à mieux vivre son quotidien, la méconnaissance des risques inhérents à cette nouvelle maturité numérique peut exposer dangereusement les données personnelles des individus.

Pour jouer "la sécurité", il faut avoir toutes les cartes en main !

La détresse ambiante, caractéristique de la pandémie, a provoqué une absence de méfiance chez les individus, plus enclins à se rendre sur des sites et applications non vérifiés, pour consulter des informations, participer à des vidéo-conférences, télécharger des contenus etc. Dès les premiers jours du confinement, les téléchargements d’applications de messagerie ont bondi : d’après une étude de la plateforme Statista, du 16 au 23 mars 2020, Whatsapp a été téléchargé près de 382 000 fois via le Play Store, et l’application concurrente Discord près de 187 000 fois sur l’App Store. Pour ce type de solutions, comme pour les places de marché et services de commande à distance, l’empressement a pris le pas sur la précaution.

Internet s’est retrouvé au centre de l’activité des foyers. Il s’est transformé en instance socialisatrice à part entière et est devenu par exemple le théâtre de nouvelles rencontres, synonyme de nouveaux risques. Selon une étude société[1] réalisée au printemps dernier, les réseaux sociaux, les blogs, les forums de discussion et même les jeux vidéo sont de véritables tiers lieux favorisant les rencontres, les interactions et voire même les relations plus durables, amicales comme amoureuses. Plus d’un tiers des Français partagent en effet l’idée qu’il est plus simple de rencontrer des amis en ligne qu’en réalité. Et notamment chez les publics les plus jeunes (18-35 ans), en pleine recherche identitaire et toujours en quête de nouvelles rencontres. Selon une étude récente elle aussi[2], on recense 3,81 milliards d’utilisateurs des réseaux sociaux soit 49% de la population mondiale. Un chiffre en forte progression (+10,5% au cours des 12 derniers mois[3]) qui dénote un besoin croissant de se (re)connecter aux autres, et aussi, peut-être, de sortir du quotidien, de se réfugier dans sa "bulle performative"[4].

Une vigilance accrue est nécessaire

Le manque de vigilance, associé à un égocentrisme souvent exacerbé, a pu conduire certaines personnes à exposer leur vie privée, à communiquer des informations personnelles sensibles voire même à s’isoler du monde réel. Les risques liés à l’addiction au numérique sont ainsi nombreux et couvrent plusieurs périmètres, allant des problématiques de protection des données personnelles jusqu’aux troubles comportementaux.

Face aux nombreux dangers sous-jacents à une utilisation non maîtrisée du numérique, plusieurs acteurs, publics et privés, se sont unis pour lancer plusieurs initiatives, comme la Coalition contre les Stalkerwares ou le programme Cybermalveillance.gouv, pour lutter contre toute forme d’atteinte à la personne, morale ou physique, via le numérique. Sans un éveil aux risques cybers et aux dangers existants sur Internet, tout un chacun peut un jour être la cible d’un cybercriminel, d’une campagne locale d’attaque ou d’une personne malveillante.

Pour construire un monde numérique plus sûr, la collaboration entre les Etats, les entreprises, les organismes de protection, les associations de défense des droits est essentielle. Le monde numérique est une formidable opportunité pour quiconque en connaît les failles et sait comment y faire face. Pourtant, ce monde virtuel ne comporte pas moins de risques que le monde réel, et l’impression de distanciation, n’existe pas complètement. A chacun de rester vigilant, pour laisser le foyer à l’abri des intrusions malveillantes.

[1] Kaspersky, Etude Find Your Tribe – Staying Connected to Combat Loneliness, Juin 2020

[2] We Are Social et Hootsuite, Rapport Global Digital Report 2020, Juillet 2020

[3] We Are Social et Hootsuite, Rapport Global Digital Report 2020, Juillet 2020

[4] Castelain-Meunier, Christine. "Le téléphone portable des étudiants. Un outil d'intimité paradoxale", Réseaux, vol. no 116, no. 6, 2002, pp. 229-255.