Candidat(e)s : serez-vous à la hauteur du numérique de demain ?
À l'heure du lancement officiel du marathon présidentiel, le sujet de la gouvernance du monde du numérique semble au regard des informations disponibles, peu présent dans les programmes.
Le numérique fait pourtant partie des défis majeurs de demain aux côtés de l’écologie. Il doit par conséquent être intégré et traité au sein des programmes de manière transverse. Candidat(e)s, ne négligez pas le numérique dans vos ambitions de la France de demain !
L’accès au numérique (ainsi qu’aux services essentiels administratifs comme impôt.gouv, ants.gouv, ameli, etc.), le respect de nos libertés fondamentales, l’égalité des chances, la création des emplois de demain, la sensibilisation des jeunes générations aux langages de programmation dès le plus jeune âge, et enfin, notre indépendance et notre résilience au niveau national, sont autant de thématiques cruciales qui concernent aujourd’hui les Français. Les citoyens sont en droit d’interroger les candidat(e)s sur ces grands axes, de chercher à comprendre les ambitions et les mesures qui en découlent, afin d’apercevoir ce qui les attend durant le prochain quinquennat. Des réponses restent à apporter en termes de marché, de régulation économique et de politique industrielle, d’approche juridique et de protection des données. Aujourd’hui, il s’agit d’aller plus loin : les candidat(e)s doivent partager leur vision concernant la souveraineté numérique et notre autonomie dans le futur.
Souveraineté, sécurité et numérique : enjeux du prochain quinquennat
Il est difficile de savoir sur ces sujets, si les candidats obéissent à des différenciations profondes liées aux conventions de chaque partis politiques ou s’ils considèrent véritablement l’axe de la souveraineté nationale comme une problématique clé des cinq prochaines années.
Nous sommes à l’heure actuelle dans une situation d’ultra-dépendance auprès des GAFAM et des BATX[1]. Cette dépendance n’est pas sans risque, comme nous le constatons par exemple aujourd’hui avec notre dépendance énergétique et les impacts que cela peut avoir dans le cadre de nos sanctions contre la Russie. Pourtant, le Président Emmanuel Macron a souligné dans son discours du 2 mars 2022 ce besoin pressant d’indépendance, « Nous ne pouvons plus dépendre des autres pour nous nourrir, nous soigner, nous informer, nous financer. Nous devons promouvoir un modèle économique fondé sur l’indépendance et le progrès. Nous ne pouvons plus dépendre des autres, notamment du gaz russe. Je défendrai une stratégie d’indépendance énergétique européenne ».
Chacune des récentes crises, nous a apporté son lot de questionnements sur notre capacité de résilience - en équipements de santé avec la Covid19, plan de continuité d’activité du numérique avec le télétravail, ou énergétique avec les sanctions contre la Russie. En conséquence du poids et de la criticité du numérique, la question de l’accès à cette ressource au même titre que l’eau ou l’énergie, est en suspens. Notre capacité à être résilient et à protéger notre tissu économique (en particulier les PME, les ETI et les collectivités locales) et nos Organisations d’Importances Vitales[2] contre les risques d’attaques informatiques, dans un contexte géopolitique tendu, font d’ailleurs partie des problématiques à adresser. Alors, au-delà des clivages idéologiques et/ou politiques, le numérique doit être au cœur des nouveaux enjeux de notre décennie en termes d’indépendance, d’autonomie, de souveraineté, d’industrialisation, de croissance, d’emploi, de formation et de droits des peuples.
La France doit mener une politique ambitieuse pour soutenir le numérique
Nous avons besoin d’une réelle ambition pour l’industrie du numérique. La politique souhaitée par les candidat(e)s – et par extension par le ou la future chef d’État, devra non seulement être reconnue dans le monde pour son innovation technologique mais surtout pour sa conformité à nos valeurs démocratiques et culturelles dans l’espace numérique. Nous avons les bases et l’écosystème pour y parvenir, soutenus récemment par la création du Campus Cyber. Cependant, nous devons nous donner les moyens de cette ambition. Il est par exemple de notre responsabilité de faire grandir les champions français exportateurs qui, par le biais de la commande publique ou d’incitations, s’appuient sur un marché intérieur fort et captif. Pour plus d’équité dans notre espace numérique, nous avons besoin d’y préserver la cyber-résilience et la vie privée.
Doter la France d’un appareil étatique en ligne avec son ambition, d’un ministère du numérique et de la cybersécurité rattaché au plus haut niveau, avec des services et des ressources suffisantes pour ouvrir l’accès au numérique de confiance pour tous, devraient figurer parmi les priorités du prochain quinquennat. Candidates et candidats, à l’aube des élections présidentielles de 2022, pensez à intégrer le numérique et la cybersécurité au cœur de vos programmes. La cybersécurité pour tous est la stratégie des dirigeants de demain, pour bâtir un socle numérique de confiance plus éthique et plus responsable au bénéfice du plus grand nombre !
[1] BATX est un acronyme pour Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi, les quatre plus grandes entreprises technologiques en Chine.
[2] Hôpitaux, énergie, transports, assurance etc.