Sécuriser la frontière numérique en exploitant la réserve croissante de talents de l'UE
Face à la multiplication des cyberattaques, l'amélioration de la cyber-résilience est devenue une priorité pour répondre aux préoccupations urgentes en matière de sécurité des données.
Avec l’avènement de nouvelles technologies telles que l’IA générative, la protection du monde numérique repasse au premier plan des priorités en matière de sécurité, tant pour les entreprises que pour les gouvernements. En effet, l'amélioration des compétences des hackers grâce à ces outils a rendu la lutte contre la cybercriminalité plus difficile. En janvier 2024, plus de 2,1 milliards de données ont déjà été compromises lors de 113 incidents rendus publics dans l'Union européenne, selon l’étude d’IT Governance. Ce chiffre est inquiétant si on le compare à la moyenne mensuelle des enregistrements de vols de données au cours du quatrième trimestre 2023, soit plus de 78 millions.
Face à la multiplication des cyberattaques, l'amélioration de la cyber-résilience est devenue une priorité pour répondre aux préoccupations urgentes en matière de sécurité des données. Cela commence par une meilleure formation et sensibilisation aux cybermenaces, permettant à l'UE de disposer des talents et de la préparation nécessaires pour faire face aux risques en ligne. Selon une étude de la Clark School de l'université du Maryland, il y a 2 200 cyberattaques par jour dans le monde, ce qui équivaut à une attaque toutes les 39 secondes en moyenne. Cette montée en puissance s'explique en partie par l’exploitation accrue des outils de collaboration à distance par les cybercriminels. Si l'Union européenne est dans une position avantageuse pour répondre à ces enjeux en raison de son large vivier de talents et des réglementations en place, il est important que ses pays membres continuent d’investir dans la formation de nouveaux talents en la matière et les initiatives en cybersécurité.
La disponibilité des talents s'avère vitale pour la protection contre les cyberattaques
Au cours des quatre prochaines années, Statista prévoit que les coûts mondiaux de la cybercriminalité augmenteront de 23 % par an, pour atteindre environ 22,16 milliards d'euros par an d'ici à 2027. Les pays de l'UE ont donc tout intérêt à investir dans l'amélioration de leurs défenses en matière de cybersécurité. Parmi ses pays membres, l’écosystème irlandais se démarque avec plus de 500 entreprises dans le secteur de la cybersécurité. L’initiative Skillnet Ireland, notamment, s'engage à accroître la compétitivité, la productivité et l'innovation des entreprises opérant au sein du pays, par le biais d'un développement de la main-d'œuvre mené par l'entreprise. L'agence gouvernementale propose des modules axés sur l'industrie et même des diplômes de licence et de maîtrise pour promouvoir le perfectionnement. Elle alloue également des fonds aux entreprises pour qu'elles puissent offrir des formations subventionnées à leurs équipes.
Renforcer l'écosystème par des initiatives en matière de cybersécurité
De l'autre côté de la mer Celtique, la France s'est par ailleurs engagée à développer la filière. Son agence spécialisée en cybersécurité, l'ANSSI, a contribué à en faire l'un des quinze pays les mieux préparés aux cyberattaques dans le monde selon le National Cyber Security Index (NCSI), ainsi que le troisième pays au monde le plus engagé en faveur de la cybersécurité selon le Global Cybersecurity Index (GCI). S’il peut s'avérer difficile de trouver les talents nécessaires pour créer des cyberdéfenses solides, le gouvernement français a pris des mesures proactives en dévoilant une stratégie nationale globale de cybersécurité pour 2023. Cette initiative, soutenue par un budget substantiel d'un milliard d'euros, est destinée à diverses initiatives pour renforcer le secteur. Elle inclut notamment la création d'un établissement de formation, dédié à former une nouvelle génération d'experts en cybersécurité, et prévoit l’implantation de centres régionaux de réponse aux incidents cybernétiques. Ces centres joueront un rôle essentiel en fournissant un soutien, des conseils et des connaissances inestimables en cas de cyberattaque, renforçant ainsi la résilience de la France face aux cybermenaces.
L'UE est bien positionnée pour réaliser des avancées significatives en matière de développement de solutions de cybersécurité, grâce aux connaissances de ses experts dans ses pays membres et aux idées innovantes de sa nouvelle génération de talents prêts à être recrutés. Avec les secteurs les plus touchés l'année dernière étant l'éducation, le gouvernement et les organismes de santé, il devient crucial de protéger les données des élus, des citoyens et des entreprises à tous les niveaux. Face au caractère sensible des informations dans ces filières où les enjeux sont si importants, il n'est pas surprenant que les gouvernements et les entreprises soient plus que désireux d'investir dans leurs défenses en matière de cybersécurité.