La sécurité applicative comme indicateur de la performance des organisations

Freinés par des processus inefficaces, les développeurs perdent du temps sur les failles. Intégrer la sécurité dès la conception permet un code performant et innovant pour l'organisation.

Les équipes de développement doivent livrer des applications performantes dans des délais toujours plus courts, mais les corrections de sécurité ralentissent souvent leur travail. Avec des processus mal adaptés, elles passent plus de temps à gérer les failles et autres vulnérabilités qu'à innover. Pourtant, la sécurité est un véritable moteur d'innovation. En l'intégrant dès la conception, les développeurs vont être capables de produire un code sécurisé naturellement et qui participe à la performance globale de l’organisation.

En 2022, Amazon a corrigé une vulnérabilité critique dans l’application Android Ring dédiée à sa gamme de produits de sécurité connectés, tels que des caméras de surveillance et sonnettes vidéo intelligentes. Cette faille pouvait permettre à un attaquant de prendre le contrôle de l'application pour accéder à des vidéos, des données de géolocalisation et des informations sensibles et aurait pu être exploitée pour rechercher des images spécifiques, comme celles d’un coffre-fort ou, pire encore, des enfants isolés chez eux. Heureusement, les chercheurs en sécurité l’ont identifiée à temps, empêchant tout usage malveillant.

Malheureusement, des incidents de ce type sont fréquents dans l’actualité. L’intense pression pour délivrer rapidement de nouveaux produits et fonctionnalités sur le marché force souvent les développeurs à des compromis difficiles comme publier du code potentiellement vulnérable pour respecter des délais commerciaux, fonctionnels ou liés à la sécurité. Parfois, les équipes pensent que les vulnérabilités ne sont pas critiques, ou espèrent qu'elles seront corrigées lors d'une mise à jour ultérieure, exposant néanmoins les applications à des risques non négligeables.

De plus, pour répondre à la demande de cycles de développement (SDLC) toujours plus courts, les développeurs travaillent dans un processus continu de création et de correction. Devoir interrompre ce flux pour traiter des vulnérabilités perturbe leur rythme et freine l'innovation. Cela les place face à un dilemme : doivent-ils sacrifier la rapidité au profit de la sécurité, avec la tendance générale aux faux positifs ?

La sécurité comme mesure de performance

Les développeurs souhaitent une sécurité intégrée directement à leurs workflows, sans nuire à la rapidité ni à l'agilité du développement. La sécurité du code en elle-même doit servir comme un véritable indicateur de performance : une faille si elle intervient peut empêcher l'application de remplir sa mission, entraînant des pertes de revenus et une détérioration de l'image ou de la réputation de l'entreprise. En sensibilisant les équipes de développement, la sécurité peut être perçue comme un facteur essentiel de réussite sur le long terme. 

Parallèlement, il est impératif que les processus de sécurité soient conçus en tenant compte de l'importance de la vitesse de développement. C’est à dire accompagner les développeurs dans la livraison rapide de code sécurisé, tout en respectant des normes raisonnables. Si le zéro vulnérabilité est rarement atteignable, les équipes dédiées à la sécurité et les développeurs doivent collaborer pour identifier et prioriser les correctifs les plus critiques. Intégrer la sécurité applicative dans le cycle de vie du développement (SDLC) en adoptant un modèle DevSecOps nécessite donc une coopération harmonisée pour garantir la production d'un code sécurisé et performant mais repose cependant sur des transformations culturelles et techniques profondes.

Les meilleures pratiques et l'automatisation, essentielles à la mise en œuvre du codage sécurisé

Si les bonnes pratiques de codage sécurisé doivent s’intégrer naturellement dans les flux de travail des développeurs, l’entreprise doit commencer par les former à bien identifier et corriger les vulnérabilités dans le code.

De même, l'automatisation joue un rôle clé en allégeant la charge de travail. Intégrer des analyses de sécurité automatisées dans le pipeline CI/CD va permettre de détecter les vulnérabilités plus tôt dans le cycle de développement. Ces analyses peuvent être adaptées aux besoins spécifiques de chaque application, en ciblant les priorités selon l'importance des projets. De plus, l'automatisation simplifie la prise de décision : à mesure que le code évolue, elle valide les déploiements selon des critères prédéfinis, limitant les interventions humaines tout en garantissant le respect des normes de sécurité.

Comment alors garantir une sécurité applicative efficace sans freiner la vitesse ni l’innovation ? La réponse réside dans une approche collaborative et intégrée : encourager les équipes à adopter des pratiques de codage sécurisé et intégrer la sécurité dès les premières étapes du cycle de développement (SDLC). Cela nécessite une évolution des mentalités et des outils, pour simplifier les processus et minimiser l’impact sur les délais de production. En agissant ainsi, les équipes pourront développer rapidement des applications à la fois performantes et sécurisées, offrant ainsi un avantage concurrentiel important à leur entreprise à l’heure où la sécurité des données est une priorité.