Réduire le risque humain : une responsabilité sociétale des entreprises en 2025
La cybersécurité s'est longtemps concentrée sur la protection des systèmes et des données, mais le facteur humain représente désormais une vulnérabilité croissante pour la sécurité des entreprises.
En effet, le personnel des entreprises représente la dernière ligne de défense mais aussi, malheureusement souvent mais rarement de façon voulue, le facteur de risque le plus élevé.
Les entreprises prennent progressivement conscience de l’importance d’intégrer la gestion du risque humain dans leur stratégie globale de cybersécurité. Car les failles de sécurité peuvent nuire à la réputation de l’organisation, compromettre la protection des données des parties prenantes et augmenter l’empreinte écologique des infrastructures IT. Cependant, il est essentiel d’accélérer la démarche. En 2025, sécuriser l’élément humain doit ainsi devenir une responsabilité stratégique pour toutes les entreprises françaises.
Une menace de plus en plus orientée sur l’humain
Les cyberattaques exploitant les erreurs humaines se multiplient. En France, le phishing restait la principale menace cyber pour toutes les catégories de publics en 2023 selon Cybermalveillance.gouv.fr : l’institution a ainsi recensé 1,5 million de consultations des contenus sur les principales formes de phishing. Ces attaques aboutissent très souvent à des pertes financières ou à des fuites de données sensibles. Le facteur humain est ainsi devenu le point d’entrée privilégié pour les cybercriminels, notamment via des attaques de phishing et de spear-phishing, qui exploitent des techniques d’ingénierie sociale pour tromper les employés et pénétrer les réseaux des entreprises. Les attaquants améliorent par exemple leurs méthodes avec l'aide de nouvelles technologies d'intelligence artificielle (IA). Elles aident les cybercriminels à atteindre leurs fins, par exemple en rendant leurs attaques de phishing plus crédibles, par l'automatisation du “social engineering”.
Les erreurs humaines, tels que le clic sur un lien malveillant ou le partage de mots de passe faibles, sont désormais reconnues comme l’un des principaux vecteurs de réussite des cyberattaques. Selon le rapport « Threat Intelligence » de Mimecast, l’utilisation de liens malveillants a bondi de 133 % au cours du premier trimestre de 2024 et de 53 % au cours du deuxième trimestre, par rapport à la même période en 2023. Face à cette tendance, sécuriser l’élément humain devient un impératif stratégique pour limiter les vulnérabilités.
La responsabilité des entreprises : au-delà de la technologie, intégrer le risque humain
Pour répondre efficacement à ces défis, les entreprises doivent aller au-delà des solutions technologiques classiques et intégrer le risque humain dans leur stratégie de sécurité globale. Il est ainsi crucial pour les entreprises de ne pas reléguer la cybersécurité à une simple question technologique, mais d’en faire un enjeu collectif. La cybersécurité doit désormais reposer sur la vigilance et la responsabilité partagée de chaque collaborateur. En pratique, cela signifie renforcer la sensibilisation, la formation et l'engagement des collaborateurs dans la protection des données et des systèmes de l'entreprise. Les outils de détection et de prévention, bien que indispensables, doivent donc être accompagnés d’une culture de la sécurité, où chaque employé devient un acteur vigilant de la cybersécurité.
Former et responsabiliser pour une résilience collective
Pour créer cette vigilance individuelle, la formation et la responsabilisation sont des leviers essentiels. Les sessions de sensibilisation ponctuelles ou les modules de formation standards ne suffisent plus : il est désormais impératif de proposer une formation continue, basée sur les statistiques réelles des attaques dont le personnel est la cible.
Cette approche non simulée permet de tester et renforcer la vigilance des collaborateurs face aux menaces réelles.
Les entreprises doivent également adopter des pratiques transparentes et ouvertes autour des incidents de sécurité, afin que les collaborateurs se sentent libres de signaler toute tentative d’hameçonnage ou tout comportement suspect, sans craindre de réprimandes. Des initiatives de reconnaissance des bonnes pratiques en cybersécurité peuvent aussi motiver les équipes à adopter des comportements plus sécurisés.
Un impératif stratégique pour les dirigeants
Dans un monde où les cybermenaces sont en perpétuelle évolution, les dirigeants d’entreprise doivent intégrer la cybersécurité humaine dans leur gouvernance d'entreprise. La responsabilité des équipes dirigeantes va bien au-delà de la sécurité technique des systèmes : elle englobe la promotion d’une culture de sécurité partagée, où chaque employé prend conscience de son rôle et de sa responsabilité.
L’avenir de la sécurité des entreprises repose ainsi sur une approche collaborative, où les technologies avancées soutiennent la formation et l’engagement humain. La protection de l’élément humain ne peut être déléguée : elle fait partie intégrante des valeurs et des responsabilités d’une entreprise moderne. En intégrant la gestion du risque humain dans leur stratégie de cybersécurité, les entreprises françaises renforcent leur résilience face aux défis de demain.