Gestion des risques fournisseurs : pourquoi automatiser ne suffit plus

Face à la montée des risques externes, seules les entreprises capables d'exploiter intelligemment les données fournisseurs sécuriseront durablement leur chaîne de valeur.

À mesure que les entreprises se sont mondialisées, digitalisées et externalisées, leur exposition aux risques s’est déplacée. Ce ne sont plus les murs internes qui vacillent, ce sont les fondations externes. La fragilité se loge aujourd’hui chez le partenaire commercial, le sous-traitant, le fournisseur lointain mais essentiel.

Et la réalité, c’est que beaucoup d’entreprises pilotent cette partie critique de leur chaîne de valeur avec des outils d’un autre temps.

Travail dissimulé, non-respect du devoir de vigilance, critères ESG non tenus, documents obsolètes… Les zones d’ombre se multiplient. Pourtant, les obligations se durcissent : CSRD, DORA, loi Sapin II, cybersécurité, normes sectorielles. La gestion des risques fournisseurs n’est plus un chantier annexe. Elle devient centrale.

Mais sur le terrain ? Des validations par email. Des fichiers Excel orphelins. Des relances manuelles. Des plateformes standardisées qui fonctionnent avec des logiques "si-alors", là où il faudrait des raisonnements "ça dépend".

Ce n’est plus un problème d’automatisation. C’est un problème de spécificité.

Collecter pour mieux exploiter

Le réflexe face à la pression réglementaire est souvent le même : demander plus, collecter plus, centraliser plus. Et espérer que ce “plus” protège.

Selon une étude menée par Salesforce en 2023, 67 % des dirigeants d’entreprise ne s’appuient pas sur les données collectées auprès des fournisseurs.

On accumule des formulaires, on coche des cases, on archive des PDF. On demande à un fournisseur s’il a une politique anti-corruption, on se contente d’un “oui”. Et on passe à autre chose.

Le document est bien là, ouvert, parfois parcouru… Mais rarement analysé en profondeur. Le contenu, lui, reste souvent lettre morte. Ce n’est pas par négligence, mais par manque de temps, d’outils, de méthode. Alors on recopie à la main les éléments visibles, ligne par ligne, champ par champ. Mais du coup quoi ?

Du coup, double saisie, double friction et perte d’information.

La clé aujourd’hui, ce n’est plus de collecter. C’est de comprendre. De filtrer. D’exiger des preuves tangibles, contextualisées. Et de les analyser, vraiment, pour orienter les prises de décisions ou mesures actionnables.

Un pilotage fondé sur l'intelligence contextuelle

Un dispositif de gestion des risques efficace ne se limite pas à réceptionner des documents. Il s’appuie sur une infrastructure outillée, plateformes, moteurs d’analyse, référentiels partagés, pour aller plus loin : lire les contenus, en extraire les données clés, détecter les incohérences, croiser les informations avec les exigences internes et réglementaires.

Ce n’est pas un fichier qu’on valide, c’est un contexte qu’on comprend.

Dans cette chaîne, chaque outil joue un rôle spécifique. Des briques comme Provigis en sont le socle documentaire : elles rendent visibles les zones d’ombre, fiabilisent les données, et alimentent l’intelligence globale du dispositif.

Et surtout, il sait faire la différence entre un fournisseur critique et un partenaire périphérique, en fonction des spécificités, des besoins et des exigences de chaque donneur d’ordres. Il ajuste le niveau d’exigence. Il pense comme un acheteur, un directeur IT, un daf ou même comme un juriste, pas comme un robot.

Moins de demandes, plus de fluidité

Autre point aveugle : les fournisseurs eux-mêmes. On leur demande, parfois plusieurs fois par mois, les mêmes documents. Avec des formats différents. Des plateformes différentes. Des deadlines différentes. Résultat : saturation. Mauvaises données. Mauvaises décisions.

Alors que la solution existe : la mutualisation.

Un document, un dépôt, un accès partagé, avec le consentement du fournisseur. Plus besoin de redemander ce qui a déjà été contrôlé. C’est ce qu’on appelle la sollicitation unique. Un principe de bon sens, encore trop peu appliqué.

Certaines entreprises y voient une perte de contrôle. En réalité, c’est l’inverse. Ce sont celles qui mutualisent qui reprennent la main. Sur la qualité, sur la traçabilité, sur la confiance.

Trouver l’équilibre : standardisation ou spécificité ?

Et puis il y a le dilemme classique : standard ou spécifique ?

Les solutions standardisées sont rassurantes. Moins chères, plus rapides à déployer. Mais elles s’arrêtent là. Dès qu’un besoin sort du cadre, elles s’effondrent.

Aujourd’hui, les approches spécifiques sont quant à elles plus précises adaptables, pérenne mais très cher. Beaucoup plus. Des solutions hybrides existent qui permettent de développer un modèle d’industrialisation intelligent intégrant les spécificités au meilleur coût.

Il ne s’agit pas de choisir entre les deux. Il s’agit de calibrer. D’arbitrer intelligemment. De ne pas payer pour des données inutiles. De ne pas sous-investir là où le risque est majeur.

Ce que tout cela exige, c’est un changement de regard.

Sortir d’une logique de contrôle administratif. Entrer dans une logique de maîtrise active. Moins de formulaires génériques, plus de formulaires intelligents. Moins de silos, plus de circulation d’information. Moins de rigidité, plus d’adaptation au contexte.

Ceux qui réussiront ne seront pas ceux qui collectent le plus. Mais ceux qui collectent exploitent mieux. Ceux qui transforment leurs flux documentaires en capital décisionnel.

La technologie est prête. Les cas d’usage sont clairs. Les plateformes existent.

Reste une question : combien de temps peut-on encore se permettre de faire semblant de contrôler ses risques fournisseurs, quand on se contente d’empiler, dans un cloud, des documents et données censées prouver la fiabilité de sa chaîne de valeur nécessaire pour assurer la résilience de son entreprise et sa pérennité. Sans jamais vraiment les lire, les croiser, les mutualiser ou les exploiter.