Cinq idées reçues sur les métiers de la cybersécurité
Derrière les clichés du hacker surdoué, la cybersécurité révèle une tout autre réalité.
Hacker surdoué, ingénieur monolithique ou carrière toute tracée : les métiers de la cybersécurité restent entourés de clichés. Or, derrière ces représentations se cache une réalité bien différente, faite de diversité, de coopération et de créativité.
1. « Un métier réservé aux geeks »
FAUX
Dans l’imaginaire collectif, le professionnel de la cybersécurité serait avant tout un technicien hors pair, plongé dans des lignes de code à longueur de journée. Les nombreuses offres d’emploi à l’intitulé générique d’« ingénieur cyber » renforcent ce stéréotype, comme s’il n’existait qu’un seul métier. C’est une vision très réductrice. Si les métiers techniques existent bel et bien, une large part du secteur concerne aussi la gouvernance, la gestion de crise, la conformité réglementaire ou encore la sensibilisation des collaborateurs. Des juristes, des communicants ou des spécialistes en sciences sociales apportent eux aussi une contribution essentielle à la sécurité numérique des organisations.
2. « Le métier solitaire de celui qui dit non »
FAUX
On imagine encore le cyber-expert isolé derrière ses écrans, condamné à bloquer les projets des autres en se réfugiant derrière un jargon technique incompréhensible. Cette double caricature est trompeuse. D’abord parce que la cybersécurité est un travail collectif : une bonne partie du temps est consacrée à expliquer, convaincre et négocier. Les professionnels interagissent avec les directions métiers, les prestataires, les régulateurs et parfois même les forces de l’ordre. Ensuite parce que le métier consiste aussi à innover. Tests d’intrusion, simulations d’attaques, veille technologique, conception de nouvelles solutions : les activités sont variées, stimulantes et en perpétuelle évolution.
3. « Il faut être un hacker de génie pour réussir »
FAUX
Le cinéma et certaines représentations populaires entretiennent l’idée qu’il faut être un prodige du piratage pour réussir en cybersécurité, et que le test d’intrusion est le métier phare du secteur. La réalité est toute autre. Le pentest ne représente qu’une niche très spécifique, extrêmement sélective : les sociétés spécialisées recrutent une poignée de candidats parmi des centaines, à l’issue d’épreuves techniques exigeantes. Comme dans le sport de haut niveau, il y a beaucoup d’appelés, mais très peu d’élus. Ce qui compte réellement, c’est la curiosité, la rigueur et la capacité à apprendre vite, pas d’avoir piraté la NASA à 15 ans. Pour les passionnés, mieux vaut parfois garder le pentest comme activité complémentaire plutôt que de tout miser dessus.
4. « Une carrière facile, bien payée et toute tracée »
VRAI ET FAUX
L’image d’Épinal voudrait qu’il suffise de décrocher un diplôme en cybersécurité pour obtenir un premier emploi sans difficulté, toucher un salaire à six chiffres et dérouler ensuite une carrière linéaire. La réalité est plus nuancée. Les salaires d’entrée après un Bac+5 se situent autour de 40.000 € annuels. Les rémunérations varient selon le secteur, la taille de l’entreprise et l’expérience, et les progressions se construisent pas à pas. L’accès au premier poste reste souvent le défi majeur, les entreprises privilégiant des profils ayant déjà trois à cinq ans d’expérience. Ensuite, les évolutions peuvent être rapides, mais à condition d’avoir fait ses preuves. Enfin, il n’existe pas de voie royale : la cybersécurité exige un apprentissage continu, une capacité d’adaptation permanente et une curiosité sans cesse renouvelée. C’est une carrière d’opportunités, certes, mais jamais un long fleuve tranquille.
5. « C’est réservé aux grandes entreprises »
FAUX
Banques, ministères, grands groupes technologiques… longtemps, la cybersécurité a été associée aux mastodontes. Mais l’essor du numérique a changé la donne. Désormais, hôpitaux, PME, collectivités et même associations sont concernés. Chaque structure est devenue une cible potentielle. Les demandes émanent de toutes tailles d’organisations, y compris des TPE. Aucune structure n’échappe aujourd’hui à l’impératif de sécuriser ses systèmes et ses données.
Derrière ces idées reçues, la cybersécurité se révèle comme un champ de métiers stratégique, pluridisciplinaire et profondément humain. C’est un secteur qui attire, qui recrute et qui innove, mais où il faut aussi faire ses preuves, cultiver sa curiosité et accepter que la progression se construise dans la durée. Plus largement, la cybersécurité est devenue un enjeu collectif : protéger nos données, nos entreprises et nos institutions. Une réalité bien plus stimulante que les clichés.