Les réglementations en cybersécurité, une mine d'or… à condition de savoir les utiliser à bon escient
Que se passerait-il si les entreprises utilisaient les frameworks de conformité pour stimuler l'innovation, se développer sur de nouveaux marchés et obtenir un avantage concurrentiel ?
Entre l’évolution des cybermenaces, les changements de réglementations et l’innovation technologique qui se développe à un rythme effréné, les responsables de la sécurité sont constamment mis sous pression. Il n’est pas surprenant que RSSI, DSI et CTO se retrouvent souvent à devoir régler des problèmes émergents au lieu de gérer les risques de manière proactive.
Mais que se passerait-il si les entreprises utilisaient les frameworks de conformité pour stimuler l’innovation, se développer sur de nouveaux marchés et obtenir un avantage concurrentiel ?
De l’importance de s’appuyer sur plusieurs frameworks
Chaque framework est utilisé à des fins différentes permettant de faire correspondre la sécurité aux objectifs des entreprises, de réduire les risques et de renforcer leur crédibilité sur le marché. Par exemple, le framework de cybersécurité du NIST (CSF) fournit une structure stratégique générale pour l’intégration de la sécurité dans la gestion des risques. Il joue un rôle clé dans l’adoption du processus Zero Trust, en aidant les entreprises à passer de simples défenses périmétriques obsolètes à des stratégies de sécurité relatives à l’identité.
De son côté, le framework MITRE ATT&CK propose un modèle basé sur les comportements adverses connus des cybercriminels, ce qui permet aux équipes de sécurité de mieux anticiper et lutter contre l’évolution des cybermenaces. En parallèle, le Cybersecurity Maturity Model Certification (CMMC) dépasse la simple sécurité interne et impose des modèles de maturité dans les chaînes d’approvisionnement. Le CMMC devient peu à peu une norme incontournable concernant l’évaluation de la posture de sécurité des fournisseurs.
Ces frameworks créés à l’origine pour les agences fédérales américaines et les prestataires de défense sont désormais largement adoptés dans les secteurs de la technologie, de la finance, de la santé et des infrastructures critiques. Leur valeur ajoutée réside dans leur capacité à fournir des méthodes structurées et éprouvées, afin de réduire les cyber-risques et de renforcer la posture de sécurité des entreprises.
Le cyber-risque est également devenu un élément central dans la vérification préalable des fusions et acquisitions, de la préparation à l’introduction en bourse et dans les décisions de financement par capital-risque. Une entreprise disposant de faibles contrôles de sécurité présente un risque non seulement pour elle-même, mais aussi pour ses investisseurs et ses acquisitions potentielles. Le fait est que les problèmes de sécurité ont fait échouer des transactions d’importance majeure. Par exemple, en 2018, la société Spirit AeroSystems avait tenté d’acquérir Asco Industries. Après avoir signé la convention d’achat, Asco a découvert qu’elle avait été victime d’une attaque de ransomware à grande échelle qui avait perturbé ses opérations dans plusieurs pays. Cette violation de la sécurité a révélé des failles et des obligations financières qui ont poussé Spirit à se rétracter, forçant Asco à lui verser jusqu’à 150 millions de dollars de dommages-intérêts.
Vers un avenir plus résilient et sécurisé
Aujourd’hui, la cybersécurité, qui était auparavant une obligation de conformité, est devenue un élément essentiel de l’activité de l’entreprise – elle ne consiste plus seulement à protéger les données, mais aussi à gagner la confiance des clients, des investisseurs, des partenaires et des actionnaires. Les organisations qui traitent les frameworks de sécurité comme de simples cases réglementaires à cocher resteront toujours à la traîne, tandis que celles qui considèrent ces frameworks comme des actifs stratégiques gagneront en résilience, en confiance, et favoriseront leur croissance à long terme.
C’est pourquoi de nombreuses entreprises exigent désormais que les fournisseurs s’alignent sur des frameworks tels que le NIST 800-171, l’ISO 27001 ou le CMMC avant de choisir de faire appel à leurs services. Cette exigence n’est pas qu’une simple case à cocher : elle permet d’accélérer les cycles de vente, de s’ouvrir à de nouveaux marchés et de renforcer la sécurité de la chaîne d’approvisionnement. D’ailleurs, la capacité à mesurer et à communiquer les progrès en matière de sécurité grâce à des indicateurs clés de performance constitue un avantage majeur. Des indicateurs tels que le temps moyen de réparation (MTTR), les scores de conformité et les pourcentages de réduction des risques fournissent une preuve concrète de la posture de sécurité d’une entreprise.
Dans le cas des plus petites entreprises, l’adoption de ces frameworks peut être perçue comme un véritable défi. Les budgets limités, le manque d’expertise et la résistance interne à des politiques complexes ralentissent souvent le processus – bien que l’inaction constitue un risque encore plus grand. Heureusement, des stratégies de sécurité évolutives, des partenariats externes et l’adhésion des dirigeants peuvent permettre de combler plus facilement ces lacunes. En définitive, la question n’est pas de savoir si les organisations doivent mettre en œuvre ces frameworks, mais à quelle vitesse elles peuvent les rendre opérationnels pour créer une valeur économique durable.
Ainsi, les dirigeants qui considèrent la sécurité comme un facteur de croissance et non comme un obstacle, pourront ouvrir la voie dans un paysage numérique de plus en plus instable. Une chose est sûre : choisir de renforcer sa résilience dès à présent évite de devoir rattraper le temps perdu plus tard.