No code : quel outil pour quel besoin ?

No code : quel outil pour quel besoin ? De la création d'interface au backend des applications en passant par les outils d'automatisation, à chaque couche logicielle correspond une offre de solutions.

"Parmi les outils de développement sans code (ou no code, ndlr), on distingue plusieurs catégories d'applications, chacune venant répondre à une problématique particulière : création d'applications et d'interfaces graphiques, automatisation ou encore gestion de backend", introduit Louis Adam, fondateur de l'agence française Hyperstack. Certaines offres commencent en parallèle à intégrer toutes ces fonctions, mais comme on va le voir elles sont encore peu nombreuses. D'autres disruptent le marché en intégrant de plus en plus d'IA. Certaines s'articulent même à 100% autour de l'intelligence artificielle générative.

Première catégorie d'outils : les solutions de développement d'applications web. Il s'agit d'outils tels que Glide, Softr, WeWeb ou Bubble. Toutes proposent des environnements pour concevoir graphiquement une application par glisser-déposer de composants. En général, elles fournissent une API pour se connecter à des outils de traitement tiers qui vont venir enrichir l'expérience utilisateur. Certaines intègrerons leur propre base de données. C'est le cas de Glide ou de Bubble. D'autres comme Softr ou WeWeb s'adosseront à des bases tierces.

Aux côtés de cette première catégorie figurent les outils de développement de sites web. Un segment sur lequel se positionnent Webflow, Framer et plus récemment Figma – qui a lancé Figma Site il y a quelques jours.

Ensuite viennent les outils d'automatisation. Dans cette catégorie, on retrouvera des solutions comme Zapier, Make ou n8n. La plus célèbre d'entre elles n'est autre que Zapier. Elle compte plus de 7000 intégrations à son actif. En partant d'une application source, elle définit un déclencheur tel que la réception d'un e-mail ou la publication d'une information (sur le web ou au sein d'un outil tiers), puis spécifie une action, l'envoi d'une alerte à l'utilisateur ou l'incrémentation d'une donnée dans un tableur par exemple. Face à Zapier qui se concentre sur des actions précises, Make et n8n proposent des éditeurs visuels taillés pour décrire des workflows complexes faisant intervenir de multiples logiciels, avec dans leur dernière version l'utilisation de l'IA pour définir la bonne application à utiliser en fonction de la demande.

Au final, le rôle des services d'automatisation est d'orchestrer des workflows faisant intervenir des applications qui ne communiquent pas entre elles nativement. Comment fonctionnent ces outils ? Imaginons un système de CRM. Un nouveau client passera commande via une applications web basée sur Bubble, il sera alors automatiquement inscrit dans Salesforce puis un mail sera envoyé au commercial en charge du marché correspondant.

Enfin, les produits de gestion de backend tels Airtable, Supabase ou Xano viennent compléter l'édifice. Leur mission ? Structurer la donnée de manière visuelle. Le plus populaire d'entre eux est Airtable. Produit hybride, ce dernier ne gère pas seulement des chiffres, mais aussi des dates, des numéros de téléphone, des URLs, des cases à cocher, des photos ou des code-barres. Ce qui en fait un produit potentiellement adapté à un très grand nombre de cas d'usage. Airtable peut être notamment utilisé pour concevoir une base de contacts, un planning éditorial, un calendrier partagé, un catalogue de produits ou encore une revue de code dans le cadre d'un développement d'application.

Face à tous ces acteurs de niche, Microsoft avance ses pions avec Power Platform. Un produit qui est présent à tous les étages avec un grand nombre de modules : Power App cible le développement d'applications, Power Pages la création de sites web, Power Automate l'automatisation, Power BI la gestion et la visualisation de données. Power Platform propose y compris un environnement de développement d'agent, baptisé Power Virtual Agents. Aux côtés de Microsoft, Salesforce propose son propre outil de développement sans code tout-en-un taillé pour sa plateforme de CRM. Sur ce segment des solutions intégrées figure également ServiceNow.

L'IA bouscule les lignes

Microsoft n'est pas le seul acteur du marché à intégrer de l'IA générative à son offre de développement sans code. "Dans le landerneau du no code, un grand nombre d'outils se sont engouffrés dans la brèche", constate Francis Lelong, CEO de l'agence française Alegria.group. Parmi eux, on retrouve l'environnement de collaboration Notion. Mais également Bubble qui propose un chatbot conçu pour générer une application à partir de sa description en langage naturel, sous forme de prompt. Airtable propose une solution équivalente aux côtés d'une myriade de fonctions génératives, de l'analyse de commentaires client, à la rédaction de briefs marketing en passant par la rédaction d'articles de blog, etc.

"Certains produits de développement no code sont aussi conçus à 100% à base d'IA générative", ajoute Francis Lelong qui prend l'exemple du français Krisspy. "Cet outil peut, à partir d'un cahier des charges, générer en sortie des dizaines d'interfaces d'application mobile en quelques minutes. Un travail qui aurait demandé un mois de travail à un développeur traditionnel." Cette solution sera plutôt dédiée à des agences ou des freelances centrés sur des développements complexes.

Krisspy génère le look and feel des interfaces ainsi que le code sous-jacent. Ce dernier sera ensuite récupéré par un développeur qui se chargera de créer le backend de l'application et les liens avec la base de données. "Dans le futur, on va voir apparaître des outils qui descendront de plus en plus profondément dans la logique applicative pour finir par générer l'ensemble de la pile logicielle", anticipe Francis Lelong. Déjà, des environnements comme Lovable, Bolt ou Replit permettent de générer des applications depuis les interfaces jusqu'au backend. "Ils n'aboutissent pas à des produits très complexes, mais ces acteurs montrent bien la direction qu'est en train de prendre le marché. D'ici un à deux ans, on peut imaginer qu'une start-up puisse donner son cahier des charges à une IA qui créera ensuite entièrement l'application souhaitée aussi complexe soit-elle", conclut Francis Lelong.