L'apprentissage continu et l'intelligence artificielle : tendances RH 2024 en France

Les tendances RH 2024 en France annoncent des bouleversements majeurs, après les turbulences et les adaptations forcées de ces dernières années.

Entre la crise sanitaire qui a bousculé les modes de travail et l'accélération de la transformation digitale, les ressources humaines dans l'Hexagone sont confrontées à de nouveaux défis stratégiques. 

De l'adoption croissante de l'intelligence artificielle dans les processus RH à la généralisation du travail hybride, en passant par la nécessité accrue de formation continue et l'amélioration de l'expérience employé, les RH devront composer avec des exigences parfois contradictoires. Elles devront à la fois intégrer les nouvelles technologies tout en préservant la dimension humaine du travail, gagner en agilité opérationnelle tout en renforçant le sentiment d'appartenance, ou encore optimiser les processus RH tout en cultivant le bien-être au travail. Anastasiia Khyzhniak, directrice du développement des talents chez Jooble, examine plus en détail quelques-unes des principales tendances RH qui se profileront en 2024 et impacteront durablement le monde du travail en France.

L'intelligence artificielle transformera le recrutement et d'autres processus RH 

L'adoption de l'IA en 2023 a marqué le début d'une révolution dans diverses professions. Les recruteurs ont déjà activement intégré cette technologie dans leurs routines, l'utilisant pour automatiser la rédaction de textes et l'envoi de communications. Les services des ressources humaines sont également à la recherche de moyens pour simplifier et optimiser certaines parties de leurs processus grâce à l'intelligence artificielle. Il est essentiel de surveiller de près les réglementations mondiales sur l'utilisation de l'IA.
Selon une étude menée par SAP, beaucoup d’entreprises françaises prévoient d'adopter des solutions d'IA dans leurs processus RH sous deux ans. Les chatbots deviendront ainsi capables d'interagir de manière autonome avec les candidats pour répondre à leurs questions, et avec les collaborateurs pour les orienter dans leurs démarches internes.
Parallèlement, l'analyse prédictive des données RH permettra de détecter très en amont les risques de turnover et d'absentéisme. La gestion des talents sera optimisée grâce à des recommandations automatisées de formation et de mobilité interne. Néanmoins, une réglementation stricte sera nécessaire pour encadrer l'utilisation des données personnelles et éviter les biais algorithmiques. Le défi des DRH sera justement de combiner au mieux l'IA et l'humain dans leurs processus.

Le travail hybride se généralisera 

La COVID-19 a induit un changement rapide vers le travail à distance, soulevant des interrogations sur le retour au bureau et la manière de le faire. De plus en plus d'entreprises envisagent le travail hybride comme solution, combinant des interactions en personne au bureau avec la flexibilité du travail à distance. Cependant, cette transition suscite de nombreuses questions sans réponses claires

La mobilité des employés est l'une de ces préoccupations, car les références salariales deviennent plus complexes dans un environnement où les salaires étaient traditionnellement liés au marché local. De plus, il est nécessaire de favoriser l'intégration des collaborateurs issus de diverses cultures tout en assurant une communication efficace malgré les différences culturelles et linguistiques.

La généalisation du travail hybride semble inévitable, avec de nombreuses études montrant que les salariés souhaitent maintenir une certaine forme de télétravail. Les entreprises françaises envisagent donc de manière significative d'adopter ce modèle hybride de travail. Cela entraînera une révision profonde des espaces de travail, de l'organisation des équipes et des pratiques de gestion.

De plus, la localisation géographique des postes de travail perdra de son importance, ouvrant ainsi la porte à un marché du travail plus vaste et diversifié. Les départements des ressources humaines devront faire preuve d'une grande adaptabilité pour relever ce défi de transformation des politiques RH.
Outre, un fait intéressant est que Jooble a récemment mené une enquête dont les résultats ont montré que 78 % des personnes interrogées sont prêtes à passer à une semaine de travail de 4 jours. Parmi les avantages d'une telle routine de la semaine de travail figurent l'équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, la possibilité d'une résolution plus rapide des tâches professionnelles et d'une meilleure discipline personnelle, des horaires plus flexibles, etc. La tendance à modifier le marché du travail en faveur de la vie personnelle n'est pas seulement une tendance, mais une nécessité.

L'apprentissage continu deviendra la norme

Face à l'accélération de l'obsolescence des compétences, la formation continue tout au long de la vie professionnelle s'imposera comme une nécessité incontournable en 2024. D'après une étude Manpowergroup publiée en 2022, 93% des employeurs français comptent renforcer leurs dispositifs de formation continue d'ici à 2025.

Cette évolution se traduira concrètement par une prolifération des plateformes d'e-learning, de MOOC et d'autres modules de micro-learning, facilitant l'acquisition rapide de nouvelles compétences. Les budgets alloués à la formation devraient ainsi connaître une croissance significative.

Cependant, au-delà de ces dispositifs formels, la mission des DRH sera surtout de faire de l'apprentissage continu une partie intégrante de la culture de l'entreprise. Pour ce faire, ils devront mettre en avant les savoir-être tels que la curiosité et le droit à l'erreur, tout en instaurant des mécanismes de transmission des savoir-faire. L'objectif ultime est de bâtir une organisation véritablement apprenante, où chaque collaborateur est un acteur actif de son propre développement professionnel.

Cette approche implique un changement majeur dans le paradigme managérial : il ne s'agit plus de limiter la formation à des périodes spécifiques, mais de constamment stimuler le désir d'amélioration des compétences. Ce défi de taille pour les RH en 2024 reflète la nécessité pour les entreprises de s'adapter à un monde en constante évolution, où l'apprentissage continu est devenu une partie intégrante de leur culture. Cela rendra les employés plus flexibles, ouverts au monde et capables de créer des tendances sur les marchés, plutôt que de simplement réagir aux changements dans l'industrie et dans le monde.

L'expérience employé au cœur de la stratégie RH

L'évolution des pratiques en matière de gestion des ressources humaines s'oriente de plus en plus vers une approche centrée sur l'expérience employé. Cette transition découle de plusieurs constats alarmants, tels que la quête croissante de qualité de vie au travail par les salariés et les menaces de démission qui pèsent sur une partie des actifs français. Face à cette réalité, les directions RH devront repenser leur stratégie pour attirer et fidéliser les talents.

Concrètement, cela impliquera de prendre soin des employés sur les plans physique, mental et émotionnel. Les relations sociales au travail, les possibilités d'épanouissement personnel, et un meilleur équilibre entre la vie professionnelle et la vie privée devront devenir des priorités. Les initiatives visant à favoriser le bien-être au travail, telles que les activités sportives, la méditation, le coaching, et les espaces de détente, se multiplieront probablement.

Toutefois, cette transition ne se limite pas à l'environnement professionnel. On se rend compte de l'importance de considérer l'employé dans sa globalité, en prenant en compte ses expériences personnelles en dehors du travail. En effet, ces expériences ont un impact direct sur sa productivité, son innovation et sa motivation. Ainsi, la vision holistique de la personne au sein de l'entreprise devient essentielle.

En somme, le développement de l'expérience employé (EX) implique de placer l'humain au cœur du travail en prenant en compte son bien-être physique, mental et émotionnel, ainsi que ses expériences en dehors du contexte professionnel. Les DRH devront faire preuve d'inventivité et d'empathie pour relever ce défi et soutenir les initiatives visant à enrichir l'expérience de l'employé dans son ensemble.

Conclusion : les RH face à de nouveaux défis en 2024

En 2024, les ressources humaines devront relever de nombreux défis : intégration de l'IA, généralisation du travail hybride, nécessité de formation continue, amélioration de l'expérience employé. Elles devront conjuguer des impératifs parfois contradictoires : performance et bien-être, nouvelles technologies et relation humaine, optimisation et quête de sens.

Plus que jamais, les RH endosseront un rôle stratégique dans l'accompagnement des transformations du travail. Leur capacité à trouver le juste équilibre entre les attentes des salariés et les besoins des organisations sera déterminante. L'humain restera au cœur de leur mission, même à l'ère de la data et de l'IA.